Ecole à domicile : « C’est un recul de la liberté d’enseignement », dénonce Max Brisson (LR)

Ecole à domicile : « C’est un recul de la liberté d’enseignement », dénonce Max Brisson (LR)

La loi sur le respect des principes de la République a passé les portes du Conseil constitutionnel. Elle introduit, notamment, un durcissement des conditions de l’école à domicile. Au Sénat, cette mesure avait été âprement combattue.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La loi confortant le respect des principes républicains rend désormais obligatoire la scolarisation de tous les enfants dans un établissement scolaire. Au nom de la lutte contre l’islam radical, le président de la République avait annoncé aux Mureaux sa volonté de limiter strictement l’instruction à domicile.

A compter de la rentrée 2022, l’école à domicile devient donc dérogatoire. Les parents qui souhaiteront faire l’école à la maison devront obtenir une autorisation préalable et non plus seulement déposer une déclaration. Seuls quatre motifs pourront justifier une scolarisation en famille : l’état de santé ou le handicap de l’enfant ; la pratique intensive d’activités sportives ou artistiques ; l’itinérance de la famille ou une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif. Un décret du Conseil d'État doit venir préciser les modalités de délivrance de l'autorisation.

Réserve d'interprétation 

Lors de l’examen du texte, les sénateurs ont âprement combattu cette mesure. Ils ont souhaité maintenir le régime de déclaration pour l’instruction à domicile, tout en renforçant les contrôles, en vain. La droite sénatoriale a saisi le Conseil constitutionnel mais les Sages ont validé, vendredi 13 août, le durcissement des conditions de l’instruction à domicile.

Le Conseil constitutionnel pose toutefois une réserve d’interprétation précisant « qu’il appartiendra, sous le contrôle du juge, au pouvoir réglementaire de déterminer les modalités de délivrance de l’autorisation d’instruction en famille et aux autorités administratives compétentes de fonder leur décision sur les seuls critères définis par la loi, excluant toute discrimination de quelque nature que ce soit ».

« C’est un recul de la liberté d’enseignement », réagit le sénateur LR, Max Brisson. Professeur de formation, il dit comprendre et respecter la décision du Conseil constitutionnel mais craint les effets de cette mesure :

« Je sais d’expérience que l’administration aura une vision très restrictive de l’instruction à domicile ».

Pour Max Brisson, « l’administration sera obligatoirement juge et partie » dans la mesure où « l’on demande à ceux qui organisent un système de ne déterminer si un enfant peut ou non le fréquenter ». Le sénateur des Pyrénées-Atlantiques reste attaché à l’école publique et considère justement c’est l’état de cette institution qui a amené à « ce recul ».

« Dans certains territoires, les parents désertent l’école publique »

« L’instruction à domicile avait résisté à toutes les guerres scolaires parce que l’école publique ne doutait pas d’elle-même. Aujourd’hui, on est dans une période de repli, ce gouvernement a des difficultés avec la diversité, c’est un phénomène qu’on observe également sur le sujet des langues régionales », développe Max Brisson.

Les conditions d’enseignement dans certains établissements publics justifient par ailleurs l’instruction à domicile, selon lui. « Dans certains territoires, les parents désertent l’école publique. Aujourd’hui, beaucoup de parents sont inquiets de cette réforme », assure-t-il.

La lutte contre « le séparatisme » ou les dérives sectaires ne sauraient en outre justifier cette mesure. « Durant l’examen du texte, le gouvernement n’a pas été capable de démontrer le lien entre le séparatisme et l’école à domicile », appuie encore Max Brisson.

La loi confortant le respect des principes républicains s’attaque également aux écoles privées hors contrat. Au Sénat, la sénatrice centriste Françoise Gatel avait, déjà, initié un texte retenu par le gouvernement pour mieux contrôler ces établissements. Ce texte crée, ici, un nouveau régime de fermeture administrative des écoles non déclarées ou qui n’ont pas remédié aux défaillances constatées par l’administration. Les préfets auront la possibilité de s’opposer à l’ouverture d’écoles hors contrat soutenues par « un État étranger hostile à la République ». La loi doit désormais être promulguée.

Dans la même thématique

France Israel Palestinians Campus Protests
6min

Politique

Sciences Po bloqué : la droite sénatoriale dénonce « la pensée totalitaire d’une minorité d’extrême gauche »

La mobilisation de plusieurs dizaines d’étudiants en soutien aux Palestiniens se poursuit à Sciences Po. Après avoir été délogés par les forces de l’ordre dans la nuit de mercredi à jeudi, les étudiants occupaient toujours les lieux ce vendredi. Une action en miroir de celles qui ont lieu sur les campus américains. La droite sénatoriale dénonce l’importation « du wokisme » d’outre Atlantique.

Le

Ecole à domicile : « C’est un recul de la liberté d’enseignement », dénonce Max Brisson (LR)
5min

Politique

Européennes 2024 : après le discours d’Emmanuel Macron, Olivier Faure veut saisir l’Arcom au nom de « l’équité » entre les candidats

Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».

Le