Dette publique : quelles sont les propositions des candidats à la présidentielle ?
Malgré un poids évalué à 116 % du PIB, la question de l’endettement public est au second plan des débats de cette élection présidentielle. Souplesse, rigueur, annulation… Public Sénat ausculte le programme des différents candidats à l’élection présidentielle.

Dette publique : quelles sont les propositions des candidats à la présidentielle ?

Malgré un poids évalué à 116 % du PIB, la question de l’endettement public est au second plan des débats de cette élection présidentielle. Souplesse, rigueur, annulation… Public Sénat ausculte le programme des différents candidats à l’élection présidentielle.
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Par Pierre-Louis Boucé

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  • Philippe Poutou, l’annulation pure et simple

Le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste prône l’« arrêt immédiat du paiement de la dette et de ses intérêts qui représentent près de 40 milliards d’euros en 2021 ». Philippe Poutou estime que la dette est due à « la réduction de ses recettes à force de consentir des cadeaux fiscaux aux plus riches, aux entreprises et aux banques ». En 2012, le candidat ouvrier réclamait déjà cette annulation. Au quatrième trimestre de cette année, que la dette publique représentait 1675 milliards d’euros selon l’Insee, contre 2834 milliards en 2021.

 

  • Fabien Roussel, l’entente européenne

Le chantre des « jours heureux » veut « prendre le pouvoir sur l’utilisation de l’argent ». Il entend convoquer une conférence européenne sur la dette et assure que lui président, la France « refusera de faire payer aux peuples » les dettes engendrées par la crise sanitaire.

 

  • Jean-Luc Mélenchon, le recours à la BCE

La dette publique est « instrumentalisée pour justifier l’austérité et les privatisations » selon La France Insoumise. Son candidat à la présidentielle promet de faire racheter par la Banque centrale européenne la part de la dette publique qui circule sur les marchés financiers. Jean-Luc Mélenchon prévoit également un audit citoyen qui déterminerait la part dite « illégitime » de la dette publique, qui ferait l’objet d’un « réaménagement négocié ». Enfin, la dette covid sera « retirée » des comptes de la Sécurité sociale si le candidat de l’Union Populaire accède à l’Élysée.

 

  • Yannick Jadot, la promesse contradictoire

L’écologiste défend un « projet équilibré et budgétairement soutenable », et promet d’améliorer la situation de la France en 2027. Cependant, son programme prévoit un endettement à hauteur de 22 milliards d’euros afin d’investir dans « les infrastructures d’une société décarbonée », sans préciser comment il compte rééquilibrer les comptes publics.

 

  • Anne Hidalgo, la souplesse

Depuis le traité de Maastricht de 1992, le déficit public annuel d’un pays de l’UE ne doit pas excéder 3 % du PIB. La maire de Paris veut abroger cette règle. Elle souhaite également remplacer le Pacte de stabilité et de croissance, censé empêcher les politiques publiques jugées trop dépensières par un « pacte de progrès aux règles […] adaptées à la situation économique de chaque État ».

 

  • Emmanuel Macron pour un retour progressif dans les clous

Lors de la présentation de son programme à Aubervilliers, le président-candidat a annoncé vouloir commencer à rembourser la dette publique dès 2026 et repasser sous la barre des 3 % de déficit en 2027 et compte sur un retour durable de la croissance. Le chef de l’Etat qui table sur les économies réalisées par la réforme des retraites et de l’assurance chômage, prévoit cependant un plan spécifique de 20 milliards d’économies. Mais au-delà de cette déclaration, le programme officiel du site de campagne ne contient aucune mention de la dette ou du déficit.

 

  • Valérie Pécresse, la tradition de rigueur

Fidèle à la pensée de sa famille politique, la candidate des Républicains prône une forme d’austérité et accuse le chef de l’État d’avoir « cramé la caisse ». Elle promet des « décisions courageuses qui ne plairont peut-être pas forcément aux Français » à travers des réformes sur les retraites, le chômage ou la suppression de 200 000 postes de fonctionnaires. Valérie Pécresse table sur 45 milliards d’euros d’économies annuelles afin de ramener la dette à 100 % du PIB en dix ans.

 

  • Nicolas Dupont-Aignan, le support de la Banque de France

Pour l’ancien maire d’Yerres, la France doit « s’imposer de s’acquitter du remboursement » de la dette et de ses intérêts afin de préserver sa « réputation financière » et ses accès aux marchés financiers internationaux. Il prévoit de faire racheter par la Banque de France 460 milliards d’euros de titres de dette sur 5 ans. Le candidat de Debout La France veut également lutter contre l’optimisation fiscale agressive des multinationales étrangères et la fraude à la TVA, qui coûtent selon lui « plusieurs dizaines de milliards d’euros par an »

 

» Lire aussi : Présidentielle : combien coûtent les programmes des candidats ?

 

  • Marine Le Pen, la dette aux mains des Français

Comme Nicolas Dupont-Aignan, la candidate du Rassemblement National met en avant « l’aspect moral essentiel » du remboursement de la dette « contre vents et marées ». Elle souhaite que la dette publique soit avant tout détenue par des investisseurs français, particuliers ou institutionnels de préférence. Sur le plan du budget, Marine Le Pen entend retourner sous la barre des 3 % fixée par Maastricht dès 2026, avec « une réduction du déficit budgétaire d’une quinzaine de milliards d’euros par an ». Refusant l’austérité, elle dénonce dans son programme une « balance commerciale historiquement déficitaire » estime que l’État doit « créer un environnement favorable au développement des entreprises ». Cela passerait alors par la réorientation de l’économie vers une vision « localiste » et « patriote », et la mise en place d’un « Fonds Souverain Français » qui garantirait une rémunération d’au moins 2 % aux citoyens qui y auront investi.

 

  • Éric Zemmour, reprendre la maîtrise dès le début du quinquennat

Le polémiste d’extrême-droite veut faire de la « maîtrise » des finances publiques une « priorité ». Le candidat Reconquête propose notamment « d’amorcer une réduction du déficit public dès 2023 ». L’objectif serait alors de repasser sous le seuil des 3 % dès 2025 pour atteindre 1,7 % en 2027. Pour ce faire, Éric Zemmour affirme pouvoir économiser 65 milliards d’euros en supprimant notamment les aides sociales pour les étrangers extra-européens et les « dépenses non prioritaires ». Le programme officiel reste cependant prudent sur ce point, estimant que cette trajectoire budgétaire « sera très dépendante de l’évolution de la conjoncture économique internationale ».

 

  • Jean Lassalle, l’audit citoyen

La position du député des Pyrénées-Atlantiques sur la dette publique se résume en une seule promesse de son programme officiel : « Réaliser un audit citoyen de la dette ».

 

  • Nathalie Arthaud, l’impasse

La candidate de Lutte ouvrière est la seule à ne pas avoir proposé de mesure concrète au sujet de la dette ou du déficit. Lors de sa première campagne électorale en 2012, elle avait déclaré dans une interview au Progrès : « C’est la dette de la bourgeoisie, c’est elle qui doit la rembourser ».

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