Ce qu’il faut retenir du grand oral des candidats à la présidentielle devant les maires

Ce qu’il faut retenir du grand oral des candidats à la présidentielle devant les maires

Les onze candidats se sont succédés durant toute la journée de mercredi devant les maires et les présidents d’intercommunalités. Retrouvez toutes les vidéos ici
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Jacques Cheminade : « L’intercommunalité est nécessaire »

Cheminade : "Tout doit reposer sur la commune"
01:38

« Tout doit reposer sur la commune, pilier d’une République à la fois décentralisée et déconcentrée », estime Jacques Cheminade. Le candidat à l’élection présidentielle fait référence à Tocqueville, pour qui « c’est dans les communes qu’est la force des peuples libres ». Il prend d’ailleurs l’engagement d’arrêter la baisse de leurs dotations et tient à ce que « l’Etat n’impose plus de dépenses nouvelles dans ressources nouvelles ».

Pour autant, le président de Solidarité et Progrès ne voit pas d’incompatibilité entre le « tryptique communes, départements et patrie » et les intercommunalités, les régions et les métropoles. A condition toutefois que « les métropoles et les régions ne soient pas les pompes aspirantes de compétences et de moyens (…) et que l’intercommunalité se construise sur la base d’un projet territorial sans transfert de compétences imposé ».  Il ajoute que l’intercommunalité est « nécessaire » mais qu’elle « doit se développer dans le respect absolu du principe de subsidiarité ».

Jacques Cheminade veut abroger la loi NOTRE au motif d’un « impératif de dimension humaine » et « remettre en cause le deuxième volet de la réforme territoriale pour qu’on reconstitue les régions qui correspondent à la volonté de ceux qui les habitent ».

Le candidat tient également à ce que les maires soient consultés pour l’accueil des réfugiés sur leur territoire car, selon lui, ce sont ceux « qui connaissent le mieux les données sociales et démographiques ». Enfin, il souhaite mettre en place un « grand service public du numérique » afin que son accès soit universel.

Philippe Poutou : « Il y a une urgence à arrêter ces politiques d’austérité »

 « Je fais partie des petits candidats mais on a autant de choses à dire que les autres » assure le candidat du Nouveau parti anticapitaliste devant une salle clairsemée. « Merci à ceux qui sont restés après le passage des gros candidats » s’amuse-t-il. Il a tout d’abord souhaité rendre hommage aux élus locaux. « J’ai essayé d’être maire de Bordeaux, en 2014 mais c’est Alain Juppé qui avait tout raflé » a-t-il rappelé, saluant surtout les maires des petites villes qui ont permis au candidat d’obtenir ses 500 parrainages.

Philippe Poutou raconte ses relations complexes avec Alain Juppé
01:06

Redevenant sérieux, il a pointé du doigt les problèmes financiers des communes. « Plus ça va et plus c’est difficile » affirme-t-il évoquant la baisse des dotations pour les communes. « Les élus locaux sentent bien que les pouvoirs de décision s’éloignent des communes et cela pose des problèmes de démocratie. »

Philippe Poutou : « Il y a une urgence à arrêter ces politiques d’austérité »
01:01

Selon lui, « il y a une urgence à arrêter ces politiques d’austérité » car « une commune qui a moins d’argent baisse ses services publics. » De la même façon, il estime que l’intercommunalité « ne devrait pas être imposée. »

Asselineau : « Je propose d’arrêter immédiatement les fusion forcées de communes »

Asselineau : « Je propose d’arrêter immédiatement les fusion forcées de communes »
02:30

Sortie de l’Union Européenne, respect de la Constitution française, François Asselineau est resté sur son credo lors de son allocution devant les maires de France.

