Ecole de la confiance : les communistes dénoncent l’«école à deux vitesses» de Blanquer

Ecole de la confiance : les communistes dénoncent l’«école à deux vitesses» de Blanquer

A la veille du début de l’examen en séance du projet de loi du ministre de l’Education, les sénateurs PCF dénoncent un texte qui « remet en question l’égalité des droits en matière d’éducation ». Ils s’opposent fortement à la possibilité de rapprocher écoles et collège.
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Les oppositions au projet de loi du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, se multiplient. Et les sénateurs communistes entendent bien s’en faire les relais. A la veille du début de l’examen du projet de loi à la Haute assemblée, les sénateurs communistes alertent sur le « bien mal nommé texte pour une école de la confiance », raille ce lundi, lors d’une conférence de presse, la sénatrice PCF de Seine-Maritime, Céline Brulin.

En commission, le texte du gouvernement a été largement remanié par la majorité sénatoriale de droite (voir notre article). Elle a notamment supprimé la mesure la plus polémique, introduite à l’Assemblée par un amendement des députés LREM, qui permet le rapprochement entre écoles et collège au sein d'établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF). Quant à la mesure phare du texte sur l’obligation de scolarité dès 3 ans, au lieu de 6 ans, la commission en soutient le principe en l’assouplissant et en assurant une pleine compensation pour les communes. Dans les faits, cela ne concernera qu’une minorité d’enfants, environ 26.000.

« Absence totale de concertation »

Pour les sénateurs du groupe CRCE (à majorité communiste), le projet de loi pèche par « une absence totale de concertation » en amont. Ils ont déposé une motion préalable pour stopper dès demain l’examen du texte. Elle ne devrait pas être adoptée.

Ils dénoncent une série de « mesures plus ou moins techniques, amenées en catimini ». Réforme après réforme, l’ambition de l’exécutif en matière d’éducation se dessine clairement, aux yeux des communistes.

« C’est une école à deux vitesses qui s’installe, avec une école pour les premiers de cordée et une école pour ceux qui ne sont rien » dénonce Céline Brulin (voir la vidéo). Elle en veut pour preuve des « établissements d’enseignement international qui accueilleraient, de la maternelle au lycée, des élèves qui pratiqueraient plusieurs langues vivantes. Peut-être que c’est une volonté de la France d’accueillir des élèves de brexiters de la city ». « Entre la réforme du bac, du lycée, parcoursup et ce texte, les parents prennent conscience que cela fait système par un projet politique qui n’est pas assumé, ni revendiqué par le gouvernement », estime son collègue PCF des Hauts-de-Seine, Pierre Ouzoulias. Il ajoute :

« L’égalité des droits, en matière d’éducation, est remise en question ».

Un certain flou semble persister sur les établissements publics des savoirs fondamentaux. Si la commission les a supprimés, les communistes ont « senti qu’il n’y a pas d’unanimité au sein de la droite. Les débats seront relativement incertains en séance » pense Pierre Ouzoulias. Le sénateur LR Jacques Grosperrin, a en effet déposé avec huit de ses collègues un amendement rétablissant la possibilité de rapprocher écoles et collège, mais uniquement sur « la base du volontariat des collectivités territoriales et de la communauté éducative ». Un amendement similaire du groupe LREM (qui ne compte que 23 membres au Sénat) a aussi été déposé, conformément aux déclarations du ministre. Face à l’émoi, Jean-Michel Blanquer a assuré fin mars être prêt à voir son texte être amendé au Sénat. Il assure que les « établissements ne se feront que s’il y a un consensus local ».

« Le Sénat pourrait offrir une sortie de crise politique à Jean-Michel Blanquer »

Selon Pierre Ouzoulias, Jean-Michel Blanquer pourrait bien profiter du passage du texte devant la Haute assemblée. Le rapporteur du texte au Sénat, le sénateur LR Max Brisson, n'avait d’ailleurs pas exclu qu'un accord puisse se dégager en séance sur une nouvelle rédaction « qui rassure ». « Le Sénat pourrait lui offrir une sortie de crise politique. On a le sentiment que le ministre se satisferait bien d’un texte adopté en commission mixte paritaire (CMP) », où députés et sénateurs cherchent un texte commun, histoire d’éviter de devoir repasser devant l’Assemblée, en cas d’échec de la CMP.

Les communistes espèrent bien eux que ces amendements rétablissant les EPSF ne passeront pas. « Il y a un grand risque de voir des fusions, des regroupements, des mutualisations d’école. Et on sait qu’en zone rurale, ça pourrait être fatal » met en garde la sénatrice de Seine-Maritime. Emmanuel Macron a pourtant promis, à la sortie du grand débat, qu’il n’y aurait pas de fermeture d’école sans accord du maire d’ici 2022. Mais Céline Brulin a du mal à croire la parole présidentielle. Elle y voit « une part d’enfumage ». « Il y a une très forte mobilisation contre les EPSF. On veut jouer de ça, appuyer sur ça » ne se cache pas Céline Brulin, qui compte sur l’opposition d’une bonne partie de la droite sénatoriale.

« Précarisation » des AESH

Dans la salle qui sert habituellement aux réunions du groupe CRCE, les deux sénateurs sont accompagnés de personnels du monde de l’éducation. Manière d’illustrer ce vent de résistance. Corinne Blieck, présidente de l’association nationale des directeurs de CIO (centre d’information et d’orientation, qui ne sont pas concernés directement par la réforme), dénonce la réduction du nombre de lieu d’accueil « de 454 à 120/150. Il y a des départements qui se retrouveront avec un seul CIO et des gros départements n’en auront que deux » selon Corinne Blieck. A sa gauche, Hélène Elouard, responsable CGT Education pour les AESH (accompagnant élève en situation de handicap), dénonce elle leur « précarisation ». Mercredi, à 13 heures, elle sera devant le Sénat pour manifester.

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