Dégressivité des allocations-chômage : « Une vieille recette populiste », s’insurge Pavageau (FO)

Dégressivité des allocations-chômage : « Une vieille recette populiste », s’insurge Pavageau (FO)

Invité de Public Sénat, le secrétaire général de Force Ouvrière considère qu’il est « hors de question » de toucher au niveau des allocations ou d’envisager une dégressivité des droits pour les hauts salaires, dans la réforme de l’assurance chômage.
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La future négociation sur l’assurance chômage devra dégager une économie de 3 à 4 milliards d’euros sur trois ans, selon le document de cadrage du gouvernement. Et les pistes proposées pour y parvenir suscitent la colère de Pascal Pavageau, le secrétaire général de Force Ouvrière (FO), qui s’en est expliqué sur notre antenne ce matin.

« Il est hors de question que nous allions nous prendre des mesures de dégressivité ou de baisse du niveau des indemnisations – qui sont des droits – sur le dos des demandeurs d'emploi (...) L'État n'a pas à nous imposer quelque chose », a-t-il expliqué, jugeant l’État « responsable » du déficit de l’Unédic.

Le responsable syndical s’oppose notamment à toute dégressivité des allocations-chômage. Jeudi, le Premier ministre avait annoncé sur France 2 qu’elle pouvait être « envisagée » dans « certains cas ». Sans y faire explicitement référence, le gouvernement a en ligne de mire les cadres et les plus hauts salaires. Pour Pascal Pavageau, il ne s’agit rien de moins qu’une « vieille recette populiste ».

« Nous défendons la logique assurantielle et de solidarité liée au salaire différé, parce que derrière il génère un droit, et un droit il s’applique car nous sommes dans un État de droit », a expliqué le leader de FO. Et d’ajouter, en référence à une expérimentation menée au début des années 90 : « Il a été fait la démonstration que ça ne marchait pas ».

« On n’est pas des sous-traitants »

La semaine dernière, le comité confédéral national de FO a donné son feu vert pour que l’organisation participe à la négociation, comme la CFDT. La CGT et le patronat doivent se prononcer dans les prochaines heures. « On travaillera avec les autres interlocuteurs sociaux, patronat et syndicats, pour ouvrir une négociation, avec ou sans lettre de cadrage, pour y défendre nos positions et nos revendications », a promis ce matin Pascal Pavageau.

Les relations entre l’exécutif et les syndicats se sont-elles réchauffées, depuis la rencontre entre Emmanuel Macron et les syndicats à l’Élysée le 17 juillet dernier ? Même s’il reconnaît qu’il y a « incontestablement des efforts », Pascal Pavageau considère que l’on « est toujours dans la logique d’avant le 17 juillet ». « On continue d’avoir une logique de tu penses donc tu suis », a-t-il déploré, accusant l’exécutif de court-circuiter les organisations syndicales et le patronat :

« Ce n’est pas une start-up nation. Le chef de l’État ne peut pas se comporter en passant des contrats avec les citoyens ou en considérant que les interlocuteurs sociaux sont des sous-traitants. On n’est pas des sous-traitants ».

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