Selon ses calculs, « la France verse chaque année 23 milliards d’euros à l’Union européenne et qu’elle en récupère 14 (….) Ainsi sortant de l’Union Européenne, nous aurons 9 milliards d’euros cash en plus (…) Face à tous ses chiffres, on peut très bien continuer à avoir le réseau de collectivités locales et de communes françaises telles que nous les avons héritées de la Révolution » affirme, le président de l’UPR ( Union Populaire Républicaine). Il accuse également la commission européenne d’être responsable de « la baisse des dotations aux collectivités locales ». Des instructions émanant directement de l’Europe que chaque candidat, à part lui, appliquerait s’il était élu.

« Je propose si je suis élu d’arrêter immédiatement les fusion forcées de communes. Je propose également (…) d’introduire un référendum auprès des populations concernées pour que les populations disent si elles sont d’accord ou non pour les fusions de communes ». Enfin pour appuyer son propos, le candidat à l’élection présidentielle ose une métaphore :

« figurez vous qu’il y a 365 fromages en France, il n’y en a que 6 aux Pays-Bas. Va-t-on dire aux Français qu’ils doivent fusionnez les fromages par paquets de 60 pour avoir le même nombre qu’aux Pays-Bas ».

François Cocq (représentant de Mélenchon): « Nous sommes fidèle à l’œuvre de la Révolution française »

Cocq : "La réforme territoriale a semé une grande pagaille"
02:19

François Cocq, qui représente Jean-Luc Mélenchon au congrès de l’AMF, a rappelé à plusieurs reprises la volonté numéro un de son candidat, à savoir abolir la réforme territoriale, qui « a semé une grande pagaille ».

L’adjoint au maire de Champigny-sur-Marne rappelle l’attachement du leader de la France insoumise aux communes, « cadre le plus fin d’expression de la souveraineté populaire » et fait part du regret de son candidat de voir leur pouvoir affaibli : « On les dévitalise pour les soumettre en les privant de leur poids démocratique. » C’est pourquoi Jean-Luc Mélenchon veut stopper la baisser de leurs dotations et « mettre fin au binôme métropole/région, qui créé de la compétition entre les territoires ». Plus largement, le député européen prévoit de refonder l’ « organisation territoriale par une assemblée constituante pour la 6e République », ce qui implique d’abolir la réforme territoriale « dans son ensemble »

François Cocq s’en prend ensuite aux institutions européennes : « Il faut rompre avec l’absurde règle d’or des 3%. C’est la seule recette pour éviter d’avoir à réduire les dotations aux collectivités locales ». Il tient pour partie responsable la Commission européenne de la réforme territoriale, puisque celle-ci avait appelé à prendre des mesures pour « améliorer les synergies entre administrations locales et centrales ».

En outre, il considère que le parrainage est une « prérogative exorbitante donnée aux élus qu’il faudra abolir ».

Enfin, le porte-voix de Jean-Luc Mélenchon souligne un « point clé » dans le programme du candidat : « Empêcher les fusions de communes et d’intercommunalités imposées. » En d’autres termes : « Oui au regroupement de projets, non au regroupement d’autorités, et oui à la validation in fine par les citoyens. »

Il conclut par une référence à la Révolution française : « Nous sommes fidèles à son œuvre fondatrice, qui consiste à donner à la commune un double rôle, local et national, à savoir administrer leur territoire et être le relais de l’Etat. »

Benoit Hamon souhaite une « obligation de consulter les élus locaux pour tout avant-projet de loi qui les concernerait »

Benoit Hamon souhaite une « obligation de consulter les élus locaux pour tout avant-projet de loi qui les concernerait »
02:14

« Aucun projet présidentiel ne pourra se faire sans vous et sans les communes » a rappelé le candidat socialiste. « Vous ne m’entendrez jamais joindre ma voix à celles qui prétendent qu’il y a trop de communes et d’autres d’élus locaux » poursuit-il, visant, sans le nommer, François Fillon qui souhaitait, lors de la campagne de la primaire de droite, la suppression de 30 000 communes. François Fillon et Emmanuel Macron étaient d’ailleurs les principales cibles de ses critiques. « J’affirme que sont irresponsables tous ceux qui prétendent redonner de la liberté aux communes en réduisant vos dotations et en supprimant des postes de fonctionnaires. Qu’on nous explique comment revitaliser nos territoires si les communes sont asphyxiées financièrement. »

« A l’heure où 75% des Français sont attachés à leur commune, réduire le budget des communes n’aura qu‘une conséquence : creuser les inégalités, accroitre les ségrégations et encourager le désenchantement démocratique » affirme le candidat socialiste.

