Devant les sénateurs, Jean-Michel Blanquer souhaite «une école de la confiance»

Devant les sénateurs, Jean-Michel Blanquer souhaite «une école de la confiance»

Décret sur la dérogation aux rythmes scolaires, dédoublement des classes de CP dans les réseaux prioritaires, devoirs scolaires, moyens humains : le nouveau ministre de l’Éducation nationale a répondu à de nombreuses interrogations lors de son audition au Sénat.
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Grande affluence à la commission de la Culture et de l’Éducation pour auditionner le nouveau ministre Jean-Michel Blanquer, tant les sujets à aborder étaient nombreux, à deux mois de la prochaine rentrée scolaire. Dans son exposé préliminaire, le ministre a défini sa philosophie. « L’école que je souhaite faire avancer au cours des 5 prochaines années est une école de la confiance, c’est le mot-clé que j’utiliserai. »

Séance d’explication sur la réforme des rythmes scolaires

Rythmes scolaires : « On n'oblige personne à quoi que ce soit », déclare Jean-Michel Blanquer
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La question des rythmes scolaires a été l’un des thèmes les plus évoqués par les sénateurs lors de l’audition, du début à la fin. Il faut dire que le décret permettant de déroger à la semaine de quatre jours et demi a été publié ce mercredi, et que le Sénat a recommandé le statu quo dans un rapport publié début juin (lire notre article). Qu'ils soient de droite ou de gauche, de nombreux sénateurs se sont fait le relais des élus locaux et ont interpellé le ministre, avec parfois des questions et des remarques incisives.

« Je trouve que c’est une décision dangereuse, nous n'avons pas évalué les répercussions », a lancé la sénatrice communiste Brigitte Gonthier-Maurin . « Ce décret arrive un peu rapidement : des petites communes ont fait de gros efforts pour s’adapter », a ensuite insisté Françoise Laborde (RDSE). À la fin du tour de table, Françoise Cartron (PS) tire à son tour la sonnette d'alarme : « les maires sont sous la pression des enseignants et des parents. Ils ne savent plus comment résister : c’est à la fois du conflit et du désordre ».

Rythmes scolaires : « Les maires ne savent plus comment résister : c’est à la fois du conflit et du désordre », déclare Françoise Cartron
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Le ministre de l’Éducation nationale a assuré qu’il ne voulait « pas de retour en arrière » : « il y aura quatre jours, et quatre jours et demi ». Il a ajouté qu’il ne souhaitait voir que « des communautés satisfaites ». Défendant sa position d’offrir la liberté aux collectivités locales, et en éludant quelques questions, Jean-Michel Blanquer a considéré que la question des rythmes n’était « pas le premier facteur de réussite scolaire » et qu’il « n’obligeait personne à quoi que ce soit ».

« Nous sommes dans un domaine où il faut être au plus près du terrain », a-t-il insisté. Sur la question des transports, il réclame du pragmatisme. « Ce n’est certainement pas depuis la rue de Grenelle, que l’on est le mieux capable de définir ce qu’il en est ».

Sur le risque de contentieux locaux, le ministre a répondu :

« C’est le corollaire absolument inévitable d’une certaine liberté lorsqu’on la laisse. Nous devons nous habituer à ce que des débats locaux aient lieu pour arriver à la meilleure solution à la fin. »

Pas de révision du calendrier scolaire dans l’immédiat

Interrogé à deux reprises sur le nombre de jours de cours en France, supérieur à celui de nombreux de pays de l’OCDE, le ministre de l’Éducation a répondu qu’il n’était pas question pour le moment d’envisager une réduction des vacances scolaires pour alléger les journées de cours. « Je ne souhaite pas particulièrement ouvrir ce débat. Il y a suffisamment de dossiers et de sujets […] Sur cinq ans, il n’est pas interdit de retravailler sur ces questions. »

Le ministre précise le projet de dédoublement des classes de CP

Jean-Michel Blanquer assure que l'objectif de 70% de classes de CP dédoublées en REP et REP+ sera tenu
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Parmi les grandes priorités affichées par le ministre : le primaire, « la mère de tous les enjeux » selon lui. « On a voulu démontrer un volontarisme » contre « l’immobilisme » et « l’impuissance publique », a souligné le ministre.

