Depuis l’élection de Macron, un nouveau monde politique en marge des partis
"Retrait", "prise de recul", voire démission fracassante... À l'image d'Alain Juppé ou Xavier Bertrand, nombre de ténors s'éloignent des partis...

Depuis l’élection de Macron, un nouveau monde politique en marge des partis

"Retrait", "prise de recul", voire démission fracassante... À l'image d'Alain Juppé ou Xavier Bertrand, nombre de ténors s'éloignent des partis...
Public Sénat

Par Paul AUBRIAT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

"Retrait", "prise de recul", voire démission fracassante... À l'image d'Alain Juppé ou Xavier Bertrand, nombre de ténors s'éloignent des partis politiques traditionnels, jugés incapables de gagner les élection et inadaptés au "nouveau monde" d'Emmanuel Macron.

Pur produit du RPR - il en fut le président entre 1994 et 1997 - puis fondateur de l'UMP en 2002, dont il a conservé la tête pendant deux ans, Alain Juppé a - quasiment - renoncé à un engagement partisan vieux de plus de quarante ans, lundi, en annonçant ne plus payer sa cotisation à LR.

"Je veux être libre. J'ai envie de liberté et d'analyse. Je ne cherche pas à créer un parti ou une chapelle", s'est justifié l'ancien Premier ministre, qui faisait jusqu'alors figure de fidèle parmi les fidèles et l'un des plus loyaux au parti, y compris dans les défaites et les scandales.

Mais à 72 ans, l'ex-candidat malheureux à la primaire de la droite de 2016 a vu ses espoirs présidentiels douchés, d'autant qu'une partie de ses troupes, Édouard Philippe en tête, a rejoint la majorité macronienne.

L'ancien Premier ministre Manuel Valls, à l'Assemblée nationale, le 19 décembre 2017
L'ancien Premier ministre Manuel Valls, à l'Assemblée nationale, le 19 décembre 2017
AFP

La prise de recul d'Alain Juppé apparaît comme une énième conséquence de l'élection d'Emmanuel Macron et de la recomposition - ou décomposition, selon les plus pessimistes - de la vie politique, dans laquelle les partis traditionnels, jugés incapables d'honorer leur promesse de machine à gagner, ne semblent plus indispensables.

Dès juin, c'est un autre ex-Premier ministre, Manuel Valls, qui quittait le Parti socialiste pour devenir simple député de l'Essonne, apparenté La République en Marche. Ses ambitions sont pourtant intactes.

- Une 'respiration', avant un retour ? -

Les "prises de distance" de certains ténors s'apparentent à un retrait en douceur de la vie politique, comme pour l'ex-Premier ministre LR Jean-Pierre Raffarin, les anciens ministres LR Dominique Bussereau et Alain Lamassoure ou le patron des sénateurs PS Didier Guillaume, qui a indiqué mardi vouloir mettre fin à ses fonctions électives.

Mais certains quadragénaires et quinquagénaires entendent relancer leur carrière en marge des partis, inspirés par le big-bang électoral de 2017.

Un temps promise à la tête du PS, Najat Vallaud-Belkacem, autrefois dépeinte comme archétype de l'apparatchik de la rue de Solférino, a surpris en mettant sa carrière politique entre parenthèses pour rejoindre la maison d'édition Fayard.

"Bien sûr, ça ne veut pas du tout dire qu'elle abandonne la politique", souffle l'un de ses proches, qui n'y voit qu'une "respiration" avant un probable retour.

Son ancien collègue dans le gouvernement Valls, Thierry Mandon, a lui aussi pris du champ pour se consacrer au lancement d'un nouvel hebdomadaire, Ebdo. La démarche n'est pas sans rappeler celle d'un de ses ex-camarades du courant Nouveau Parti Socialiste vingt ans plus tôt : en 1998, Henri Emmanuelli avait lancé Le Quotidien de la République, qui s'était arrêté après seulement onze numéros. Ce qui n'avait pas empêché le socialiste de redevenir député deux ans plus tard.

- Xavier Bertrand, ambition élyséenne -

Arnaud Montebourg, qui avait dit "quitter la vie politique" en 2014 avant d'être candidat à la primaire de la gauche deux ans plus tard, jure aujourd'hui que "le désir (de la politique) l'a quitté".

L'ancienne ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, quitte l'Elysée après un conseil des ministres, le 22 mars 2017
L'ancienne ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, quitte l'Elysée après un conseil des ministres, le 22 mars 2017
AFP/Archives

Figure de la droite modérée, Xavier Bertrand a fait le choix de quitter Les Républicains début décembre, au lendemain de l'élection de Laurent Wauquiez à la présidence du parti, sans pour autant avoir "l'intention de rejoindre un parti politique ou de créer un parti".

C'est en cavalier seul que le patron des Hauts-de-France entend honorer son ambition élyséenne, en espérant trouver le même "trou de souris" qui avait permis à Emmanuel Macron de s'imposer en mai 2017, hors primaire et hors parti.

Au Front national, Marion Maréchal-Le Pen s'est également mise en congé au lendemain de la défaite de sa tante Marine, renonçant à briguer un nouveau siège de député. Plébiscitée par les militants frontistes, disposant de solides réseaux, la jeune femme de 28 ans n'a toutefois jamais caché pas qu'elle pourrait "peut-être" revenir en politique.

Partager cet article

Dans la même thématique

Depuis l’élection de Macron, un nouveau monde politique en marge des partis
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Depuis l’élection de Macron, un nouveau monde politique en marge des partis
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le