« Les communes ont besoin de paix et de liberté (…) mais stabiliser l’organisation, ce n’est pas rester inerte » explique-t-il, refusant de revenir sur le « formidable mouvement de décentralisation.» Il souligne que des normes nouvelles « pourraient être nécessaires (…) L’offre que je vous fais repose sur un principe de réalité et de responsabilité. »

Il souhaite ainsi instaurer une « obligation de consulter les élus locaux pour tout avant-projet de loi qui les concernerait (...) Qu’on ne me dise pas que c’est irréalisable, cela a déjà été fait » précise-t-il, donnant l’exemple de la loi Numérique mise en place par son ex-collège Axelle Lemaire. De la même façon, il propose qu’on ne puisse engager de charges nouvelles sans recettes équivalentes.

Il est aussi revenu sur sa réforme des rythmes scolaires, qui lui a valu quelques grognements des élus présents. « Vous avez le droit de grogner. Vous avez le droit de grommeler » s’amuse-t-il avant de redevenir sérieux : « L’école, quand elle est prise en otage par les adultes et qu’on pense les rythmes de l’enfant en fonction des intérêts des adultes, ça n’est pas une bonne école. »

Benoît Hamon répond aux élus sur sa réforme des rythmes scolaires
00:52

Il a enfin évoqué l’autonomie fiscale des collectivités. « C’est un chantier sensible » admet-t-il, proposant d’engager un travail « pour que les collectivités retrouvent des ressources dynamiques qui tiennent compte de leur territoire. »

Fillon confirme vouloir limiter à « 7,5 milliards d’euros sur 5 ans » les économies demandées aux collectivités

Fillon confirme vouloir limiter à « 7,5 milliards d’euros sur 5 ans » les économies demandées aux collectivités
01:52

Quand Emmanuel Macron évoque les 10 milliards d’euros qu’il veut imposer aux collectivités, s’il est élu, il se fait siffler par une partie des maires de l’Association des maires de France (voir ci-dessous). Quand François Fillon évoque les économies, rien dans la salle. L’audience est peut-être davantage marquée à droite. Mais il faut dire aussi que la cure que propose aux collectivités le candidat de la droite est un peu moins violente : 7,5 milliards d’euros sur 5 ans, « soit 1,5 milliards par an » a-t-il précisé. Une annonce déjà faite il y a deux semaines devant l’Association des départements de France (voir la vidéo).

François Fillon n’aurait certainement pas connu le même traitement s’il avait maintenu son premier projet, celui de la primaire. Il proposait alors pas moins de 20 milliards d’euros d’économies pour les collectivités sur un total de 100 milliards.

S’il maintient qu’« il va falloir baisser la dépense publique », il a donc mis de l’eau dans son vin : « J’ai tiré les leçons d’abord des erreurs que moi-même j’ai commises, qui de mon point de vue ont été aggravées par le quinquennat actuel. C’est la volonté de baisser de façon brutale les dotations pour ajuster le budget de l’Etat, sans aucune visibilité, (…) et cette idée, qui a été la mienne cependant très longtemps, qui consiste à dire qu’on va imposer une organisation d’en haut. Et bien moi, je change sur ces sujets-là » reconnaît François Fillon. Il ajoute :

« Sur le premier on va négocier. L’objectif que je propose c’est, pour l’ensemble des collectivités, une baisse de dotation de l’ordre de 1 ,5 milliard d’euros par an, ce qui fait 7,5 milliards sur les 5 ans. Ramené aux 10 milliards d’euros que vous venez de subir sur 3 ans… »

François Fillon souligne que « quelque soit le candidat élu, vous aurez à faire face à cette question. Mais je propose qu’on le négocie et qu’on négocie ensemble les contreparties ». L’autre moyen de faire des économies repose sur la « baisse des effectifs » de fonctionnaires.

