Culture du clash ou refus du désaccord : débat entre Eugénie Bastié et Jean Birnbaum
« La guerre des idées » et « Le Courage de la nuance », ce sont les titres des derniers livres des invités de Livres & vous. L’une est éditorialiste au Figaro et se revendique conservatrice, l’autre est directeur du Monde des livres et libéral, ils livrent leur vision du débat d’idées.
Par Nils Buchsbaum
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« Je pense que les idées ont toujours été plus ou moins en guerre. Toute discussion est même le début d’une guerre », déclare Eugénie Bastié, éditorialiste dans les pages « Idées et Débats » du Figaro. Selon elle, « il est faux de dire que le débat est seulement un dîner de gala où tout le monde s’entend bien. Il y a toujours eu de l’anathème dans la vie des idées, des positions très opposées ». Il y aurait donc un « retour de la guerre des idées, après la parenthèse enchantée des années 1980-90 » où dominait l’idée selon laquelle la fin de l’Histoire et des idéologies était venue, « comme si les idées divergentes avaient disparu et qu’on allait tous se réconcilier autour de la démocratie, du marché et des droits de l’homme », affirme Eugénie Bastié à Guillaume Erner.
Selon Eugénie Bastié : « Auparavant les visions du monde étaient très opposées mais de façon argumentée »
« Il y a aujourd’hui des clivages très profonds et une nouvelle forme de sectarisme », continue Eugénie Bastié. Mais pour elle ce n’est pas nouveau : « Ce sectarisme avait déjà existé auparavant, par exemple dans les années 1960-70 ». La différence serait « qu’aujourd’hui, ce sectarisme se double d’une nouvelle dimension qui est une dimension d’affect. C’est-à-dire qu’auparavant les visions du monde étaient très opposées mais de façon argumentée, aujourd’hui, on veut faire taire des idées parce qu’elles blessent. Les idées sont des offenses et ça, je crois que c’est assez nouveau ».
Pour Jean Birnbaum la nuance serait la capacité à rentrer en dissidence avec soi-même… penser contre soi-même.
« J’ai ressenti la nécessité intime et solide de faire ce livre », déclare Jean Birnbaum. Pour ses deux précédents livres, « j’avais participé à des dizaines de réunions publiques dans des milieux très différents et j’ai ressenti un durcissement, un culte du clash, une mauvaise foi généralisée ». Il a également parfois éprouvé soupçon et hostilité dans les réunions auxquelles il a participé. Il raconte : « On me disait « mais d’où tu parles, de qui est ce que tu fais le jeu en disant ce que tu dis ». Dans son livre « Le courage de la nuance », il la définit donc comme « la capacité à rentrer en dissidence avec soi-même, penser contre soi-même ».
Mais Eugénie Bastié souligne cependant que « notre époque est paradoxale : elle a le culte du clash mais en même temps elle refuse le clash. Toute dispute intellectuelle est immédiatement qualifiée de clash. Le désaccord est vu comme quelque chose d’intolérable ». Pour sa part, elle soutient ne pas être relativiste : « J’ai des convictions sur un certain nombre de sujets. Je ne crois pas à l’objectivité intellectuelle, mais je crois à une forme d’honnêteté intellectuelle qui consiste à dire oui j’ai des convictions, je parle d’un certain endroit, mais je peux me mettre à la place de l’autre, faire droit à sa parole ».
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