Début du ramadan, dans un climat politique toujours tendu sur l’islam
La majorité des musulmans français sont entrés jeudi en ramadan, mois de prière, de jeûne et de partage, marqué par la venue d...

Début du ramadan, dans un climat politique toujours tendu sur l’islam

La majorité des musulmans français sont entrés jeudi en ramadan, mois de prière, de jeûne et de partage, marqué par la venue d...
Public Sénat

Par Benoît FAUCHET

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La majorité des musulmans français sont entrés jeudi en ramadan, mois de prière, de jeûne et de partage, marqué par la venue d'imams étrangers, une présence contestée alors que la classe politique attend la structuration d'un "islam de France".

Le ramadan suscite un ensemble de pratiques socio-religieuses très populaires, avec selon des études 70% à 80% d'observants à des degrés divers et une fréquentation des mosquées plus soutenue parmi les quelque cinq millions de musulmans estimés en France.

Durant le ramadan, un des cinq piliers de l'islam, les croyants sont invités à s'abstenir de boire, de manger et d'avoir des relations sexuelles, de l'aube - dès que l'on peut "distinguer un fil blanc d'un fil noir" dit le Coran - jusqu'au coucher du soleil.

Le jeûne est prescrit aux musulmans pubères, mais des dispenses sont prévues pour les voyageurs, les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes ou venant d'accoucher. Des compensations sont possibles pour les personnes empêchées ou dispensées (jeûne effectué ultérieurement, dons aux nécessiteux...).

Dans une quête d'ascèse et de purification, le fidèle médite le Coran et participe à des veillées de prière à la mosquée, animées grâce au renfort d"imams du ramadan" venus d'Algérie et du Maroc sous visa d'un mois: ils sont environ 300 cette année, à la faveur d'accords bilatéraux signés avec ces pays.

Cet accueil de récitateurs très appréciés par les fidèles pour la psalmodie coranique lors des prières supplémentaires du soir (tarawih) n'est pas nouveau. Mais il suscite cette fois des critiques dans la classe politique, à l'heure où la structuration d'un "islam de France" est très attendue.

- Aumône réévaluée -

"Demander aux Algériens, aux Marocains, au moment du mois de ramadan (...) de nous envoyer des imams, ça ne va pas", a estimé l'ancien Premier ministre et ex-ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui veut "couper tous les ponts avec les pays tiers".

Pour la présidente du FN, Marine Le Pen, "il est inacceptable que le ministère de l'Intérieur organise la venue de 300 imams étrangers dans notre pays pour le ramadan, c'est une violation de la laïcité lourde de conséquence". Son ancien allié à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan a pour sa part exigé de soumettre les imams, y compris ceux spécialement venus pour le ramadan, à un "serment de fidélité à la France et à la République".

"Ces récitateurs ne font ni le prêche du vendredi ni les cinq prières quotidiennes, c'est une fausse polémique", a déploré auprès de l'AFP Abdallah Zekri, délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) et président de son Observatoire contre l'islamophobie.

Face aux controverses, le CFCM et les grandes fédérations de mosquées font front commun cette année. Dans un rare communiqué unitaire diffusé à la veille du ramadan, leurs responsables ont indiqué prier "Dieu pour que ce mois sacré (...) soit marqué par la piété, la solidarité et le partage" et souligné que "les musulmans de France sont profondément attachés à la laïcité et à la neutralité de l'État, garantes du libre exercice du culte".

Le CFCM accueillera-t-il, comme en 2017, le président Emmanuel Macron lors d'un "iftar", le repas de rupture du jeûne, qui donne au ramadan chaque soir une dimension conviviale voire festive? Alors que son agenda est chargé et que son plan pour un "islam de France" affranchi des influences extérieures n'est pas ficelé, le chef de l'Etat devrait y déléguer son Premier ministre Edouard Philippe, probablement début juin, indique-t-on de source proche du dossier.

Le ramadan s'achève par l'Aïd el-Fitr, la "fête de la rupture du jeûne", autour du 15 juin cette année. Nouveauté 2018: le montant de la zakât al-fitr, aumône obligatoire pour tout jeûneur au profit des plus démunis, qui n'avait pas changé depuis le passage à la monnaie européenne, a été réévalué de 5 à 7 euros par donneur.

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