Crise des sous-marins : Florence Parly provoque une bronca au Sénat

Crise des sous-marins : Florence Parly provoque une bronca au Sénat

La ministre des Armées Florence Parly a estimé que le Sénat avait l’intention de « s’ériger en juge ou en procureur » sur l'affaire des sous-marins australiens. Une réponse aussitôt accueillie par des huées et un chahut dans l’hémicycle. Le sénateur PS Rachid Temal l'interrogeait sur les informations dont disposait la France au moment de la rupture du contrat.
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Les sénateurs veulent des réponses dans la crise diplomatique qui s’est ouverte entre la France, d’un côté, et les Etats-Unis et l’Australie de l’autre, une semaine après la rupture par Canberra du « contrat du siècle » portant sur 12 sous-marins militaires français. Dix minutes seulement après le débat des questions d’actualité au gouvernement au Sénat, ce 22 septembre, la tension est montée d’un coup entre le gouvernement et le Sénat, provoquant un incident de séance rare dans l’hémicycle. La réponse de la ministre des Armées Florence Parly a été accueillie avec colère dans les travées.

C’est le sénateur socialiste Rachid Temal qui avait la parole, l’un des cinq orateurs inscrits sur la seule thématique des sous-marins. Dénonçant une « humiliation » sans pareille depuis les débuts de la Ve République, le sénateur du Val-d’Oise, a affirmé que cette affaire en disait « long » sur la « gouvernance » et le « bilan » du gouvernement. Réclamant la « transparence et la vérité », ce partisan d’une commission d’enquête sur l’incident diplomatique s’est demandé pourquoi personne n’avait vu venir la décision australienne. « Comment comprendre que ni l’Elysée, ni Matignon, le Quai [d’Orsay], ni nos ambassadeurs, n’ont vu, su, entendu ce qu'il se tramait », s’est-il étonné.

Au lendemain d’une séance de questions à l’Assemblée sereine, la ministre des Armées Florence Parly a laissé éclater une colère froide. « Permettez-moi d’être étonnée, pour ne pas dire choquée, d’entendre dans cet hémicycle un représentant de la nation donner le sentiment, qu’au fond, ce qu'il arrive à la France est plutôt un motif d’instrumentalisation du débat politique interne plutôt que de considérer que c’est la France, sa place dans le monde, et ses relations avec ses partenaires, ses alliés – au premier rang desquels les Etats-Unis – qui est en débat », a-t-elle réagi.

Gérard Larcher refuse les « provocations »

Qualifiant de « duplicité » l’attitude de son homologue australien fin août, où rien ne laissait présager une rupture « brutale », Florence Parly a ensuite fait sortir l’hémicycle de ses gonds. « Vous comprendrez qu’on ne peut pas réécrire l’histoire a posteriori ou alors on s’érige en juge ou en procureur, dont je comprends d’ailleurs que c’est l’intention du Sénat », a-t-elle réprouvé. Face à elle, les sénateurs s’insurgent bruyamment. Tambourinements sur les pupitres et huées contraignent la ministre à s'interrompre. Elle est elle-même rattrapée par la patrouille du « plateau ». « Poursuivez mais les provocations n’ont pas une utilité absolue pour éclairer le débat », observe le président du Sénat Gérard Larcher.

Reprenant, la ministre a néanmoins promis qu’elle répondrait à toute demande d’audition. « Je le ferai comme je l’ai toujours fait mais je pense que dans cette affaire un peu d’unité nationale ne ferait pas de mal. » Dans sa réplique, Rachid Temal a rappelé que le Parlement, par ses questions, faisait « simplement son travail ». « Dès le 2 juin dernier, un article dans un grand journal australien évoquait la difficulté sur ce contrat », a-t-il objecté, avant de dénoncer la « gesticulation diplomatique » du gouvernement.

[Lire aussi] Sous-marins : vers la création d’une commission d’enquête au Sénat ?

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