Démantèlement de la Jungle: la question des enfants migrants reste posée

Démantèlement de la Jungle: la question des enfants migrants reste posée

La question des migrants mineurs présents en France qui souhaitent rejoindre un membre de leur famille en Grande-Bretagne est...
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La question des migrants mineurs présents en France qui souhaitent rejoindre un membre de leur famille en Grande-Bretagne est revenue au premier plan, mercredi, un mois et demi après la fin de l'évacuation de la "Jungle" de Calais.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a plaidé pour un "dialogue renforcé" avec Londres afin de trouver "une solution conforme aux intérêts" des enfants migrants. Et, le même jour, Human Rights Watch a demandé à Londres d'élargir ses critères d'application pour accepter le transfert de migrants mineurs non accompagnés.

Quelques 1.950 jeunes migrants avaient été pris en charge après le démantèlement de la "Jungle" de Calais, fin octobre, et relogés dans des centres d'accueil en France, dans l'attente de l'examen de leur demande de transfert par les autorités britanniques.

Près de 500 d'entre eux ont été transférés en Grande-Bretagne depuis cette date, selon le ministère français de l'Intérieur.

"C'est-à-dire qu'il reste aujourd'hui 1.200 mineurs dans les Centres d'accueil et d'orientation mineurs (...). Il y a des manifestations de désarroi, il y a aussi des manifestations de désespoir, mais notre objectif, pour chacun de ces jeunes, est que tous les droits lui soient ouverts", a reconnu à l'Assemblée nationale le ministre de l'Intérieur.

"Il y a des décisions qui doivent être prises à nouveau, et notamment le dialogue avec le Royaume-Uni doit être renforcé, il y a des situations individuelles qu'il faut régler et qui ne sont pas compréhensibles pour des jeunes qui ont été séparés, notamment d'une partie de leur famille, il doit y avoir aussi un accueil complémentaire et de façon très diplomatique, vous le comprendrez, j'appelle aujourd'hui à ce que nous trouvions, nos deux pays, une solution conforme aux intérêts de ces mineurs", a-t-il souligné.

- Grève de la faim -

Des inquiétudes sont apparues ces derniers jours, après des articles dans la presse britannique notamment, s'alarmant d'une possible fermeture des portes du Royaume-Uni.

Londres s'est engagé à accueillir tous les mineurs isolés ayant de la famille en Grande-Bretagne et à "étudier" les dossiers de ceux "dont l'intérêt supérieur serait de rejoindre ce pays".

Mais le gouvernement britannique a resserré ses critères mi-novembre: il fallait avoir 12 ans ou moins, ou être exposé à un risque élevé d'exploitation sexuelle, ou bien avoir 15 ans ou moins pour les Syriens ou Soudanais.

"Beaucoup d'enfants migrants non accompagnés en France sont désespérés et ne souhaitent rien d'autre que de rejoindre leurs familles au Royaume-Uni", a déclaré mercredi Juliane Kippenberg, directrice adjointe de la division Droits de l'enfant de HRW.

"En l'absence d'espoir véritable que leur statut sera résolu prochainement, il existe un risque réel que certains de ces enfants quittent les centres pour tenter de rejoindre le Royaume-Uni, risquant de se retrouver sans abri ou d'être victime d'exploitation et de violence", a-t-elle souligné.

Pour HRW, Londres doit élargir ses critères d'application "pour s'assurer que les enfants plus âgés ne soient pas exclus de l'examen des dossiers". L'association cite notamment le témoignage d'un garçon de 17 ans, originaire d'Éthiopie, transféré de Calais en Nouvelle-Aquitaine, qui attend de rejoindre son cousin en Angleterre.

"Je ne mange plus, je ne dors plus, je n'arrive plus à rien faire. Je suis inquiet de ce qu'il va se passer (...). Je ne sais pas combien de temps je vais tenir. Je préfère retourner à Calais et monter dans un camion là-bas et aller mourir là-bas plutôt que de rester", assure ce jeune homme.

Mardi, le Défenseur des droits Jacques Toubon avait déjà regretté que l'intérêt des mineurs de Calais "n'(ait) pas fait l'objet d'une priorité" lors du démantèlement du bidonville, ni dans leur accueil en centres d'hébergement.

A Réalville (Tarn-et-Garonne), dix-neuf migrants afghans, âgés de 13 à 17 ans, ont observé de vendredi à lundi soir une grève de la faim dans un centre d'accueil pour protester contre le refus du Royaume-Uni de leur offrir l'asile.

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