Coronavirus: le Parlement adopte le projet de loi d’urgence sanitaire

Coronavirus: le Parlement adopte le projet de loi d’urgence sanitaire

Le Parlement a bouclé dimanche quatre jours de travaux intensifs en comité restreint par l'adoption définitive d'une batterie de...
Public Sénat

Par Véronique MARTINACHE, Charlotte HILL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le Parlement a bouclé dimanche quatre jours de travaux intensifs en comité restreint par l'adoption définitive d'une batterie de mesures face au coronavirus, qui vont déboucher sur l'instauration pour deux mois d'un "état d'urgence sanitaire", régime d'exception.

Après un dernier vote à main levée au Sénat dominé par la droite, l'Assemblée a approuvé à son tour dans la soirée le texte selon les mêmes modalités, dans un hémicycle quasi vide pour raisons sanitaires.

Dans une ambiance "grave", des élus de divers bords ont appelé à l'"unité" et à "la mobilisation générale", alors que le virus a déjà fait plus de 670 morts dans le pays.

Un compromis entre députés et sénateurs avait été dégagé en début d'après-midi, après de longues tractations en commission mixte paritaire (CMP).

Dès sa publication au Journal officiel, la loi va instaurer l'état d'urgence sanitaire, qui encadre la restriction des libertés publiques (confinement, réquisitions...).

Comme en première lecture à la chambre basse, le texte a eu l'appui de la majorité LREM-MoDem, qui a défendu l'octroi au gouvernement de "toutes les armes nécessaires" face à la crise.

Il a aussi eu le soutien de l'UDI-Agir et de LR, le député du groupe de droite Philippe Gosselin estimant que "le gouvernement a désormais toutes les cartes en main" pour "nous préparer à des jours meilleurs".

Le PS s'est pour sa part abstenu, en soulignant toutefois être "très favorable" aux mesures permettant de répondre à l'"exigence absolue" que les Français restent chez eux. Comme au Sénat, le PCF a voté contre, Elsa Faucillon mettant en avant des "inquiétudes" sur les mesures "dites sociales" avec des "dérogations profondes" et potentiellement durables.

Au nom du groupe LFI, Jean-Luc Mélenchon a aussi déploré des mesures "pas à la hauteur de la situation", tout en jugeant le confinement forcé "indispensable". Il a plaidé pour que "le front social" soit "pourvu sans délai" de masques, respirateurs et tests.

- "responsabilité terrible" -

Samedi, le Premier ministre Edouard Philippe avait appelé à une "concorde exceptionnelle", alors que "sur tous les continents, s'installe un sentiment d'urgence et parfois de panique".

Mais plusieurs voix se sont rapidement élevées pour dénoncer un "champ des restrictions des libertés publiques beaucoup trop large" (LFI) et "excessif" (PS), LR soulignant aussi "le pouvoir colossal" accordé au gouvernement et sa "responsabilité terrible".

En face, majorité et exécutif ont mis en avant les "garanties" apportées et le caractère provisoire de ces dispositions pour lutter contre un "virus au comportement incertain".

Députés et sénateurs sont finalement parvenus à un accord dimanche, encadrant davantage les pouvoirs octroyés au gouvernement.

Outre l'"état d'urgence sanitaire", le texte autorise le gouvernement à prendre par ordonnances une série de mesures pour soutenir les entreprises et acte le report "au plus tard au mois de juin 2020" du second tour des municipales.

Les municipales, et en particulier la date de dépôt des listes, ont été un autre point de friction entre Sénat et Assemblée, plusieurs élus jugeant "surréaliste" d'en discuter en longueur en pleine crise.

Députés et sénateurs ont là aussi trouvé un compromis: si les conditions sanitaires le permettent, le dépôt des listes aura lieu le 2 juin en vue du second tour.

Le texte prévoit par ailleurs de durcir les sanctions pour les Français qui ne respecteraient pas le confinement.

Il permet aussi aux employeurs d'imposer une semaine de congés payés aux salariés confinés, mais après un accord d'entreprise ou de branche, ont précisé les députés.

Assemblée et Sénat avaient pour objectif initial de s'accorder d'emblée. Dans une interview au Télégramme dimanche, le président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM) note que malgré les retards, "l’essentiel est que l’état d’urgence sanitaire pourra être promulgué ce lundi".

"Grâce à lui, le gouvernement pourra réagir rapidement aux problèmes qui ne manqueront pas de se présenter chaque jour et qu’aucune loi ne saurait prévoir", relève-t-il.

L'autre texte d'urgence, un projet de loi de finances rectificative (PLFR), pour répondre au "tsunami" économique selon les termes du Premier ministre, avait lui été adopté sans encombres. Il prévoit aussi des mesures en soutien aux entreprises, mais tous les parlementaires ont dans l'idée qu'il en faudra d'autres.

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
7min

Politique

Partage de la dissuasion nucléaire : « Une nouvelle fois, le Président Macron improvise, au détriment de notre crédibilité »

Après un discours particulièrement scruté à la Sorbonne, Emmanuel Macron a répété sa volonté « d’ouvrir le débat » sur la mutualisation des armes nucléaires françaises avec les autres Etats de l’Union européenne. Si le président de la République est resté flou sur ses propositions, ces déclarations ont suscité un rejet quasi unanime au sein de la classe politique française.

Le

Paris : QAG au Senat
5min

Politique

Narcotrafic : « Le garde des Sceaux semble avoir suivi de près nos auditions », note le rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale

Nouveau statut de repenti, nouveau parquet national anticriminalité organisée (PNACO), nouveau crime « d’association de malfaiteurs en bande organisée »… Le garde des Sceaux a annoncé plusieurs pistes pour lutter contre le « haut du spectre » du narcotrafic. Des annonces qui s’inspirent largement des travaux de la commission d’enquête sénatoriale qui remettra son rapport le 14 mai.

Le

Nimes: CRS 8 deployed to combat drug trafficking in the Pissevin district
4min

Politique

Narcotrafic : comment fonctionne le statut de repenti en France ?

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti a annoncé ce week-end une évolution du statut de repenti afin de lutter contre le « haut du spectre » du narcotrafic. Ce statut existe en France depuis la loi Perben de 2004, mais n’a été que très peu utilisé. Explications.

Le

Coronavirus: le Parlement adopte le projet de loi d’urgence sanitaire
3min

Politique

Convocation de Mathilde Panot pour apologie du terrorisme : « Il y a une volonté de faire taire, de la part du pouvoir en place », s’insurge Manuel Bompard

Invité de la matinale de Public Sénat, le coordinateur de la France Insoumise est largement revenu sur les accusations qui touchent son parti. La cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot doit être auditionnée, demain, pour apologie du terrorisme tandis que Jean-Luc Mélenchon est visé par une plainte du gouvernement pour injures publiques. 

Le