Didier Sicard : la formation des médecins généralistes est une «contre-formation»
Faiblesse de l’apprentissage de la relation au patient, hyper-technicité des apprentissages, verticalité de la formation, rien ne va plus dans la formation des médecins. C’est en tous les critiques nourris portées par les invités de l’émission Un monde en docs. À commencer par la place de la pratique hospitalière dans le cursus de tous les étudiants, y compris pour ceux qui n’ont pas l’intention d’y exercer. Une aberration pour le professeur Didier Sicard, président d’honneur du Comité national d’éthique qui parle même de « contre-formation ».

Didier Sicard : la formation des médecins généralistes est une «contre-formation»

Faiblesse de l’apprentissage de la relation au patient, hyper-technicité des apprentissages, verticalité de la formation, rien ne va plus dans la formation des médecins. C’est en tous les critiques nourris portées par les invités de l’émission Un monde en docs. À commencer par la place de la pratique hospitalière dans le cursus de tous les étudiants, y compris pour ceux qui n’ont pas l’intention d’y exercer. Une aberration pour le professeur Didier Sicard, président d’honneur du Comité national d’éthique qui parle même de « contre-formation ».
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Par Pierre Bonte-Joseph

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C’est un passage obligé dans la formation de médecin. D’abord comme externe puis à partir de la septième année comme interne, les étudiants de médecine, font leur formation à l’hôpital. Un rôle capital dans le quotidien des services de soins pour la cheffe de service Agnès Hartemann « On touche du doigt le problème des hôpitaux, les internes servent à faire tourner le service ».

 

Les médecins généralistes ont perdu foi en « eux-mêmes »

Si leur rôle est essentiel, leur formation n’en demeure pas moins imparfaite pour Didier Sicard. Pour le président d’honneur du Comité national d’éthique il s’agirait même d’une « contre-formation » : « la formation à l’hôpital n’a tellement rien à voir avec la formation de médecin généraliste. Le médecin généraliste, il est démuni parce qu’il a l’impression que seul l’hôpital est capable d’avoir la technique et lui, il se sent au fond démobilisé, il se sent solitaire, dépossédé de sa capacité de médecin parce que l’hôpital lui a appris que seul l’acte échographique, l‘acte biologique avait de la valeur. Lui, il n’a que ses mains, que ses yeux et ses oreilles. Tellement dévalorisé qu’il finit par devenir un prescripteur. Il a perdu sa foi en lui-même ». Pour l’ancien médecin, les Français l’ont si bien intégré qu’en cas d‘urgence ils se tournent d’abord vers les plateaux techniques des hôpitaux. 

« Le médecin généraliste, on l‘a censuré, on l’a castré et c’est quelque chose d’extrêmement grave. C’est la raison principale pour laquelle, selon lui, les étudiants se détourneraient de cette voie.
Aujourd’hui pour Agnès Hartemann, le mouvement commence à s’inverser « C’est vrai que la formation, elle, devrait être sur le terrain, maintenant les internes vont faire des formations aux cabinets de médecine générale, heureusement, mais c’est encore assez peu ».

 

Une hiérarchie pesante

Mais ce n’est pas la seule critique formulée sur le parcours de formation des jeunes médecins. Pour Martin Winckler, médecin lui-même et auteur de romans à succès, c’est tout le système de la formation qui est à revoir. « Aujourd’hui il y a une tradition de la verticalité » dans les études de médecine en France. « Tout se passe comme si la médecine s’apprenait par imitation de la figure tutélaire. Dans d’autres pays, on apprend de tout le monde, parce que toutes les expériences sont respectables. En France on est encore dans cette relation verticale selon laquelle au fond on apprend uniquement de son patron. Ça c’est délétère ce n’est pas favorable à un apprentissage respectueux de tout le monde et qui soit du soin ».

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