Face à « la grande instabilité institutionnelle » du quinquennat, François Fillon promet qu’il n’y aura pas de nouvelle réforme territoriale. « Il y a un ras-le-bol devant les changements incessants » dit-il. Il préfère donner « plus de liberté » aux collectivités qui pourront expérimenter, comme sur les fusions de communes, « uniquement sur la base du volontariat ».

« Les communes ne doivent plus être les obligées de l’Etat. Les maires et les élus locaux doivent être plus associés à la définition des politiques publiques » ajoute l’ancien premier ministre, qui entend aussi « lutter contre les déserts numériques, médicaux » ou assurer « la préservation du patrimoine ».

Rachline : « Les maires ne sont pas là pour inaugurer les chrysanthèmes »

Rachline : "Les maires ne sont pas là pour planter des chrysanthèmes"
04:15

Marine Le Pen étant « en déplacement auprès de nos troupes du Sahel », au Tchad, c’est David Rachline, son directeur de campagne, qui l’a représenté au congrès de l’AMF. Le maire de Fréjus assure que les Français trouveront en Marine Le Pen « une candidate viscéralement attachée aux communes ».

Il rappelle la volonté de sa candidate d’engager une « grande réforme de simplification de nos institutions pour ne garder que trois niveaux : les communes, les départements et l’Etat ». Une réforme « gage de proximité et d’économies », ajoute l’élu FN.

« Marine veut mettre fin au développement de l’intercommunalité afin que les communes retrouvent leurs compétences », précise David Rachline avant d’ajouter que « les maires ne sont pas là pour inaugurer les chrysanthèmes ».  Il insiste sur la nécessité de revaloriser leur rôle, notamment en facilitant leur retour à la vie professionnelle et augmentant leurs indemnités.

Le directeur de campagne de la candidate FN plaide pour l’arrêt de toute métropolisation : «  La France de demain pour Marine ce n’est pas quelques métropoles riches et des communes désertées ».

La sécurité est également au programme de Marine Le Pen, qui souhaite que l’Etat travaille en étroite collaboration avec les maires « qui sont de hommes de terrain en la matière ».

Enfin, la candidate FN par la voix du maire de Fréjus entend s’atteler à « la préservation de notre patrimoine ». « Dans plusieurs communes, des restaurations doit être menées », insiste David Rachline. Il conclut en s’adressant aux maires : « Votre charte, à l’exception de l’intercommunalité, nous la signons. »

Nicolas Dupont-Aignan :  « Je n’accepte pas cette France à deux vitesses »

Nicolas Dupont-Aignan : « Je n’accepte pas cette France à deux vitesses »
00:48

Le candidat de Debout la France, député de l'Essonne et Maire de Yerres, s’est engagé dans un grand plaidoyer contre la politique mise en place « depuis 20 ans, » tous gouvernements confondus. « Nous sommes en train d’assister à la mort de nos communes » lâche-t-il. « Ca suffit. Et il serait temps que les maires réagissent davantage (…)  Derrière la mort des maires et des communes, il y a la mort des terroirs et des territoires » poursuit le député-maire. « Est-ce qu’on continue cette politique ? C’est ce que proposent certains candidats » affirme-t-il visant Emmanuel Macron et François Fillon. « Ils proposent d’ailleurs de baisser les dotations. François Fillon de 20 milliards d’euros, Emmanuel Macron de 10 milliards. Comment allons-nous faire alors qu’on sait que les dotations aux communes ont été considérablement réduites. »

« Je propose une autre politique. L’autre politique vise à donner de l’oxygène aux communes, cellule de base de la République » explique-t-il. « Tout en remettant l’Etat sur les dossiers fondamentaux » car ce dernier « asphyxie les communes et se mêle des choses qui ne le regardent pas (…) On a un Etat qui se disperse dans les détails et qui s’est évanoui dans les dossiers fondamentaux. »

