La question est dans les têtes depuis que les dernières enquêtes d’opinion place le leader d’En Marche ! comme possible troisième homme de la présidentielle : le vainqueur de la primaire de gauche devra-t-il se désister en sa faveur pour entretenir l’espoir de voir « un progressiste » accéder au second tour ?
« Il y a les sondages et puis il y a les suffrages »
Arnaud Montebourg a paraphrasé la formule de Martine Aubry adressée naguère à François Hollande son adversaire à la primaire de 2011. « Quand c’est flou, il y a un loup ». Je ne comprends pas comment on peut aller au Puy du Fou chez monsieur Philippe de Villiers faire son éloge ; ensuite, prendre le train aller à Nevers faire l’éloge de François Mitterrand ; puis reprendre le train, aller à Chanonat chez Valéry Giscard d’Estaing faire l’éloge du Président Giscard d’Estaing. Recevoir entre deux voyages et escales le soutien de Jean-Pierre Raffarin et les critiques de Gérard Larcher. Personne ne comprend rien. Quel est-il, ce programme ? [...] J’ai entendu dire qu’il voulait supprimer les 35 heures et que chez monsieur Fillon, il y avait des choses avec lesquelles il pouvait être d’accord. Et puis après, il est revenu et il a dit : 'Non, on va pas supprimer les 35 heures'.
« Il y a les sondages et puis il y a les suffrages », a, par la suite, ironisé Arnaud Montebourg, estimant qu' « il y a quelque chose qui est confus dans la candidature d'Emmanuel Macron ».
« Il est parti. Il reviendra »
« Macron ne nous fait pas peur » a quant à lui assuré Vincent Peillon, avant d’ajouter un brin condescendant : « on l’a connu secrétaire général adjoint de l’Elysée, il était charmant » (…) Il cherche à faire croire que ce n’est pas la gauche qui l’a nommé. Pas de chance, il était ministre de Hollande et je pense aussi de Manuel Valls ». « A un moment, il va sortir de l’ambigüité, ça peut être à son détriment mais sa grande famille l’accueillera. Vous savez, c’est l’enfant prodige. Il est parti. Il reviendra » conclut-il.
« Forces politiques » et « forces de presse »
M. Valls a, de son côté, balayé toute possibilité de retrait à ce stade en faveur de M. Macron. Il faut « rassembler la gauche et les Français mais pas avec de vieux accords d'appareil », a-t-il plaidé. « Il faudrait se retirer, au nom des sondages ? », s'est-il indigné, en vitupérant contre les « forces politiques, les forces de presse, qui veulent empêcher que cette primaire se passe dans de bonnes conditions. »
François de Rugy s'est montré le plus nuancé, soulignant que son « objectif politique après la primaire » était « un rassemblement pour éviter un deuxième tour entre François Fillon et Marine Le Pen ». « Je rencontre des Français et des Français qui me disent qu'ils hésitent et qu'ils peuvent être tentés par la candidature d'Emmanuel Macron car il y a un besoin de renouveau », a-t-il noté.
Benoît Hamon observe « l’aventure » d’Emmanuel Macron qui n’est, selon lui, pas « inintéressante » mais « terriblement classique ». « Je trouve cela tout simplement vieux » renchérit-il.
« T'as pas le droit, c'est pas sérieux »
L’ancien ministre de l’Education, dont la dynamique prend dans les sondages, a lui-même subit les foudres de ses concurrents lors de ce troisième débat. Au cœur des critiques, il a dû, une nouvelle fois, détaillé le financement de sa mesure phare, le revenu universel.
« Je ne veux pas d'une gauche qui fait des propositions à crédit pour perdre totalement son crédit », s’exclame Manuel Valls. « 30 ans d'engagement à gauche me fait craindre la gauche qui fait des promesses et en fin de compte déçoit », ajoute Vincent Peillon quand Sylvia Pinel interpelle Benoît Hamon: « Il faut rester sérieux! ». Plus dur encore, Arnaud Montebourg dénonce un futur « coup de bambou fiscal pour les classes moyennes et populaires » provoquant une réaction épidermique de Benoît Hamon : « t'as pas le droit, c'est pas sérieux », se défend l'intéressé.