Crise économique liée au coronavirus : « On ne va pas faire un Téléthon pour sauver la France »

Crise économique liée au coronavirus : « On ne va pas faire un Téléthon pour sauver la France »

Face à la crise du coronavirus qui frappe de plein fouet les petites entreprises, Gérald Darmanin en appelle à la solidarité nationale via une plateforme en ligne visant à récolter des dons. Une annonce qui laisse dubitatif au Sénat. 
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

C’est dans un entretien donné au quotidien Le Figaro, que le ministre de l'Action et des Comptes publics lance « un grand appel à la solidarité nationale ». « Beaucoup de particuliers ou d'entreprises nous demandent comment participer et nous aider. Tous ceux qui le souhaitent pourront le faire prochainement, via une plateforme de dons que nous allons mettre en ligne » justifie-t-il. Selon l’entourage de Gérald Darmanin, elle devrait être opérationnelle en début de semaine prochaine. Ces dons devraient être dirigés vers le fonds de solidarité crédité, pour le moment, d’1 milliard d’euros. Il est notamment destiné à verser une prime de 1 500 euros aux indépendants et patrons de TPE les plus impactés par la crise du coronavirus.

« Ça me laisse un peu pantois cette annonce. Par rapport à l’immensité des besoins, ce devrait être aux grosses entreprises du CAC 40, qui ont bénéficié de la suppression de l’ISF, d’être sollicitées via une taxation exceptionnelle » propose Éric Bocquet, vice-président communiste de la commission des finances. « Dans le même temps, le gouvernement appelle les grands groupes qui ont recours au chômage partiel, à la plus grande modération quant au versement des dividendes, ça montre bien à quel point il est mal à l'aise. Le coronavirus va entraîner une perte de 100 milliards du PIB par mois de confinement. Si le gouvernement en est réduit à dire : à vot’ bon cœur, m’sieurs dames. Ce n’est pas sérieux. On ne va pas faire un Téléthon pour sauver la France » ajoute-il

« Le virement » des assureurs se fait toujours attendre

« Je n'ai pas le détail de cette annonce, Si c’est un supplément pour alimenter le fonds de solidarité, pourquoi pas. Mais ce ne doit pas être une mesure tête de gondole » considère Jean-Marc Gabouty, vice-président RDSE du Sénat. Pour le sénateur de la Haute-Vienne, les fonds seraient plutôt à chercher du côté des compagnies d’assurances. « Depuis un mois, elles font des économies sur les sinistres. Sur un mois de confinement, il y aura une chute du nombre d’accidents de voitures, d’incendies, de bris de machines... Ces économies doivent compenser la perte d’exploitation des petites et moyennes entreprises » préconise-t-il. Ce sera d’ailleurs le thème de son intervention demain aux questions d’actualités du Sénat. Dans le Figaro, Gérald Darmanin a reconnu n’avoir pour l’instant pas reçu « le virement » des 200 millions d’euros promis par les assureurs pour abonder le fonds de solidarité. « 200 millions c’est ridicule. Là, on parle de milliards d’économies », appuie Jean-Marc Gabouty, pour qui cette question devrait faire partie du débat lors de l’examen de la prochaine loi de finances rectificative.

Sur ce sujet, le sénateur RDSE pourra trouver le soutien de Martial Bourquin, vice-président socialiste de la commission des affaires économiques du Sénat. « J’ai écrit à Bruno Le Maire afin de décréter la crise du coronavirus :catastrophe sanitaire. C'est à dire le mettre sur le même régime que celui de catastrophe naturelle. Gérald Darmanin n’aurait plus à attendre un virement des assurances puisqu’elles auraient l’obligation d’indemniser » indique-t-il.

Sans annulation de charges : « Des milliers d’entreprises qui vont être liquidées »

Le sénateur du Doubs ne comprend pas non plus « l’attitude » du ministre des Comptes publics qui a rappelé le report des charges pour les entreprises et indépendants, jugeant qu’il était « trop tôt » pour anticiper des annulations de charges. « J’ai constaté dans mon département que des prélèvements automatiques de l’URSSAF étaient toujours en cours. « Je comprends bien que l’annulation des charges, c’est une perte de recettes pour l’État. Mais si on ne le fait pas, ce sont des milliers d’entreprises qui vont être liquidées au début de l’été et donc une perte de recettes encore plus grande. Ce n’est pas à la solidarité nationale de venir en aide aux entreprises, c’est à l’État de prendre toutes ses responsabilités. Le gouvernement a bien réussi à trouver 40 milliards l’année dernière pour le CICE » souligne-t-il.

« La solidarité vient quand il y a une défiance de l’État »

« Gérald Darmanin est un homme pragmatique. Si des gens veulent contribuer pour aider les entreprises tant mieux » défend le sénateur apparenté LR, vice-président de la commission des finances, Philippe Dominati avant d’ajouter : » Le problème c’est que la solidarité vient quand il y a une défiance de l’État ». Libéral assumé, Philippe Dominati en vient à s’interroger : « Une fois la crise passée, il faudra se poser la question de l’efficacité de notre État, régalien, hypercentralisé, hyperprésent et hyperdéficitaire. A-t-il été plus protecteur que d’autres formes d’organisations étatiques alors qu’on voit qu’en 15 jours, on n’a toujours pas réglé le problème de l’approvisionnement des masques ? Si je pose la question, vous connaissez la réponse » conclut-il.

Dans la même thématique

Crise économique liée au coronavirus : « On ne va pas faire un Téléthon pour sauver la France »
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Crise économique liée au coronavirus : « On ne va pas faire un Téléthon pour sauver la France »
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le