Depuis Epernay, Macron intervient en urgence sur le front social
Lors d'une allocution surprise au beau milieu d'une visite dans la Marne, Emmanuel Macron a annoncé jeudi un "plan d'urgence conséquent" pour l...

Depuis Epernay, Macron intervient en urgence sur le front social

Lors d'une allocution surprise au beau milieu d'une visite dans la Marne, Emmanuel Macron a annoncé jeudi un "plan d'urgence conséquent" pour l...
Public Sénat

Par Laurence BENHAMOU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Lors d'une allocution surprise au beau milieu d'une visite dans la Marne, Emmanuel Macron a annoncé jeudi un "plan d'urgence conséquent" pour l'hôpital, l'un des foyers de colère qu'il cherche à déminer l'un après l'autre dans un climat social sous tension.

Venu pour visiter le Mémorial de la bataille de la Marne à Dormans puis à Épernay parler de ses réformes au plan local, le chef de l'Etat a décidé, sans préavis, d'intervenir solennellement pour répondre à la colère du personnel hospitalier qui manifestait jeudi un peu partout en France.

Devant un pupitre tricolore installé dans une salle de la mairie d’Épernay, il a voulu donner plus de poids à sa promesse d'un plan d'urgence qui sera annoncé à l'issue du Conseil des ministres mercredi prochain, et marquer sa "considération" et sa compréhension pour le personnel soignant.

Le plan déjà mis en oeuvre par le gouvernement "ne va pas assez vite", a-t-il reconnu, deux ans et demi pile après son investiture, alors que médecins et infirmières protestent depuis six mois contre le manque de moyens et les faibles salaires.

La grogne du personnel hospitalier n'est pas isolée. Mardi, les étudiants ont manifesté contre la précarité. Ce week-end, les "gilets jaunes" fêtent le premier anniversaire de leur mouvement. Et le 5 décembre, le mouvement de grève dans les transports pour protester contre le projet de réforme des retraites s'annonce très suivi, de l'aveu même de l'exécutif.

Emmanuel Macron lors de la visite du Mémorial de la Bataille de la Marne à Dormans (Marne), le 14 novembre 2019
Emmanuel Macron lors de la visite du Mémorial de la Bataille de la Marne à Dormans (Marne), le 14 novembre 2019
POOL/AFP

Face à ce vent de fronde, le chef de l'Etat veut se montrer ces dernières semaines davantage à l'écoute des Français pour la seconde moitié de son quinquennat, toujours plombé par de mauvais sondages.

L'exécutif a amendé sa position sur plusieurs réformes contestées, après de nouveaux arbitrages du chef de l'Etat.

Si la réforme des retraites, il s'est ainsi fin août déclaré en faveur d'un allongement de la durée de cotisation plutôt que par un âge pivot général de 64 ans. C'est lui aussi qui n'exclut désormais pas une application de cette réforme aux seuls nouveaux entrants, pour apaiser une kyrielle de craintes catégorielles, contre l'avis du Haut commissaire aux retraites.

C'est encore lui qui a tranché pour des quotas de migrants, ou encore qui a annoncé l'arrêt du méga-projet Europacity, bête noire des écologistes.

- "Bibi a déjà assez pris" -

Emmanuel Macron, lors de la visite au mémorial de la Bataille de la Marne, le 14 novembre 2019 à Dormans (Marne)
Emmanuel Macron, lors de la visite au mémorial de la Bataille de la Marne, le 14 novembre 2019 à Dormans (Marne)
POOL/AFP

Après les hospitaliers, pourrait-il aussi vouloir céder à d'autres revendications, comme celles des enseignants ? "Les situations sont très différentes" mais "quand les choses sont légitimes et urgentes, il faut réagir vite", a-t-il répondu sans autre précisions, citant "la santé et l'école" comme "les deux socles" de la République.

En arrivant à Épernay, le chef de l'Etat a essuyé quelques huées mais suroit dû répondre aux interrogations inquiètes lors d'un petit bain de foule, dans une ville bouclée par les forces de l'ordre.

Alors que plusieurs nouveaux fronts sociaux s'annoncent, après les mobilisations des pompiers, des avocats, des policiers ou encore des fonctionnaires, le chef de l'Etat ne croit cependant pas à une "coagulation des luttes".

"Il y a des gens qui le veulent", "des gens qui oeuvrent pour cela, qui ont pour projet politique le désordre... qui ont perdu la présidentielle", a-t-il commenté.

"Je ne veux pas avancer dans la division mais je ne veux pas rassembler au prix de l'inaction", a-t-il ajouté, en réponse à ceux, notamment à droite, qui le soupçonnent d'être tentés par l'immobilisme pour calmer les conflits.

Répondant avec un souci pédagogique à des questions tous azimuts des conseillers municipaux d’Épernay, comme la possibilité d'augmenter les bases des taxes foncières, il a dénoncé la difficulté d'une réforme qui ferait des perdants tandis que "ceux qui gagneront ne diront pas merci".

"La revalorisation des bases, on va s'amuser. On n'entendra que les endroits où ça flambe. C'est très compliqué et je ne fais pas tout en même temps. Personne ne le portera, sauf Bibi et Bibi il en a déjà assez pris", a-t-il ironisé.

Partager cet article

Dans la même thématique

Depuis Epernay, Macron intervient en urgence sur le front social
5min

Politique

Mercosur : le Sénat appelle l'exécutif à saisir la Cour de justice de l’Union européenne

Alors que le traité de libre échange pourrait être ratifié samedi par la présidente de la Commission européenne, la France a réaffirmé ce week-end son rejet du texte en l’état. Après l’Assemblée nationale fin novembre, c’est au tour du Sénat de se prononcer à l’unanimité sur une proposition de résolution visant à demander au gouvernement de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier la conformité de l’accord.

Le

French President Emmanuel Macron Meets Readers in Marseille to Discuss Democracy and Social Media
5min

Politique

Narcotrafic et plan « Marseille en grand » : ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron dans la cité phocéenne

Nouvelle visite du chef de l’Etat dans sa ville de cœur. Après s’être rendu ce matin sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné par des narcotrafiquants, Emmanuel Macron a annoncé une salve de mesures pour lutter contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Entre une rencontre avec les lecteurs de la Provence, l’inauguration d’un commissariat et la visite du chantier de la gare, Emmanuel Macron a aussi défendu le bilan de son plan « Marseille en grand ».

Le

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
2min

Politique

Budget : qui sont les sénateurs qui participeront à la commission mixte paritaire ?

Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.

Le