Dans la Sarthe, les fillonistes penchent bon gré mal gré pour Macron
"C'est la première fois que j'hésite autant, ce sera sans doute Macron, en me pinçant le nez. On avait tellement confiance en...

Dans la Sarthe, les fillonistes penchent bon gré mal gré pour Macron

"C'est la première fois que j'hésite autant, ce sera sans doute Macron, en me pinçant le nez. On avait tellement confiance en...
Public Sénat

Par Hélène DUVIGNEAU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

"C'est la première fois que j'hésite autant, ce sera sans doute Macron, en me pinçant le nez. On avait tellement confiance en François Fillon qu'on se sent orphelins", avoue Catherine, 69 ans, venue acheter sa baguette à Solesmes dans la Sarthe.

Selon cette électrice d'un département du Grand Ouest où François Fillon a engrangé 28,61% des voix au premier tour de la présidentielle, une bonne partie des fillonistes iront voter dimanche pour Emmanuel Macron.

A 70 ans, Jean-Dominique Bunel juge ainsi "impensable de voter autre chose". Ce catholique qui a défilé avec la "Manif pour Tous" estime certes le candidat d'En Marche! "pas très pro-famille", mais il refuse catégoriquement "d'aller voter pour une personne raciste". "Les scores sont trop serrés pour ne pas voter pour lui", assure-t-il.

Eric Juramy, 40 ans, est venu quelques jours pour une retraite spirituelle dans la célèbre abbaye de Solesmes, située à proximité de Sablé, fief de François Fillon. Lui aussi qualifie son choix pour Macron au second tour d'"évidence".

"D'un point de vue économique, Emmanuel Macron a des idées à peu près sensées. Un peu de socialisme, on s'en accommode largement, alors que Marine Le Pen fait du populisme et nous mènera inévitablement à la faillite", affirme-t-il. Et même si ce fils de pied-noir regrette "certaines phrases malheureuses de Macron sur la culture ou le colonialisme", il dit préférer "son flou et ses ambiguïtés" aux "outrances ridicules de Marine Le Pen".

A l'instar de beaucoup de Français, nombre d'électeurs fillonistes n'iront pas non plus voter pour un programme frontiste qu'ils jugent inquiétant.

C'est le cas de Constance Brochard, 18 ans, étudiante en LEA au Mans, qui a voté pour la première fois le 23 avril. "Les idées de Marine Le Pen ne me conviennent absolument pas, explique-t-elle. Je pense que c'est dangereux".

Victor Cella, 23 ans, étudiant en droit, estime lui "risquée" une sortie de l'euro et qualifie de "limite" la position du FN sur l'immigration.

- 'Manque d'expérience politique' -

Mais les fillonistes ne sont pas tous aussi enclins à voter pour le candidat d'En Marche!. Bernard, 86 ans, ne votera pas "de gaîté de cœur" pour l'ancien ministre de l’Économie, qui "manque, selon lui, d'expérience politique".

"Macron, j'ai peur qu'il ne soit pas à la hauteur sur les affaires étrangères", craint de son côté Dominique Pestel, 58 ans, agent immobilier à La Flèche.

A quelques jours du second tour, beaucoup d'électeurs sont aussi indécis ou envisagent un vote blanc.

Sur le marché de Loué, où François Fillon a réalisé 38,98% des voix, Madeleine, 77 ans, a du mal à digérer la défaite de son favori. "C'est le néant, j'irai me déplacer mais je suis encore très indécise", souligne cette retraitée de Cofiroute.

Michel Divier, 76 ans, qui vit près de Loué, votera blanc pour la première fois. "Je ne veux absolument pas donner ma voix à Marine Le Pen, mais je n'ai aucune confiance en Emmanuel Macron", explique cet ancien commerçant, qui touche 700 euros de retraite par mois.

"+Le changement c'est maintenant+, on a déjà entendu ça, Emmanuel Macron est un arriviste, il n'a pas besoin de moi pour être élu", argumente-t-il, avant d'acheter des céleris-raves.

D'autres envisagent l'abstention, telle Natacha Langevin, 43 ans, assistante maternelle à Solesmes. "Tous les deux sont à mettre dans le même sac poubelle", lance cette mère de famille, pour qui ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen ne proposent "de piste sérieuse pour aider les jeunes à trouver un travail."

Rares sont les électeurs qui toutefois revendiquent un vote Front national.

Jacqueline, ex-agricultrice de 81 ans, a choisi Marine Le Pen, mais ne souhaite pas citer le nom de la candidate frontiste. "J'ai envie de rester française, je ne veux pas que le président laisse les frontières trop ouvertes", se justifie-t-elle.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: Weekly session of questions to the government at the Senate
2min

Politique

Direct. Budget de la Sécu : suivez le débat au Sénat sur la suspension de la réforme des retraites

15 jours après le vote des députés sur la suspension jusqu’au 1er janvier 2028 de la réforme des retraites de 2023, c’est au tour du Sénat d’examiner cet article du projet de loi de la Sécurité sociale, ce mardi à partir de 17h. La majorité sénatoriale de droite par la voix de Gérard Larcher a promis que la chambre haute rétablirait la réforme.

Le

2min

Politique

Violences sexuelles : Aurore Bergé souhaite imposer un casier judiciaire vierge pour les professionnels au contact d’enfants

Porté par la ministre déléguée chargée de l’Egalité femmes-hommes, un projet de loi-cadre sur les violences faites aux femmes et aux enfants a été remis hier à Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu. Parmi les 53 mesures, Aurore Bergé prône un casier judiciaire vierge pour tout professionnel travaillant avec des mineurs, et met l’accent sur un meilleur encadrement du dépôt de plaintes.

Le

Dans la Sarthe, les fillonistes penchent bon gré mal gré pour Macron
3min

Politique

Budget : « Une loi spéciale ne peut pas faire office d’un budget », prévient Amélie de Montchalin

L’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale se poursuit au Sénat avant un vote prévu demain dans l’après-midi. Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre de l’Action et des Comptes publics, Amélie de Montchalin a rappelé qu’il n’y a pas « d’alternatives au compromis parlementaire » et s’est montrée réticente quant à l’usage d’une loi spéciale pour faire adopter le budget.

Le