Echange (très) tendu entre Gérard Larcher et le ministre Benjamin Griveaux lors des questions d’actualité

Echange (très) tendu entre Gérard Larcher et le ministre Benjamin Griveaux lors des questions d’actualité

« Je rappelle à tous que c’est moi qui préside la séance ! Et moi seul » a sèchement recadré le président du Sénat. Quelques minutes plus tôt, il avait coupé le porte-parole du gouvernement, qui avait utilisé son temps de parole. Il répondait à une question sur le grand débat et la place de l’immigration.
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Ambiance tendue, ce mardi, lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat, qui se sont conclues par un sérieux rappel à l’ordre du président LR du Sénat, Gérard Larcher, à un ministre. En l’occurrence Benjamin Griveaux. Explications.

Tout part d’une question du sénateur PS David Assouline sur le grand débat, lancé par Emmanuel Macron, en réponse aux gilets jaunes. C’est le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui est chargé de répondre. Il reprend sa formule déjà utilisée. « Nous aurons un débat organisé selon un jardin à l’anglaise, plutôt qu’à la française » lance le porte-parole, qui se fait chahuter par les sénateurs. Comprendre un débat ouvert et pas restreint.

Avec quatre thèmes, le débat est pourtant déjà bien structuré. Benjamin Griveaux reprend, sourire en coin et ironique : « Un débat où donc, chacun va pouvoir s’écouter, comme nous avons l’occasion de le faire dans cet hémicycle avec respect ».

Pacte de Marrakech

Le ministre aborde vite la question de l’immigration. S’il soutient que le « Président n’a pas lié, dans son propos, l’immigration et l’identité nationale – c’est un débat qui appartient au passé », le porte-parole ajoute cependant que « la question de l’immigration était présente sur ces ronds points. Ne pas la traiter dans ce grand débat national serait faire la politique de l’autruche ».

Et Benjamin Griveaux de dénoncer les « caricatures de ces dernières semaines sur les ronds points et aussi les plateaux de télévision, comme lorsque certains parlementaires ont évoqué le Pacte de Marrakech, en brandissant les peurs ». Cette fois, ce sont de fortes protestations qui montent des travées. Ce pacte non contraignant, signé sous l’égide de l’ONU, vise à développer des « migrations sûres, ordonnées et régulières ». A droite, il a notamment été dénoncé par Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat, présent dans l’hémicycle.

« On a l’habitude de vos conclusions lapidaires »

Le temps s’écoule et il est limité. Y compris pour les ministres (seul le premier ministre n’est pas restreint). « M. Griveaux, vous concluez s’il vous plaît » demande Gérard Larcher. « J’aimerais conclure, mais j’aimerais avoir l’attention ». Le président du Sénat : « On a l’habitude de vos conclusions lapidaires… » « Monsieur le sénateur, le sujet est trop important… » tente Benjamin Griveaux, qui ne conclut pas sa phrase. « Je coupe » prévient Gérard Larcher, « terminé ». Le porte-parole lève les bras en forme de dépit, se tournant vers Gérard Larcher, et rabat sèchement le micro, en signe de protestation. Pour rappel, le ministre et la Haute assemblée ont déjà eu quelques mots doux ces derniers mois. Lors des auditions sur l’affaire Benalla au Sénat, Benjamin Griveaux avait dénoncé le manque de « déontologie » du président de la commission d’enquête, Philippe Bas.

L’incident n’est pas terminé. Gérard Larcher attend la fin des QAG pour faire cette mise au point, très courte mais très ferme. Le sénateur des Yvelines, qui regarde en direction du ministre, ne cache son énervement. « Je rappelle à tous que c’est moi qui préside la séance ! Et moi seul » recadre le président du Sénat, habituellement plus rond dans son approche (voir à la fin de la vidéo).

Selon plusieurs parlementaires présents lors des QAG, Benjamin Griveaux aurait écrit pendant la séance un message à Gérard Larcher, suite à l’incident. Ce qui pourrait expliquer la mise au point.

Selon un sénateur d’opposition, Benjamin Griveaux ne fait que récolter ce qu’il a semé. « Il représente la caricature de tous les défauts du macronisme. Plus il donne des leçons d’humilité à la terre entière, plus il est lui-même arrogant ». Un autre, soutien du gouvernement, prend la défense du Benjamin Griveaux et estime que Gérard Larcher appliquerait à la lettre le règlement pour un ministre et serait parfois un peu plus conciliant « lorsqu’il s’agit d’un sénateur LR ».

Assouline : « Ce n’est pas un hasard si sur cette question de l’immigration, les passions se sont déchaînées dans l’hémicycle »

Après les questions d’actualité, David Assouline revient sur l’incident. « Il faut que les ministres respectent la façon dont est présidée la séance, le temps imparti à chacun, qu’ils ne soient pas en donneur de leçon » affirme à Public Sénat le sénateur PS de Paris. Il appelle au passage à « ne pas instrumentaliser l’immigration » lors du grand débat. Pour David Assouline, « ce n’est pas un hasard si sur cette question, les passions se sont déchaînées dans l’hémicycle. Je mets en garde le gouvernement, si on met en débat (le sujet de l’immigration) au cœur des municipalités. (…) Pour moi, le gouvernement a joué avec le feu ». Ça promet pour le grand débat.

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