Couvre-feu avancé à 18 heures dans dix nouveaux départements : les sénateurs très perplexes

Couvre-feu avancé à 18 heures dans dix nouveaux départements : les sénateurs très perplexes

En plus des 15 départements déjà soumis à la règle du couvre-feu dès 18 heures, le Vaucluse, le Cher et le Bas-Rhin seront bien logés à la même enseigne dès ce dimanche 10 janvier. Alors que les discussions se poursuivent encore pour sept autres départements également situés sur la grande partie Est du pays, plusieurs sénateurs élus de ces territoires pour certains, essentiellement ruraux, dénoncent « une nouvelle mesure de coercition » du gouvernement.
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Par Antoine Comte

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La Côte-d’Or, l’Yonne, le Haut-Rhin, l’Allier, la Haute-Savoie, les Alpes-de-Haute-Provence et les Bouches-du-Rhône : voici la liste encore non officielle des départements, en plus du Vaucluse, du Cher et du Bas-Rhin, qui devraient être concernés par l’entrée en vigueur d’un couvre-feu à partir de 18 heures dimanche, contre 20 heures dans une grande majorité du pays.

Une nouvelle mesure gouvernementale, confirmée hier par le Premier ministre Jean Castex lors de sa conférence de presse qui a pour objectif de faire baisser le taux d’incidence dans la population générale et donc d’éviter de dépasser la barre fatidique des 200 cas pour 100 000 habitants sur une durée de sept jours.

Mais cette nouvelle annonce est loin de plaire à tout le monde dans les territoires concernés. « Cette possible avancée du couvre-feu est encore un choc contre la ruralité. Dans mon département, de nombreux travailleurs sont obligés de faire parfois une heure de route entre leur domicile et leur lieu de travail, et en avançant le couvre-feu à 18 heures, cela va être très compliqué pour eux », râle Alain Houpert, sénateur LR de la Côte-d’Or dont le taux d’incidence vient d’atteindre les 217 cas.

Dans le Bas-Rhin qui connaîtra donc quoiqu’il arrive un couvre-feu dès 18 heures dimanche, le sénateur Claude Kern craint pour aussi l’économie de son département : « Je ne vois pas bien l’effet positif, car cela va avant tout poser de vrais problèmes économiques, car les journées de travail vont devoir finir beaucoup plus tôt pour tout le monde, notamment pour les commerçants ».

Même inquiétude pour Jean-Yves Roux, sénateur du très peu peuplé département des Alpes de Haute-Provence qui craint également pour l’économie locale, notamment en raison des remontées mécaniques des stations de ski qui sont toujours à l’arrêt : « Je suis très inquiet pour ma région, et surtout pour les professionnels de la montagne qui ne comprennent pas pourquoi on leur interdit de travailler alors que nos stations sont de petites stations familiales ».

« J’ai peur pour la France »

Des critiques que les sénateurs portent également contre les effets d’une telle mesure sur le moral de leurs administrés. « Ça me désole qu’on ne fasse pas confiance aux gens. Avancer le couvre-feu à 18 heures, c’est pour moi une nouvelle manière de culpabiliser les gens. C’est une mesure supplémentaire de coercition avec des jeunes qui vont être coincés dans les villages. J’ai peur pour la France, il faut que les Français se réveillent et disent non », tacle Alain Houpert, en dénonçant « la non-concertation des élus locaux par le gouvernement ».

Un manque de concertation ? Pas partout visiblement. Des réunions dans la plupart des préfectures de ces départements concernés sont en effet organisées depuis ce matin. C’est le cas du côté de la Haute-Savoie, où le taux d’incidence flirte là aussi avec la barre de 200 cas pour 100 000 habitants. Mais là encore, les sénateurs locaux ont fait bloc avec tous les parlementaires du département dont même des députés LREM, pour dénoncer cette mesure. « Il faut de la tolérance et attendre de voir l’impact du jour de l’an avant de prendre de telles décisions. Nous avons une population assez jeune en Haute-Savoie, et nous ne savons même pas si le couvre-feu avancé à 18 heures dans les 15 premiers départements soumis à cette règle dès le 2 janvier a eu des effets positifs », explique le sénateur Cyril Pellevat.

Les échanges entre les élus locaux, les préfets et les ministres concernés doivent se poursuivre dans les prochaines heures afin de trancher pour les départements qui attendent encore impatiemment de savoir à quelle sauce ils seront mangés.

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