Jean-Michel Blanquer a précisé dans quelles conditions le dispositif de dédoublement des classes dans les réseaux prioritaires d’éducation se déroulerait à la rentrée. Il a confirmé que la réduction des classes de CP à 12 élèves maximum dans les zones les plus défavorisées serait effective dès la prochaine rentrée dans 70% des cas. Il a répondu que ce nouveau système réduirait l’importance du dispositif « plus de maîtres que de classes » :

« Il n’y a pas d’extinction du mécanisme plus de maîtres que de classes. En revanche, il y a une diminution, ça je l’assume. Nous nous allons nous concentrer vers le CP et le CE1. Nous allons comparer les dispositifs et regarder leurs résultats sur une base scientifique. »

Sur le seuil limite d’élèves par classe, Jean-Michel Blanquer a indiqué qu’il n’avait pas un « dogme » sur le chiffre de 12 et qu’il n’interdisait pas certaines classes à 15. « Le pragmatisme est présent, on a ouvert cette possibilité quand c’était pertinent. »

Sur l’avenir des enseignements pratiques interdisciplinaires

« Il n’y a pas de bonne pluridisciplinarité sans excellence disciplinaire », indique Jean-Michel Blanquer sur les EPI
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La logique d’assouplissement de la réforme du collège, qui avait créé les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), répond également au renforcement du primaire, selon le ministre, qui « réfute tout retour en arrière ou détricotage ». « Il n’y a pas de bonne pluridisciplinarité sans excellence disciplinaire », a défendu Jean-Michel Blanquer. « Ma priorité au collège et au primaire, c’est quand même la consolidation des compétences des enfants ».

Le baccalauréat sera conservé

Sur l’épreuve reine du secondaire, le ministre sanctuarise le diplôme sanctionnant l’entrée dans le supérieur. « Le bac est une institution qui n’est pas remise en cause », a développé Jean-Michel Blanquer. « J’y suis tellement attaché que je souhaite qu’il y ait plus de force dans les temps à venir et qu’il soit plus utile aux étudiants pour réussir. »

« Internaliser » les devoirs scolaires

Jean-Michel Blanquer détaille le dispositif « devoirs faits »
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Comme sur d’autres dossiers, Jean-Michel Blanquer invoque le « pragmatisme » pour réaliser les devoirs des élèves dans la sphère scolaire. Le ministre veut mobiliser les enseignants (à travers des heures supplémentaires) ainsi que les associations déjà investies sur ce terrain. Il souhaite également s’appuyer sur les 60.000 assistants d’éducation, promettant des « évolutions de statut ». Jean-Michel Blanquer annonce que 10.000 services civiques pourront être mobilisés.

Modération et prudence face à la situation budgétaire

« L’école que je souhaite faire avancer au cours des 5 prochaines années est une école de la confiance », déclare Jean-Michel Blanquer
02:38

Jean-Michel Blanquer a insisté sur la présence au gouvernement d’un secrétariat d’État chargé des personnes handicapées. « Nous avons évalué nos besoins à 8.000 contrats aidés pour la rentrée prochaine. C’est un effort considérable eu égard aux difficultés budgétaires. Il appartiendra au Premier ministre de confirmer cet effort », a-t-il annoncé, à la veille de la remise de l’audit de la Cour des Comptes.

Dans sa conclusion, le ministre a appelé que la situation budgétaire était également à une équation à prendre en considération dans sa politique :

« La situation budgétaire, vous l’avez compris, doit, si possible, ne pas être le principal sujet. Nous allons être, je pense, dans une situation de moyens constants dans les temps à venir : je pense que c’est une chance, ça permet de concentrer notre attention, non plus sur les moyens en général, […] mais aussi sur des sujets qualitatifs. »

Jean-Michel Blanquer : « La situation budgétaire, vous l’avez compris, doit, si possible, ne pas être le principal sujet »
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