Corse : Macron refuse les principales demandes des nationalistes

Corse : Macron refuse les principales demandes des nationalistes

Lors de son discours à Bastia, Emmanuel Macron a refusé la co-officialité de la langue corse et le statut de résident, deux demandes des nationalistes de l’île de Beauté. Seule ouverture : il accepte d’inscrire la Corse dans la Constitution.
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C’est non à tout, ou presque. Emmanuel Macron a opposé une fin de non-recevoir à presque toutes les principales demandes des nationalistes, lors de son discours en Corse, à Bastia, au lendemain d’un hommage rendu au préfet Claude Erignac, 20 ans après son assassinat.

« Dire que la Corse est au cœur de la République, ce n’est pas faire l’éloge de l’uniformité »

« Dire que la Corse est au cœur de la République, ce n’est pas faire l’éloge de l’uniformité ». Dès le début de son discours, le Président a rappelé que l’île se trouvait et restait dans le cadre de la République, une et indivisible. Emmanuel Macron parle de la Corse comme d’« un poste avancé de la France en Méditerranée ». Un poste avancé sur le plan militaire même, avec la base aérienne de Ventiseri-Solenzara… Un emplacement stratégique pour la France.

S’il reconnaît la particularité corse, elle ne doit pas se faire à n’importe quel prix pour le chef de l’Etat. Gilles Simeoni, président du conseil exécutif, et Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, n’ont visiblement pas convaincu le chef de l’Etat malgré les deux heures passées avec lui mardi soir.

« Dans la République française, il y a une langue officielle. Et c’est le Français »

Emmanuel Macron refuse la co-officialité de la langue corse aux côtés du français. « Dans la République française, il y a une langue officielle. Et c’est le Français » a-t-il prévenu, évoquant le risque de donner à la langue trop d’importance : « Jamais je ne pourrai accepter qu’on réserve à celui qui parle corse tel ou tel emploi ». Le chef de l’Etat défend en revanche le bilinguisme et souligne que 34.000 élèves apprennent déjà le corse. « Le bilinguisme, c’est le contraire de ce qui exclut ou discrimine » lance Emmanuel Macron, qui se paie même le luxe d’expliquer aux Corses ce que doit être l’identité corse : « L’identité corse ne doit pas être un ferment de division. Elle est une richesse de la République », « l’identité corse ne s’est construite que de voyages, de conquête et reconquête ». Regardez :

Emmanuel Macron: "l'identité corse ne doit pas être un ferment de division"
01:55

Autre refus : « la mise en œuvre d'un statut de résident » en Corse, qui n’est « pas la bonne réponse » aux problèmes immobiliers sur l'île. Il serait de plus « contraire à notre Constitution et au droit européen ». Il n’a pas évoqué non plus le statut des prisonniers corses emprisonnés sur le continent, alors qu’une réponse était attendue aussi sur ce point. Plutôt que les demandes des nationalistes, il faut, selon Emmanuel Macron, « avant tout régler les problèmes du quotidien ». Et assurer la sécurité : il promet des renforts de policiers et de gendarmes.

« Demeurer dans le giron de la République, ce n’est pas perdre son âme ni son identité »

Seule ouverture : il s’est dit « favorable à ce que la Corse soit mentionnée dans la Constitution ». Emmanuel Macron y voit « une manière de reconnaître son identité et de l'ancrer dans la République ». Le « en même temps » macronien finalement. Ce changement impliquerait, selon le Président, une modification de l’article 72. Une évolution qui était dans les tuyaux et qui ouvrirait à un « droit à la différenciation » et à l’adaptation de lois. Cela pourra être fait dans le cadre de la révision institutionnelle, « soumis au Parlement au printemps ». Reste à savoir le détail. Il demande aux élus de l’île de plancher sur le sujet dans le mois à venir.

Pas de quoi satisfaire les élus nationalistes. Il leur a affirmé au passage que s’ils souhaitent davantage d’autonomie fiscale, qu’Emmanuel Macron est prêt à accepter, ce sera au détriment des dotations de l’Etat, qui diminueront d’autant (voir ci-dessous). Donnant-donnant. « Demeurer dans le giron de la République, ce n’est pas perdre son âme ni son identité », a tenté de convaincre Emmanuel Macron, « c’est aussi bénéficier de la solidarité nationale. Et la Corse en bénéficie ». Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni n’ont en tout cas pas applaudi le discours présidentiel.

Macron sur la fiscalité en Corse
02:07

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