Il souhaite ainsi « redonner de la liberté aux communes » et « réhabiliter un Etat stratège. » Parmi ses propositions, la suppression de la loi NOTRe et la « fin des intercommunalités forcées » mais aussi « le renforcement du statut des maires et des élus municipaux. »

« Il faut changer de cap » poursuit-il. « Il faut stopper la baisse des dotations » moquant la proposition de suppression de la taxe d’habitation, proposée par Emmmanuel Macron. « Vous serez simplement un guichet » adresse-t-il aux maires.

« 2017 sera la dernière bifurcation si on veut valoriser nos terrrioires » promet-il. « Je n’accepte pas cette France à deux vitesses qui met en péril l’unité nationale. J’aimerais que les maires réagissent beaucoup plus fortement » affirme-t-il. S’il n’ya pas l’égalité des communes, si on revient à ce système féodal, je crains que notre beau pays ne soit plus le même. »

Par ailleurs, il souhaite mettre fin aux zones blanches en France, notamment en assumant une « politique dirigiste » pour « câbler en très haut-débit » la France entière « en 5 ans. » C'est-à-dire en s‘appuyant sur les opérateurs mais aussi par la loi.

Interrogé sur l’accès aux soins, il estime « inacceptable qu’un jeune Français soit obligé de partir à l’étranger » pour effectuer leur études de médecines. Il propose donc de porter le numérus clausus à 10 000 places contre un peu plus de 8000 aujourd’hui.  Pour inciter les médecins à s’installer dans les territoires ruraux, il propose de « supprimer toutes les charges sociales pour les médecins qui accepteront de signer un contrat de 5 ans pour s’installer dans une zone sous-médicalisées. »

Macron sifflé et applaudi devant les maires de France

Emmanuel Macron devant l'AMF: demande 10 milliards d'économie au collectivités locales sur 5 ans
02:44

Public difficile pour Emmanuel Macron, venu détailler son « pacte girondin » devant les maires de France. Pas de baisse unilatérale de dotations mais des efforts à faire en matière de réduction des dépenses, a-t-il plusieurs fois expliqué sous quelques sifflets.

« Je ne vais pas ici venir vous dire qu’on ne va pas faire d’économie dans les 5 années à venir » annonce, d’emblée, le président d’En Marche. Il réaffirme donc son objectif de « 60 milliards d’économie » pour le prochain quinquennat dont « 10 milliards » concernent les collectivités locales.  Les premiers remous dans la salle se font alors entendre. « Je souhaite que vous vous engagiez dans une trajectoire de baisse de vos dépenses de fonctionnement » a-t-il lancé avec une nouvelle salve de désapprobation en retour. «  On ne va peut être pas être d’accord là dessus (…) je ne vais pas vous mentir (…) Quiconque peut vous dire aujourd’hui qu’on ne fera pas d’effort en dépense publique, côté Etat comme côté collectivités territoriales ou sociales ne vous dira pas la vérité » a-t-il ajouté, cette fois-ci, sous quelques applaudissements.

Puis, comme lors de la présentation de son programme ou encore devant l’assemblée des départements de France, Emmanuel Macron a détaillé sa « conférence des territoires » qui réunira tous les six mois « l’ensemble des collectivités territoriales pour faire le suivi de ces efforts », « avec une évaluation indépendante »

Le président d’En Marche était également attendu sur sa réforme phare d’exonération de la taxe d’habitation. « On attend évidemment d'Emmanuel Macron ce matin qu'il donne des explications, parce que ça c'est vraiment la mise en cause de la liberté locale, c'est la remise en cause en profondeur du principe constitutionnel de la libre administration des collectivités territoriales », affirmait, quelques heures plus tôt, sur franceinfo, François Baroin, président de l’AMF.

