Covid-19 dans les prisons : une bombe à retardement
Depuis la mise en place du confinement le 17 mars, les établissements pénitentiaires sont en proie à de nombreux incidents. 44 mutineries ont été recensées et l’inquiétude des détenus comme des surveillants est grande face à la surpopulation carcérale et au manque de masques et de protection individuelle. Et ce, malgré les mesures prises pour désengorger les centres pénitentiaires et les maisons d’arrêt. Entretien avec Matteo Tiberghien qui a réalisé avec Lionel Brossard une cartographie des mutineries depuis le début du confinement pour le média local d’investigation Mediacité.

Covid-19 dans les prisons : une bombe à retardement

Depuis la mise en place du confinement le 17 mars, les établissements pénitentiaires sont en proie à de nombreux incidents. 44 mutineries ont été recensées et l’inquiétude des détenus comme des surveillants est grande face à la surpopulation carcérale et au manque de masques et de protection individuelle. Et ce, malgré les mesures prises pour désengorger les centres pénitentiaires et les maisons d’arrêt. Entretien avec Matteo Tiberghien qui a réalisé avec Lionel Brossard une cartographie des mutineries depuis le début du confinement pour le média local d’investigation Mediacité.
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Par Flora Sauvage

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Combien de détenus et de surveillants sont contaminés à ce jour ?

Un détenu et un surveillant sont déjà décédés du Covid 19. Selon l’Administration pénitentiaire, 48 détenus ont été testés positifs et 925 ont été placés à l’isolement sanitaire. Parmi les 42 000 agents pénitentiaires, 114 sont positifs et 931 sont en quatorzaine à leur domicile.

 

Quelles conclusions tirez-vous de votre enquête ?

Nous avons voulu recenser et dresser une cartographie de la situation dans les prisons françaises à l’heure du confinement. On s’est rendu compte que ce sont les maisons d’arrêt - où sont les prévenus en attente de jugement - les plus touchées par les mutineries, nous en avons recensé 44. Par « mutinerie » on entend le refus d’un détenu de retourner dans sa cellule mais aussi les dégradations matérielles et les actes de rébellion. Cela n’est pas surprenant car les maisons d’arrêt sont surpeuplées. D’après le ministère de la justice, 40 000 détenus résident en maisons d’arrêt qui affichent un taux moyen d’occupation de 120%. Dans ces conditions, il est très difficile d’appliquer les gestes barrières et de respecter les distances de sécurité pour empêcher la propagation du virus. Les détenus regardent les informations toute la journée à la télévision et ils sont très inquiets à l’idée d’être contaminés par un surveillant par exemple. Le point de rupture a été la fin des parloirs. La suppression des visites a été l’étincelle qui a allumé la mèche. Les détenus communiquent via l’application Snapchat pour lancer des appels aux mutineries.

 

On constate une diminution du nombre de détenus puisqu’il y a 6 226 personnes incarcérées en moins dans les prisons françaises depuis la mise en place du confinement, comment s’explique cette baisse inédite ?

Cette baisse est liée à la fois à la une diminution de l’activité judiciaire et à des libérations anticipées. Face au risque de l’épidémie dans les établissements pénitentiaires, le gouvernement a décidé de prendre des mesures inédites. Une ordonnance prise dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire simplifie la libération des détenus en fin de peine. Environ 5000 personnes incarcérées ont été libérées depuis la mise en place du confinement. Mais dans de nombreuses juridictions, les juges d’application des peines, et les juges d’instruction avaient déjà pris les devants face à l’épidémie de Covid 19. Le ministère de la justice a pris soin de préciser que seuls les détenus qui n’avaient pas participé aux mutineries pourraient bénéficier d’une libération anticipée. Ce qui explique que la pression soit un peu retombée ces derniers jours. Mais cela risque d’être une accalmie de courte durée.

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