Décès de l’ex-ministre Alain Devaquet, père d’une réforme avortée de l’université
L'ex-ministre RPR Alain Devaquet, père d'une réforme de l'université avortée en 1986 après le mouvement de contestation étudiante le plus...
Par Frédéric DUMOULIN
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L'ex-ministre RPR Alain Devaquet, père d'une réforme de l'université avortée en 1986 après le mouvement de contestation étudiante le plus important depuis Mai 1968 et la mort du jeune Malik Oussekine, est décédé vendredi à l'âge de 75 ans.
M. Devaquet, qui avait dû dans la foulée de ces événements démissionner de son poste de ministre délégué à la Recherche et à l'Enseignement supérieur du gouvernement Chirac, est mort à l'hôpital Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne) des suites d'un cancer, a annoncé à l'AFP sa compagne Claude-Annick Tissot.
Lors de la première cohabitation, ce grand universitaire et ministre de Jacques Chirac avait porté, à l'automne 1986, le projet de loi donnant davantage d'autonomie aux universités, qui reprenait les grandes lignes du programme UDF-RPR des législatives, six mois plus tôt.
Cette réforme avait aussitôt été dénoncée par les syndicats lycéens et étudiants qui y voyaient la porte ouverte à une sélection accrue, à l'augmentation des frais d'inscription et à une université à deux vitesses. Alain Devaquet avait alors dû affronter plusieurs semaines de manifestations monstres, à Paris et à travers toute la France, où étudiants et lycéens défilaient aux cris de "Devaquet, si tu savais...".
Son ministre de tutelle, René Monory, avait alors repris le dossier en main en proposant la suppression de plusieurs des articles les plus contestés de la réforme.
La mort, le 6 décembre 1986, d'un étudiant, Malik Oussekine, à la suite d'une intervention musclée de la police dans le Quartier latin à Paris, devait toutefois définitivement sonner le glas de cette réforme: Alain Devaquet présentait sa démission- décidée, confiera-t-il plus tard, dès avant la mort du jeune étudiant, quand il avait compris qu'il était "dépossédé du dossier"- et, le 8 décembre, Jacques Chirac retirait le projet de loi.
- Fils et petit-fils de boulanger -
Manifestation contre le projet de réforme de l'université d'Alain Devaquet, le 4 décembre 1986 à Paris
AFP/Archives
Ce mouvement étudiant d'ampleur avait considérablement affaibli le Premier ministre d'alors, sévèrement battu, moins de 18 mois plus tard, au second tour de la présidentielle de 1988 par le président sortant socialiste, François Mitterrand.
"Alain Devaquet était un grand universitaire et un honnête homme à la recherche de l'intérêt général", a salué dimanche sur Twitter l'actuel ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.
Ancien leader du mouvement étudiant contre sa réforme, le sénateur PS David Assouline a lui aussi rendu hommage à "un républicain, un homme sensible et sincère, ouvert au dialogue, un universitaire de qualité et qu'(il) savait profondément bouleversé par la mort de Malik Oussekine".
Né le 4 octobre 1942 à Raon-l'Etape (Vosges), Alain Devaquet, entré au RPR dès 1977, a également été député de Paris (1978-1981 et 1988-1997) et maire du XIe arrondissement de la capitale (1983-1995).
Issu d'un milieu modeste, il avait eu une scolarité et un parcours universitaire brillants. Bachelier à 15 ans, élève de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud à 20 ans, agrégé de chimie et docteur ès sciences, chargé de recherche aux Etats-Unis et au Canada, il était devenu professeur à la Sorbonne à 30 ans et à Polytechnique à 32 ans.
"Je suis fils et petit-fils de boulanger, déclarait-il à L'Express juste avant sa démission, et si je n'avais pas obtenu de bourses, je serais encore dans la boulange".
Cheveux blonds, regard clair, visage enfantin, ce Vosgien discret et plutôt solitaire, fumeur de pipe et de droite très modérée, était devenu en quelques jours la cible de toutes les attaques, les slogans étudiants le ciblant personnellement ("Un Vaquet, ça va, Devaquet, bonjour les dégâts").
Un an plus tard, en publiant son livre "L'Amibe et l'étudiant", il regrettera que la droite, qui avait "en mars 1986, face aux universitaires et aux chercheurs, une opportunité" en ait "fait une crise".
Revenant sur son départ du gouvernement, il maintenait sa "fidélité" à Jacques Chirac mais lâchait à propos de son ancien ministre de tutelle: "Monory me piquait le guidon et crevait mon pneu. Il fallait bien qu'il survive, à défaut d'exister".
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