Des sénateurs réclament un fonds de sécurité pour les Français de l’étranger, « ces oubliés de la République »

Des sénateurs réclament un fonds de sécurité pour les Français de l’étranger, « ces oubliés de la République »

Loin d’être satisfaits par la somme allouée par le gouvernement pour aider les expatriés, des sénateurs, comme Jacky Deromedi, ont déposé une proposition de loi pour créer un fonds d’urgence pour les Français de l’étranger. 
Public Sénat

Par Alizé Boissin

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Près de 200 mails par jour. La sénatrice des Français établis hors de France, Jacky Deromedi (LR), croule sous le nombre de messages qu’elle reçoit venant des expatriés. « Je suis en contact avec une famille de Singapour. C’est un couple avec trois enfants, ils ont perdu leur travail avec la pandémie mondiale, ils n’ont plus rien ». « Ce sont souvent des situations désespérées » raconte la sénatrice également présidente de l’Alliance Française de Singapour, « des Français qui tentent de trouver des solutions auprès des consulats. Ils n’ont pas d’aide, et les consulats n’ont plus d’argent » déplore-t-elle.

« Les oubliés de la République »

Le gouvernement a pourtant prévu une enveloppe de 240 millions d’euros à destination des Français de l’étranger pour faire face à la pandémie. Un budget qui comporte, entre autres, une avance de France Trésor à hauteur de 100 millions d’euros pour aider le réseau AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger). L’enveloppe prévoit également d’aider à hauteur de 50 millions d’euros les familles qui ont connu une baisse conséquente de leurs revenus et qui ne peuvent plus s’acquitter des frais de scolarité, « souvent plus chers à l’étranger ». Enfin, 20 millions d’euros sont déjà mobilisés pour faciliter le retour des ressortissants en déplacement temporaire à l’étranger.

Un budget qualifié de « ridicule » par Jacky Deromedi. La sénatrice déplore que le gouvernement ne prenne pas plus en compte la communauté des Français de l’étranger, « les oubliés de la République ». Une communauté estimée à 2,5 millions de personnes selon le ministère de l’Europe et des affaires étrangères. « Pendant cette période de crise, ils souffrent plus que les autres, plus que les outre-mer » estime Jacky Deromedi. « Ils n’ont pas le droit au chômage partiel et le risque de licenciement remet en cause leur possibilité de rester dans leur pays d’accueil » s’inquiète-elle.

Vers un fonds « catastrophe »

Alors pour tenter de les aider, le 10 février dernier, le sénateur Ronan Le Gleut (LR) et les sénateurs Christophe-André Frassa et Jacky Deromedi ont déposé une proposition de loi pour créer un fonds d'urgence pour les Français de l'étranger. L’objectif ? Aider sans délai ses bénéficiaires à faire face aux crises, qu’elles soient naturelles ou sanitaires - comme la pandémie de Covid-19 – aux guerres civiles, aux coups d’État, etc. Les sénateurs souhaitent que les crédits de ce fonds soient inscrits au budget général de l’État après consultation de l’Assemblée des Français de l’étranger.  

Si pour le moment, Jérôme Bascher, rapporteur de la proposition de loi, se penche sur la meilleure manière de financer ce fonds, les sénateurs, à l’origine de l’idée, imaginent l’abonder grâce à une nouvelle taxe. Pensé comme un filet de sécurité, « le fonds n’aurait pas vocation à être utilisé chaque année, mais bien en cas de situation exceptionnelle » insiste Ronan Le Gleut.

Une solidarité pour tous les Français ?

 « Avec les sommes qui sont actuellement dégagées pour les Français, on peut imaginer qu’une petite partie le soit pour les Français de l’étranger » explique la sénatrice. Jacky Deromedi imagine de son côté, ce fonds sous forme « d’avance, que les expatriés rembourseront ».

D’après Jacky Deromedi, la crise sanitaire est « peut-être le bon moment pour changer les mentalités et l’esprit des gens ». En effet, la sénatrice, également rapporteure d’une proposition de loi sur la fiscalité des Français de l’étranger, se bat contre « le cliché » qui colle à la peau des expatriés : « Les exilés fiscaux ». « Je ne connais pas beaucoup de Français qui partent juste pour payer moins d’impôts, ce sont des gens courageux, ils ont juste besoin d’un peu d’aide pour mieux repartir ensuite » assure-t-elle.

La proposition de loi sera en discussion le 2 juin dans l’hémicycle. 

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