« Je ne viens pas devant les maires de France pour me faire siffler » a tout de suite répondu, l’ancien ministre de l’Economie devant le brouhaha. « Je fais partie des décideurs politiques qui refusent de faire siffler ses opposants aux meetings » (…) Si les candidats à l’élection présidentielle ne sont là que pour servir des arguments qui plaisent aux audiences devant lesquelles ils se rendent. Ils ont le choix  entre : ne pas s’y rendre et envoyer des représentants, soit faire plaisir à tout le monde et au final on ne fait plus grand-chose ». Une tirade qui lui vaudra de nombreux applaudissements (voir la vidéo).

Emmanuel Macron: "Je ne viens pas devant les maires de France pour me faire siffler"
00:46

Après cette mise au point, Emmanuel Macron a une nouvelle fois expliqué que « l’Etat remboursera directement aux collectivités, à l’euro près, ce qui techniquement seront des dégrèvements de taxe d’habitation sur la base du taux actuel ». « Les maires conserveront leur plein pouvoir de taux avec un principe : les éventuelles augmentations ne seront pas pris en charge par l’Etat mais par les contribuables ». « La Constitution garantit l’autonomie financière et fiscale des collectivités territoriales et nul ne pourra y porter atteinte » a-t-il affirmé.

Macron détaille sa réforme d’exonération de la taxe d'habitation devant l'AMF
01:02

 

Jean Lassalle : « Si la France s’est autant singularisée, c’est qu’il y a eu cette rencontre si ancienne, charnelle, entre l’homme et le territoire »

Jean Lassalle : « Si la France s’est autant singularisée, c’est qu’il y a eu cette rencontre si ancienne, charnelle, entre l’homme et le territoire »
02:07

C’est l’un des candidats surprise de l’élection présidentielle. Chez les maires, Jean Lassalle est visiblement déjà populaire. Le député-maire de Lourdios-Ichère, commune de 120 habitants des Pyrénées-Atlantiques, a tenu un langage d’amour à ses collègues, devant l’Association des maires de France. Succès assuré. Jean Lassalle fait sourire, parle avec son cœur, évite les discours de technocrate, et ça marche. « Mesdames et Messieurs les maires, merci, merci, merci ! », « vous m’avez profondément touché » a-t-il commencé pour remercier les maires de lui avoir accordé les 500 parrainages, sésame pour l’élection présidentielle.

Celui qui a fait un tour de France à pied en 2013 veut faire « des campagnes et communes de France une grande cause nationale ». Il veut « remettre à la mode ces territoires, cet art de vivre. Ce n’est pas vieux, ce n’est pas périmé » a lancé l’ancien soutien de François Bayrou. Et d’ajouter : « C’est l’âge qui donne les plus grandes lettres de noblesse à nos plus grands crus ». Pour l’ancien berger, « si la France s’est autant singularisée dans tant de domaines, (…) c’est qu’il y a eu cette rencontre si ancienne, charnelle, entre l’homme et le territoire ».

Jean Lassalle veut faire table rase des lois de décentralisation voulues par François Hollande. « J’abrogerai les trois lois et en particulier la loi NOTRe ! » assure-t-il, sous les applaudissements des maires, au sujet du texte qui a renforcé les compétences des régions.

Il entend « redonner sa pleine et entière autorité au maire », tout en « gardant le département ». Il préfère « les premières générations des intercommunalités » que le système actuel. Quitte à en faire des tonnes dans la forme – Jean Lassalle n’est pas avare en emphase – il fait de la défense de la commune une question d’existence :

« Etre ou ne pas être, telle est la question, exister ou mourir, reprendre son destin en main ou subir ! »

Nathalie Arthaud : « Les maires sont "à portée d’engueulade" »

Nathalie Arthaud : « Les maires sont "à portée d’engueulade" »
02:38

« Le problème essentiel des maires, depuis des années, ce sont les baisses de dotations de l’Etat » a expliqué Nathalie Arthaud devant l’AMF, rassemblée à la Maison de la Radio. « Depuis cinq ans, ce sont des dizaines de milliards qui ont été ponctionnés aux collectivités locales. »

