Déconfinement : les jauges annoncées par Jean Castex « sont une contrainte qui peut être rédhibitoire pour certains établissements » s’inquiète Serge Babary

Déconfinement : les jauges annoncées par Jean Castex « sont une contrainte qui peut être rédhibitoire pour certains établissements » s’inquiète Serge Babary

Dans un entretien accordé au Parisien, le Premier Ministre a détaillé le plan de déconfinement gouvernemental, qui prévoit la réouverture au 19 mai des terrasses à 50 % de leur capacité et l’obligation du passe sanitaire pour tout rassemblement réunissant plus de 1 000 personnes.
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Par Jules Fresard

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« Nous sommes enfin en train de sortir durablement de cette crise sanitaire ». C’est du moins ce qu’a affirmé lundi 10 mai Jean Castex dans une interview accordée au Parisien, où le Premier ministre a détaillé le plan de déconfinement prévu par le gouvernement. Ce dernier vise à une réouverture progressive en trois dates, où les jauges d’accueil vont être d’abord contraignantes pour être progressivement levées d’ici au 30 juin.

Des jauges omniprésentes

Première date, celle du 19 mai. Et première annonce, les terrasses des bars et restaurants pourront bien rouvrir, mais avec une jauge à 50 % de leur capacité d’accueil. Obligation sera donnée aux clients de ne pas dépasser six personnes par tablée, et de rester assis. L’intérieur des établissements restera lui bien fermé comme l’avait annoncé le gouvernement initialement. Seuls les hôtels pourront accueillir des personnes à l’intérieur, mais uniquement pour leurs clients.

Au 9 juin, les terrasses pourront cette fois monter à 100 % de leur capacité d’accueil, et les établissements rouvrir en intérieur, mais encore une fois avec une jauge fixée à 50 % et seulement six personnes par tablée, en intérieur comme en extérieur. Ce n’est seulement qu’au 30 juin que les restaurants comme les bars pourront rouvrir à 100 % de leur capacité.

Un plan de déconfinement pour les bars et restaurants qui se montre particulièrement prudent, et qui illustre la volonté du gouvernement de ne pas précipiter la réouverture du pays, alors qu’un risque de quatrième vague n’est pas encore totalement mis de côté.

Pour Serge Babary, sénateur LR d’Indre-et-Loire et président de la délégation sénatoriale aux entreprises, les jauges annoncées « sont une contrainte qui peut être rédhibitoire pour certains établissements. La jauge à 50 % peut être dissuasive pour un certain nombre de petits établissements, qui vont diviser leur clientèle par deux et n’auront pas intérêt à faire l’effort de rouvrir » continue le sénateur, qui demande donc que « l’accompagnement économique se poursuive jusqu’à la fin des contraintes ».

Concernant les établissements culturels, au 19 mai, les cinémas et salles de spectacle pourront accueillir du public, mais là aussi avec une jauge, fixée à 35 % de leur capacité, dans la limite de 800 spectateurs maximum. Les magasins « non-essentiels » ainsi que les musées et les monuments devront eux s’assurer de respecter un espace de 8 m2 par visiteur. Un assouplissement est prévu au 9 juin, avec 65 % des capacités prévues pour les cinémas et salles de spectacles, et 4 m2 par visiteurs dans les musées et monuments, avant de voir les restrictions complètement levées au 30 juin si la situation sanitaire le permet.

Le rôle clef du passe sanitaire

Parmi cette multitude de spécificités, une nouveauté, l’apparition officielle du passe sanitaire dans le plan de déconfinement présenté par le Premier ministre, qui va s’avérer nécessaire pour assister à certains événements.

Pour rappel, ce dernier est accessible aux personnes possédant un certificat de vaccination, un test PCR négatif datant de moins de 72 heures ou un certificat de rétablissement du Covid. Il avait dans un premier temps été évoqué par la Commission européenne, qui l’avait présenté comme une solution permettant aux Européens de voyager, puis repris par le gouvernement français qui entend le développer au travers de son application TousAntiCovid.

Ainsi, ce dernier sera demandé dès le 9 juin pour accéder à tout événement réunissant plus de 1 000 personnes, que ce soit les salons, les foires, mais aussi les festivals, assis dans un premier temps au 9 juin, puis debout au 30 juin, et les concerts, à nouveau autorisés à la même date. Même demande du côté des enceintes sportives, où un passe sanitaire sera exigé quand le public accueilli dépassera les 1 000 spectateurs.

Un « passeport vert » qui appelle donc à s’imposer dans la vie des Français, et qui fait dire à Loïc Hervé, membre de la commission sénatoriale des lois, opposé au principe de l’outil, qu’il s’agit là « du début du déploiement avec un risque de généralisation ensuite ». Le sénateur centriste y voit un « risque de dérive énorme ». D’autant plus que, selon lui, « le principe de non-contrepartie à la vaccination vole en éclat ».

L’Assemblée Nationale a voté hier la mise en place du passe sanitaire après des débats très vifs. Le Sénat examinera les dispositions le concernant le 18 mai prochain en séance.

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