Coronavirus : l’Institut Pasteur espère un vaccin « début 2021 »
Auditionné au Sénat, le directeur scientifique de l’Institut Pasteur a détaillé des avancées en matière de vaccinologie contre le Covid-19. Les recherches s’orientent notamment autour d’un dérivé du vaccin contre la rougeole.

Coronavirus : l’Institut Pasteur espère un vaccin « début 2021 »

Auditionné au Sénat, le directeur scientifique de l’Institut Pasteur a détaillé des avancées en matière de vaccinologie contre le Covid-19. Les recherches s’orientent notamment autour d’un dérivé du vaccin contre la rougeole.
Public Sénat

Par Fabien Recker

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Un vaccin au printemps 2021 ? C’est en tout cas l’espoir suscité par Christophe D’Enfert, directeur scientifique de l'Institut Pasteur, lors de son audition par la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat.

En matière de vaccins, l’Institut Pasteur développe plusieurs projets, a souligné le chercheur. Le plus avancé se base sur un vaccin déjà existant : celui contre la rougeole, « dont le génome peut être modifié pour permettre l’expression à sa surface de protéines du coronavirus ». En clair, cela consiste à modifier le génome du vaccin contre la rougeole afin qu’il produise une protéine du coronavirus qui permettra de nous en protéger.

Premiers essais cliniques sur l’homme cet été ? 

« Ces projets avancent bien » s’est félicité Christophe D’Enfert. « Aujourd’hui ces stratégies vaccinales sont testées chez l'animal, afin de mettre en évidence l’induction d’une réponse immunitaire, c’est-à-dire la production d'anticorps en réponse au vaccin. En en particulier la production d'anticorps neutralisants, ceux qui bloquent l’infection. » 

« Nous espérons que dans le courant du mois de mai, nous serons en mesure de qualifier ces réponses vaccinales et de décider de nous engager vers des études cliniques chez l’animal et aussi chez l’homme » a poursuivi M. D’Enfert. Le démarrage de cette phase clinique pourrait avoir lieu en juillet. Objectif, avoir un vaccin « au début de l'année prochaine ou courant du premier semestre 2021. »

Quelle durée d’immunité ?

Porté en collaboration avec une entreprise de biotech autrichienne et l’université de Pittsburgh, le projet bénéficie du soutien financier du CEPI, une coalition internationale pour les innovations en matière de préparation face aux épidémies. 

« Nous ne sommes pas en mesure de dire si les vaccins qui seront développés permettront d'assurer une protection sur un, cinq ou dix ans » avertit Christophe D’Enfert. Mais les caractéristiques du vaccin contre la rougeole, qui confère une immunité quasiment à vie, laissent espérer qu’un futur vaccin contre le Covid19 sera aussi robuste. 

Ne pas « rêver à l’immunité collective »

La vaccination sera le moyen de « créer artificiellement notre immunité collective », dans la mesure où celle-ci ne pourra se construire naturellement. Dans une étude rendue publique le 21 avril, l'Institut Pasteur évalue en effet à moins de 6% la part de la population française à avoir été en contact avec le virus. Bien en dessous des 70% nécessaires pour que l’immunité collective soit constituée. 

Le scientifique a rappelé l’importance des gestes barrières et la nécessité du confinement, même si cela pouvait être vécu comme « une injonction contradictoire » avec l’immunité. « Il faut accepter le confinement plutôt que de rêver à l’immunité collective » a-t-il mis en garde, citant l’exemple de la Grande-Bretagne, obligée d’abandonner cette stratégie devant le nombre important de morts.  

« On en apprend tous les jours sur ce virus »

D’autant qu’il n’est toujours pas exclu qu’une personne qui a été infectée, et donc a développé une réponse immunitaire, puisse recontracter le virus. « C’est aujourd’hui une inconnue. En l’absence de certitudes, il est important de dire que la séropositivité n’est pas un indicateur de protection. » « On en apprend tous les jours » sur ce virus a reconnu Christophe D’Enfert. 

Devant les sénateurs, le directeur scientifique de l’Institut Pasteur a également souligné l’importance du financement de la recherche. Pour Laure Darcos, rapporteure de la commission, il faut tirer les enseignements de la crise actuelle. « La France ne consacre que 17% de ses fonds publics de recherche à la recherche biomédicale, contre 50% en Allemagne. Il faut impérativement qu’on remette plus d’argent dans cette recherche biomédicale, car nous allons avoir d’autres virus. »

 

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