La candidate Lutte ouvrière a rappelé le choix cornélien que ces coupes de budget imposent aux maires. « De la part du gouvernement, rogner sur ces dotations est particulièrement cynique : cela permet de faire porter l’impopularité sur les maires. » En effet, ces derniers, selon le mot de Gérard Larcher, le président du Sénat, repris par Nathalie Arthaud, sont « à portée d’engueulade. »

« Cette politique a été engagée sous la droite - je rappelle que François Baroin, le président de l’AMF, était ministre des finances - et poursuivie sous la gauche » a-t-elle souligné. Mais la candidate Lutte ouvrière a rappelé « qu’il est faux de dire qu’il n’y a pas d’argent. De l’argent, il y en a pour arroser les entreprises, il y a en pour payer le CICE et le pacte de responsabilité. »

Gérard Collomb : Avec Emmanuel Macron, les maires « ne perdront pas d’autonomie fiscale »

Gérard Collomb : Avec Emmanuel Macron, les maires « ne perdront pas d’autonomie fiscale »
01:31

Le maire de Lyon et soutien d’Emmanuel Macron s’est exprimé au micro de Public Sénat et LCP-AN pour défendre le projet du candidat d’En Marche. « Il y a une bonne nouvelle dans le programme d’Emmanuel Macron, c’est que la baisse des dotations n’est pas à l’ordre du jour » argue-t-il.

Le maire de Lyon est surtout revenu sur la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, prévue par le candidat et qui effraie de nombreux maires. « On sait que c’est un impôt particulièrement injuste » souligne Gérard Collomb. « De commune à commune, on a une imposition qui est totalement disparate (…) Que dit Emmanuel Macron ? Il dit que c’est l’Etat qui va payer la taxe d’habitation mais les collectivités locales continueront à voir leur base évoluer et leur pouvoir de taux sera gardé donc nous ne perdrons pas d’autonomie fiscale. »

François Baroin : « L’AMF réclame un pacte de mandature pour en finir avec l’instabilité »

François Baroin demande un contrat de mandature entre l'Etat et les collectivités locales
01:50

Le président de l’AMF, François Baroin a rappelé à l’adresse des 11 candidats à la présidentielle, la nécessité « d’un contrat de mandature » entre l’Etat et les collectivités locales.

« L’AMF réclame donc un pacte de mandature pour en finir, une fois pour toute avec l’instabilité institutionnelle que nous avons vécu ». Par ces mots, François Baroin demande au futur président de la République « la reconnaissance de la commune comme socle et pilier de l’organisation décentralisée de la République ». « Cela implique de reconnaitre la modernité de la commune » ajoute-il. « Nous n’avons attendu personne, pour économiser, bien gérer. Nous n’avons attendu personne pour anticiper sur l’utilisation des nouvelles technologies au service des services publics de proximité » a-t-il notamment énoncé sous les applaudissements des élus réunis à la Maison de la Radio.

Enfin, François Baroin, a rappelé que « sur les 100% de PIB de dette, la responsabilité des collectivités locales est de moins de 10% » (…) alors à chacun son métier et les vaches seront bien gardées. Nous attendons aussi que les candidats à la magistrature suprême prennent à bras le corps la part de responsabilité de l’Etat, qui est, je le rappelle, de 80%, dans la structure de la dette »

Anne Hidalgo : « Concernant la baisse des dotations, nous avons atteint le seuil critique »

Anne Hidalgo : « concernant la baisse des dotations, nous avons atteint le seuil critique »
01:07

« Ce n’est pas à une corporation, à un secteur professionnel de plus ou à une sensibilité politique de plus que les candidats vont s’adresser. C’est bel et bien aux sentinelles de la République » a expliqué la maire de Paris.

