Crise de l’hôpital : le Sénat rejette l’Ondam
Malgré le plan d’urgence pour l’hôpital, le Sénat a voté la suppression de l’article 59 qui fixe l’objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam). Un rejet assez unanime parmi les sénateurs qui jugent ces efforts insuffisants au regard de la crise de l’hôpital public.

Crise de l’hôpital : le Sénat rejette l’Ondam

Malgré le plan d’urgence pour l’hôpital, le Sénat a voté la suppression de l’article 59 qui fixe l’objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam). Un rejet assez unanime parmi les sénateurs qui jugent ces efforts insuffisants au regard de la crise de l’hôpital public.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« Avec l’article 59, je crois que le gouvernement a réussi un certain exploit, faire l’unanimité politique contre lui. » Réunis pour l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale samedi, les sénateurs ont rejeté à la quasi-unanimité l’article 59 qui fixe l’objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam). Le plan d’urgence pour l’hôpital du gouvernement n’est pas parvenu à convaincre les sénateurs. Eux jugent que la rallonge budgétaire de 300 millions d’euros annoncée par le gouvernement est largement insuffisante. Seul le sénateur LREM Martin Lévrier est monté au créneau pour défendre les mesures du gouvernement. Une défense bien solitaire face à l’indignation des sénateurs qui ont qualifié cette augmentation au mieux « de goutte d’eau », au pire « d’assassinat de l’hôpital public ».

« Les 200 millions d'euros pour les hôpitaux et les 100 millions d'euros pour les établissements publics de gériatrie débloqués pour 2020 ne sont qu’une goutte d’eau par rapport aux besoins de l’hôpital », a ainsi condamné le sénateur Les Républicains, Philippe Mouiller. « L’Ondam avec la crise que connaît l’hôpital et malgré le plan annoncé par le gouvernement est inférieur à l’Ondam de l’année dernière », a renchéri la sénatrice communiste Laurence Cohen qui regrette par ailleurs que le gouvernement reste sourd aux interpellations du Sénat, « je ne sais pas qui vous persuade de votre politique, elle n’est soutenue par personne au niveau du monde hospitalier ». Le plan d’urgence du gouvernement n’a effectivement pas semblé apaiser la colère des personnels hospitaliers qui manifestaient encore ce samedi.

Budget de la Sécu : « C’est un assassinat de l’hôpital public », affirme Marie-Noëlle Lienemann
05:13

La secrétaire d’État auprès de la ministre de la santé a regretté la décision des sénateurs, en soulignant que la suppression de cet article obligatoire est incompatible avec l’adoption du PLFSS. Le sénateur LREM Marc Lévrier a, lui, vanté le plan d’urgence du gouvernement, « il s’agit là d’un très important investissement et en y ajoutant la reprise de la dette, c’est considérable et vous proposez de balayer d’un revers de main cet article 59 et donc le PLFSS ! Quel message voulez-vous envoyer aux acteurs de la santé et au-delà à tous les Français ? » Dans un registre bien plus frontal que celui de la secrétaire d’État, le sénateur LREM a critiqué la position de ses collègues en les renvoyant aux bilans des précédents gouvernements qu’ils ont soutenus. « Ce qui est profondément triste c’est de déposer un amendement purement et simplement de suppression, à droite comme à gauche. Nous retrouvons bien là un esprit de contradiction et d’opposition non constructive. »

Une intervention qui a quelque peu échauffé les esprits. « C’est un assassinat de l’hôpital public. On est dans une situation dramatique, on n’arrive pas à suivre les dépenses naturelles de santé, on est en dessous alors que la situation est déjà extrêmement grave », a déclaré la sénatrice CRCE Marie-Noëlle Lienemann après une petite anicroche avec son collègue de LREM (voir la vidéo ci-dessus).

« Même si l’effort est existant, il est sans commune mesure avec les besoins », a estimé la sénatrice centriste, Nathalie Goulet, qui a dit sa volonté de ne pas prendre part au vote. Quant au groupe Les Indépendants (proche de la majorité présidentielle), la sénatrice Colette Mélot a déclaré qu’elle ne voterait pas pour les amendements de suppression « au nom du réalisme ».

Finalement, les amendements de suppression ont largement été votés par 381 voix pour et seulement 59 contre. « Le dernier mot reviendra à l’Assemblée nationale, par contre nous notre message c’est que nous sommes contre une non-augmentation réelle des retraites, des prestations familiales, nous sommes favorables à une politique nataliste et nous sommes contre un endettement supplémentaire de l’assurance maladie », a conclu le président de la commission des affaires sociales du Sénat, Alain Milon.    

 

 

  

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Crise de l’hôpital : le Sénat rejette l’Ondam
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Crise de l’hôpital : le Sénat rejette l’Ondam
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le