Dans l’Yonne, un réseau d’acteurs efficace pour lutter contre les violences faites aux femmes

Dans l’Yonne, un réseau d’acteurs efficace pour lutter contre les violences faites aux femmes

Alors que le reconfinement est instauré en France depuis une semaine, les associations d'aide aux victimes craignent une augmentation des violences faites aux femmes pendant cette période. Dans l'Yonne, département français le plus touché par les violences intrafamiliales, un réseau départemental de lutte contre ce phénomène existe depuis plusieurs années.  
Public Sénat

Par Jérémy Heintzmann

Temps de lecture :

3 min

Publié le

« Notre rôle dans un département qui est principalement rural, c'est d'aller au plus près de ces victimes, et pouvoir leur montrer que tous ces obstacles qui sont insurmontables pour elles peuvent trouver une solution dans l'ensemble du réseau », détaille Marie-Laure Bouard-Desvaux, directrice de l'Adavirs de l'Yonne.

Un réseau d'actions coordonné par le département, qui vise d'abord à mieux détecter et prévenir ces violences. Au sein de la Brigade de prévention de la délinquance juvénile à Migennes, les gendarmes travaillent côte-à-côte avec une intervenante sociale. En analysant leur travail de terrain, elle propose aux victimes des solutions rapides et adaptées. « Parfois je suis appelée par les gendarmes alors que la victime est encore dans le logement », explique Martine Bernalas, intervenante sociale au sein de la brigade de Migennes. « La victime a besoin d'être secourue ou relogée en urgence. Il y a une grande flexibilité qui va favoriser la victime pour sa prise en charge. »

 

Un centre d'accueil de jour pour femmes et enfants

Écouter et accompagner. Ouvert il y a 3 ans à Auxerre, l'accueil de jour peut recevoir jusqu'à 7 femmes en même temps, avec une particularité : la salle d'entretien donne directement sur une pièce dédiée aux enfants. « Les enfants ici peuvent jouer plutôt librement et savent que leur maman est d'un côté ou de l'autre, ce qui permet aux femmes de pouvoir parler des violences sans que les enfants ne revivent les violences conjugales », confie Ursula Jeremjasz, assistante de service social au centre d'accueil de jour.

Le centre comprend aussi une salle de détente, de réunion, le tout dans un lieu entièrement sécurisé. « C'est vécu comme une bouffée d'oxygène où les femmes prennent un petit peu de temps pour elle », poursuit Ursula Jeremjasz. 

Du temps également pour des démarches : médicales, locatives ou bien judiciaires. Comme ce dépôt de plainte simplifiée, disponible à l'accueil. « C'est la femme victime de violences conjugales qui le remplit à sa demande. Et ce n'est pas elle directement qui dépose plainte puisque c'est le Procureur qui s'en saisit. »

 

Une priorité pour le Tribunal judiciaire d'Auxerre

Car dans le département, la prise en charge s'étend à la justice. « Une des priorités comme chef de juridiction lors de mon arrivée était le traitement judiciaire des violences intrafamiliales », assure Sonia Pallin, présidente du Tribunal judiciaire d'Auxerre.

Depuis janvier, en lien avec le Procureur de la République, elle utilise tous les outils législatifs à sa disposition. L'objectif : apporter aux victimes une réponse complète et immédiate, par exemple avec les ordonnances de protection. « Le juge des affaires familiales doit impérativement rendre sa décision dans un délai de six jours, en faisant en sorte que si l'audience a lieu le matin, la décision soit rendue dans l'après-midi, sans laisser passer une nuit supplémentaire. Parce que l'on sait très bien que ce sont des contentieux très particuliers où il peut y avoir un vrai danger pour la victime ».

Le Tribunal envisage également de mettre en place l'usage du bracelet anti-rapprochement dans l'Yonne à partir du 1er janvier.    

Dans la même thématique

Dans l’Yonne, un réseau d’acteurs efficace pour lutter contre les violences faites aux femmes
6min

Société

Antisémitisme : la radicalisation d’une partie de la jeunesse, première inquiétude du gouvernement et des associations

Le gouvernement a lancé lundi 6 mai des « assises de lutte contre l'antisémitisme » pour renforcer les moyens de lutte contre un phénomène en pleine expansion depuis l’embrasement de la situation au Proche Orient, et qui touche notamment la jeunesse. Selon une enquête Ifop, 35% des 18-24 ans estime qu'il est normal de s'en prendre à des juifs en raison de leur soutien à Israël.

Le

Fresnes, Prison, Centre penitentiaire, Penitentiary center
6min

Société

Drogues en prison : 52% des détenus ont déjà consommé une substance illicite en prison

L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié ce lundi 6 mai, sa première enquête sur l’usage des drogues dans le milieu carcéral. Zoom sur des résultats inquiétants, qui « interrogent une éventuelle adaptation des politiques sanitaires en matière de prévention et de traitement des addictions à la réalité des consommations observées ».

Le

Weekly cabinet meeting at Elysee Palace, Paris, France – 12 Jan 2024
5min

Société

Prostitution : un nouveau plan de lutte présenté ce jeudi, huit ans après la loi pénalisant les clients

Alors que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, peine encore à produire ses effets, le gouvernement a annoncé la présentation d’un nouveau plan pour lutter contre la prostitution, à l’aube d’une augmentation inquiétante des chiffres chez les mineurs. Selon les associations, ils seraient entre 7 000 et 10 000 à être aujourd’hui prostitués, un chiffre qui a doublé ces dernières années.

Le

Enfants et ecrans
4min

Société

Rapport sur l’usage des écrans chez les enfants : « Nous avons perdu six ans », déplore la sénatrice Catherine Morin-Desailly

Commandé par l’exécutif, le rapport d’experts sur l’usage des écrans chez les enfants a été remis au président de la République ce 30 avril. En 2018, le sujet avait déjà fait l’objet d’une proposition de loi largement votée au Sénat, mais jamais discutée à l’Assemblée. Auteure du texte, la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly dénonce aujourd’hui « une perte de temps ».

Le