Dans le Puy-de-Dôme, le communiste André Chassaigne à la lutte
Avec sa moustache, ses sourcils broussailleux et son ton de tribun, c'est un des derniers dinosaures PCF de l'Assemblée. Mais l...

Dans le Puy-de-Dôme, le communiste André Chassaigne à la lutte

Avec sa moustache, ses sourcils broussailleux et son ton de tribun, c'est un des derniers dinosaures PCF de l'Assemblée. Mais l...
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Par Karine ALBERTAZZI

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Avec sa moustache, ses sourcils broussailleux et son ton de tribun, c'est un des derniers dinosaures PCF de l'Assemblée. Mais l'impact de la météorite En Marche! et de son candidat Sébastien Gardette sur la 5e circonscription du Puy-de-Dôme le menace d'extinction dimanche.

André Chassaigne, président du groupe Gauche démocrate et républicaine à l'Assemblée, surnommé "Dédé" en Auvergne où il est très populaire, est arrivé en tête le 11 juin avec 34,85% des voix devant le candidat REM (29,27%). Son plus mauvais score au premier tour, cependant, depuis son entrée au Parlement en 2002.

La faute, en partie, à la France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui lui a mis une épine dans le pied en présentant face à lui une jeune candidate dissidente issue de son mouvement, Sara Perret, qui a récolté 6,82% des voix.

"En 2012, les voix du Front de gauche, c'est-à-dire mes voix, étaient à 41%. Là, si on totalise mes voix avec celles de la France Insoumise, on arrive au même résultat. Je ne me considère pas plus en difficulté", assure le sortant, peu Mélenchon-compatible "en raison de divergences politiques."

Mais pas de quoi se friser les moustaches: "d'expérience, je sais que la victoire n'est pas assurée. Je prends tout à fait au sérieux ce second tour", ajoute cet animal politique au tutoiement facile, réélu dans un fauteuil en 2007 et 2012, avec plus de 65% des voix.

Le scrutin de dimanche, de fait, est mathématiquement incertain. Outre les voix de LFI, comment se répartiront celles des candidats du PS (3,22%), de LR (9,68%) et du FN (9,95%) ? Hormis une parenthèse UDF de 1993-1997, la circonscription a toujours été à gauche.

Sébastien Gardette, agriculteur qui fêtera ses 39 ans dimanche, compte, lui, faire souffler un vent de renouveau en séduisant les abstentionnistes.

"La dynamique est de notre côté, je suis un représentant de la société civile et je pense que dans cette circonscription comme partout en France, les électeurs ont envie d'envoyer à l'Assemblée nationale des profils qui leur ressemblent", estime celui qui a amplifié le score de Macron à la présidentielle (24%).

- Comme un chien de ferme -

En 2013, le candidat REM qui tient également une ferme auberge dans le département avait remporté les élections à la Chambre d'agriculture pour la Confédération paysanne, devenant ainsi le plus jeune président de France.

"J'ai l'habitude de batailler face à des poids lourds", sourit celui qui a reçu jeudi le soutien du ministre de l'Agriculture.

"Il est extrêmement important que nous ayons au Parlement des représentants du monde agricole. J'ai besoin, moi, d'avoir des interlocuteurs qui connaissent le travail dans les exploitations et les difficultés subies", a relevé Jacques Mézard.

Son premier mandat remontant à 1979, André Chassaigne peut difficilement se targuer de la carte du renouveau. Alors pour convaincre les électeurs, le communiste fait valoir son bilan: il a été désigné en avril 2017 "meilleur élève" de l'Assemblée Nationale par le magazine Capital.

"Ma popularité, elle vient du travail. On traite plus de 1.000 dossiers par an. Avec mes collaborateurs, on est comme ces chiens dans les fermes qui te tiennent un mollet et le lâchent pas. On ne fait pas semblant", détaille l'ancien professeur et principal de collège.

"Mais je suis tout autant capable de le faire que vous", lui a rétorqué Sébastien Gardette lors d'un débat tandis que dans l'entourage de son adversaire, beaucoup regrettent une "candidature de trop".

"Si l'on additionne tous ses mandats, 14 ans comme député, 27 ans comme maire de Saint-Amant-Roche-Savine (où son fils a pris le relais, NDLR), 25 ans comme conseiller général, 7 ans comme conseiller régional, on aboutit à plus de 70 ans d'expérience politique cumulée. C'est l'exemple même de tout ce que rejettent les électeurs actuellement", comptabilise Claude Gouillon-Chenot, adjoint aux affaires culturelles de la ville de Thiers et militant d'En Marche !

"Certes, le candidat est à l'écoute, assidu, relève Thierry Déglon, ancien maire SE de Thiers et suppléant de la candidate des Républicains Myriam Fougère. Mais on ne vote pas pour un capital sympathie!"

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