Distribution de la presse: vers la libéralisation du secteur
Les quotidiens nationaux n'ont pas pu paraître ce mercredi, en raison d'une grève organisée par la CGT du Livre (SGLCE) pour combattre un projet de réforme de la distribution de la presse dont l'examen doit commencer au Sénat.

Distribution de la presse: vers la libéralisation du secteur

Les quotidiens nationaux n'ont pas pu paraître ce mercredi, en raison d'une grève organisée par la CGT du Livre (SGLCE) pour combattre un projet de réforme de la distribution de la presse dont l'examen doit commencer au Sénat.
Public Sénat

Par AFP avec Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le SGLCE, qui fédère des employés dans le secteur de l'imprimerie et de la distribution de la presse, avait appelé à une grève de 24H, de mardi soir à mercredi soir, à l'occasion de l'ouverture des débats sur cette réforme au Sénat.

Si la presse quotidienne régionale a pu paraître normalement, les lecteurs des quotidiens nationaux (dont Le Parisien, Libération, Le Figaro...) ont dû se contenter des versions électroniques de leurs titres. Plusieurs de ces journaux avaient laissé leurs éditions numériques en accès libre ce mercredi, tout en regrettant cette non-parution.

Le projet de loi en cause vise, selon le gouvernement, à moderniser le système de distribution des journaux en France, régi depuis l'après-guerre selon un modèle coopératif par la loi Bichet, notamment en confiant la régulation du secteur au gendarme des télécoms, l'Arcep, et en l'ouvrant à la concurrence en 2023.

Une réforme lancée dans le sillage de la quasi-faillite, il y a un an, du groupe Presstalis (ex-NMPP), principal distributeur de journaux et magazines en France, qui s'était retrouvé au bord du gouffre et a dû être sauvé par l'État et les éditeurs de presse.

Mais lors d'un rassemblement organisé mercredi matin devant le Sénat, qui a réuni plusieurs centaines de militants, la CGT du Livre a redit son opposition à ce projet qu'elle pourfend depuis le début.

« Cette concurrence va ouvrir la voie dans les années à venir à la reconstitution de monopoles cette fois privés », a lancé le sénateur communiste Pierre Laurent, venu soutenir les ouvriers du Livre CGT, se disant déterminé à « combattre ce projet ». « Les puissances d'argent qui contrôlent de plus en plus de titres et de plus en plus de médias contrôleront aussi la distribution avec un risque évident pour le pluralisme », a-t-il prévenu.

« Derrière l'ambition affichée (par le gouvernement, NDLR) de préserver la loi Bichet, il la vide en réalité de sa substance », a abondé Didier Lourdez, secrétaire général du SGLCE avant d’ajouter que « ce que prévoit le gouvernement, est le retour d'un monopole tout puissant, dans un secteur régulé par une autorité à la botte du pouvoir politique ». Un « danger », selon lui, pour la démocratie et le pluralisme.

Le syndicat a par ailleurs rejeté lors de ce rassemblement les accusations de « censure » qui lui ont été adressées la semaine dernière, après que certains de ses membres ont empêché la distribution des hebdomadaires Le Point, Paris Match et Valeurs Actuelles dans plusieurs régions, dans le cadre d'actions contre la réforme. Le directeur du Point Étienne Gernelle avait notamment dénoncé dans un éditorial « une discrimination entre les titres » opérée selon lui par « les militants cégétistes ». « Non, il n'y a pas eu de censure de qui que ce soit par qui que ce soit », a assuré Didier Lourdez. Selon lui, la non-parution de ces hebdomadaires était liée à des arrêts de travail pour protester contre la réforme, et ne visait aucunement telle ou telle publication.

Le terme « censure » a d’ailleurs été repris par le ministre de la Culture, Franck Riester, cet après-midi, lors de l’examen du projet de loi.

Grève du secteur de l'imprimerie et de la distribution de la presse: Franck Riester parle de censure
00:22

Partager cet article

Dans la même thématique

Distribution de la presse: vers la libéralisation du secteur
3min

Politique

« On peut avoir de très bonnes habitudes de consommation sur internet, sans avoir à ruiner son éthique », estime cet étudiant en droit

A l’heure où les commerces de centre-ville ferment les uns après les autres, la consommation sur internet n’a jamais été aussi forte. Difficile de rivaliser lorsque certaines plateformes inondent le marché de promotions et livrent les commandes en moins de 24h. Pour Thomas Martinet, étudiant en droit à Montpellier, acheter en ligne n’est pas contradictoire avec une consommation responsable. Dans l’émission Dialogue Citoyen présentée par Quentin Calmet, il interpelle plusieurs sénateurs sur la nécessité pour les petits commerçants de s’adapter à l’ère du numérique.

Le

Elections legislatives, premier tour dans le gard.
4min

Politique

Municipales 2026 : la parité bouscule les petites communes

La parité s’impose désormais dans les communes de moins de 1 000 habitants. À partir des élections municipales de 2026, les listes devront respecter une stricte alternance femmes-hommes, et le panachage sera interdit. Une réforme qui, entre volonté d’égalité et réalités locales, divise fortement les élus.

Le

6min

Politique

Déploiement d’un service militaire volontaire ? « Le gouvernement s’engage dans cette voie-là », selon Hélène Conway-Mouret

Les propos du chef d’Etat-major des Armées, face au congrès des maires de France, ont fait réagir la classe politique, alors qu’il a appelé les édiles à « préparer leurs populations », à un possible conflit dans quelques années. Son discours a aussi réactivé l’idée d’un déploiement d’un nouveau service volontaire par Emmanuel Macron.

Le