« Le premier des soucis des sentinelles, c’est de conserver la liberté et les moyens de notre action. Nous ne contestons pas le rôle de l’Etat et de la République mais nous lui demandons d’être stratège ou de le devenir, de ne pas étendre son domaine d’intervention aux dépens de nos communes. »

Aux candidats, Anne Hidalgo demande de « s’engager à nous laisser faire dans tous les domaines où notre efficacité vaut la confiance de la majorité de nos concitoyens. » Et de souligner : « Ne vous substituez pas à nous, ne vous défaussez pas non plus sur nous mais appuyez vous sur nous. »

Elle a aussi évoqué le service public. « Nous en connaissons la valeur et on peut compter sur nous pour le défendre mais aussi pour l’adapter (…)  Je dis clairement à chaque candidat, concernant la baisse des dotations, nous avons atteint le seuil critique.  Nous arrivons au bout de l’exercice. Nous sommes allés au bout des efforts que nous pouvions faire en termes d’économies et de maitrise des dépenses. Aller plus loin risquerait de fragiliser durablement et profondément notre pacte républicain » affirme-t-elle

« Poursuivre la baisse des dotations entraverait le redressement de l’économie française que nos appelons tous de nos vœux (...) Nous ne creusons pas la dette, nous construisons l’avenir. Nous ne ruinons pas nos enfants, nous gérons chaque euros pour léguer un monde meilleur à nos enfants. »

Le programme de la journée

Un nouveau rendez-vous attend les onze candidats à l’élection présidentielle ce mercredi 22 mars : un grand oral devant l’association des maires de France (AMF), à la Maison de la Radio. Public Sénat et LCP-AN, en partenariat avec France Info, vous feront  vivre ces échanges et ces débats, en intégralité, de 9h45 à 16h30.

Tous les candidats seront présents à ce Rassemblement républicain des maires de France, à l’exception de Marine Le Pen, qui sera représentée par David Rachline.

Une charte et un manifeste soumis aux candidats

Ils seront notamment appelés à se prononcer sur les engagements formulés dans la Charte « pour l’avenir des communes et des intercommunalités de France ». Ce texte rédigé par l’AMF réaffirme des grands principes sur les relations entre l’État et les collectivités, sur les moyens budgétaires ou encore l’aménagement et le développement du territoire.

Les onze prétendants à l’Élysée sont également invités à se positionner sur le manifeste des maires. Pour les élus locaux, le prochain président de la République devra s’engager sur un « véritable contrat de mandature », en se fondant sur 15 engagements-clés, allant du renforcement des communes dans le cadre d’une « République décentralisée », à un « pacte financier actant l’arrêt de la baisse des dotations de l’État pour la mandature », en passant par une couverture téléphonique et numérique « performante dans tous les territoires ».

Le programme des interventions

9h20 – 10h00 :

  • Allocution d’accueil de Mathieu Gallet, PDG de Radio France
  • Présentation par Laurent Guimier, directeur de France info, de l’opération « #onfaitquoidemain », ma commune a des idées pour la France »
  • Intervention d’Anne Hidalgo, maire de Paris
  • Intervention de François Baroin, président de l’AMF
  • Intervention d'André Laignel, 1er vice-président délégué de l’AMF

10h00 – 12h15 : Auditions des candidats à l’élection présidentielle

  • 10h00 : Nathalie Arthaud
  • 10h30 : Jean Lassalle
  • 11h00 : Emmanuel Macron
  • 11h30 : Nicolas Dupont-Aignan
  • 12h00 : Marine Le Pen, représentée par David Rachline

13h50 :

  • Intervention de Marie-Eve Malouines, PDG de LCP
  • Intervention d'Emmanuel Kessler, PDG de Public-Sénat
  • Intervention de Pascal Perrineau, politologue, grand témoin

14h15 – 17h15 : Auditions des candidats à l’élection présidentielle

  • 14h15 : Jean-Luc Mélenchon
  • 14h45 : François Fillon
  • 15h15 : Benoît Hamon
  • 15h45 : François Asselineau
  • 16h15 : Philippe Poutou
  • 16h45 : Jacques Cheminade

17h15 : Conclusion par André Laignel et François Baroin

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