De dieux des stades à stars du web, comment communiquent les sportifs préférés des Français ?

De dieux des stades à stars du web, comment communiquent les sportifs préférés des Français ?

Kylian Mbappé 51,8 millions d’abonnés, Paul Pogba 44,7 millions, Karim Benzema 39,5 millions… Aujourd’hui les stars du ballon rond, sont aussi des stars des réseaux sociaux. Ainsi leurs prises de parole en solo, tout comme celles d’autres sportifs ou encore celles du héros de l’apesanteur Thomas Pesquet, sont parfois beaucoup plus politiques qu’elles n’en ont l’air. Quelles en sont les conséquences sur leurs carrières sportives et leur image médiatique ? Décryptage cette semaine dans Hashtag.
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Kylian Mbappé, Karim Benzema, ou encore Antoine Griezmann ces stars du sport sont devenues des « marques » à part entière et comptent plusieurs dizaines de millions de fans sur les réseaux sociaux, un atout pour leur notoriété, mais aussi pour le monde du sport, selon Véronique Reille-Soult qui souligne : « On voit bien à quel point cette starification des joueurs peut servir l’équipe de France » avant de pondérer « l’individu reste toujours devant, car plus que l’institution ce qui intéresse les Français c’est ce que ces héros des temps modernes montrent d’eux même et de leur vie privée. »


Benzema la star… des réseaux sociaux

Elément majeur pour tout sportif qui veut fédérer sur internet, adopter un mode de vie digne d’une star, indique Seghri Lazri. A l’instar des vidéos postées par le footballeur Karim Benzema où il se filme au volant de voiture de sport, ou en train de faire des exercices de musculation « Ici, on assiste à une sortie du sport du cadre classique et légitime, qu’est la fédération, pour passer au sport comme objet culturel » souligne le sociologue. Karim Benzema reprend les clichés de la culture américaine, univers qu’il partage avec des stars internationales de la musique et de la chanson qu’il fréquente.

Une pratique des réseaux sociaux devenue un sport « viral » pour Gilles Mason, président de l’agence Australie. GAD, « une autoglorification pour ces sportifs qui essayent d’avoir le maximum de followers, sésame pour être suivi par les médias… Et cela marche très bien et parle aux jeunes en reprenant leurs codes […] Aujourd’hui le sportif parle à la fois pour ses sponsors, pour les fédérations, pour les clubs, pour son équipe, pour lui-même et c’est très rusé, ça se mélange et c’est un aspirateur à sponsor », conclut le communicant.
Une analyse partagée par Seghir Lazri : « Karim Benzema envoie des symboles, au-delà du foot ce qui permet de faire adhérer une plus large population ».


Griezmann, le footballeur engagé

En novembre dernier, Antoine Griezmann renonce aux publicités qu’il faisait pour le fabricant de téléphones Huawei en raison, écrit-il sur Instagram « de sa contribution à l’élaboration d’une « alerte Ouïghours » grâce à un logiciel de reconnaissance faciale ». Une décision qui a des conséquences financières pour le sportif qui met fin à un gros contrat, qu’il double d’un avertissement à l’industriel, toujours sur les réseaux : « J’invite Huawei à ne pas se contenter de nier ces accusations, mais à engager des actions concrètes pour condamner cette répression de masse et user de son influence pour contribuer au respect des Droits de l’homme et de la femme au sein de la société ».

Pour Seghir Lazri même si l’engagement a toujours été monnaie courante chez les sportifs, désormais « les athlètes ne sont plus nécessairement sous la dépendance des grandes organisations qui érigeaient les valeurs sportives. Par leurs expériences, ils vont être porteurs de nouvelles valeurs sociales ». En fréquentant d’autres personnalités engagées dans diverses causes, comme le comédien Omar Sy, Antoine Griezmann prend assez naturellement fait et cause pour la question ouïgoure.
« Il y a en effet un retour du militantisme sportif », pour le communicant Gilles Masson, qui ajoute : « par exemple, dans le cadre d’un match amical contre le Pays de Galles, on a vu les Bleus mettre genou à terre avant les matchs pour protester contre le racisme. »


Tennis, natation, les sportives dénoncent le harcèlement dans le sport

La veille du début du tournoi de Roland Garros, Naomi Osaka annonce à ses 2,4 millions de fans qu’elle ne participera pas aux traditionnelles conférences de presse d’après match pour préserver sa santé mentale, suite à cela, les dirigeants du monde du tennis la pénalisent et la somment de remplir ses engagements. Refus de la part de la sportive qui quitte le tournoi et se justifie sur Instagram en expliquant avoir souffert de dépression avec l’US Open 2018 et vouloir désormais se protéger de son anxiété sociale.

Comment une star des cours en terre battue peut-elle refuser de parler à la presse, elle qui s’affiche en maillot de bain sur les réseaux sociaux dans le cadre d’un partenariat avec une marque de maillot de bain ? Peut-on être vulnérable quand on pratique le sport à haut niveau, « société de l’excès » comme le souligne Seghir Lazri ? Réponse apportée par Gilles Masson, avant il y avait les médias « traditionnels » d’un côté et les sponsors de l’autre, désormais, les réseaux sociaux ont tout fait exploser, « on peut très bien souffrir de dépression et poser en bikinis, les deux ne sont pas incompatibles et ça les Français l’ont bien compris ».

Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.

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