Édith Cresson : « Tous ces messieurs étaient enragés à l’idée qu’ils ne seraient pas Premier ministre »
Seule femme à ce jour à avoir été premier Ministre, Édith Cresson a accepté, au micro de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard ; de revenir sur cette courte et douloureuse expérience. Un entretien direct où elle revient sur la misogynie du monde politique, son attachement à la ville de Châtellerault où elle a été longtemps élue, et la relation qu’elle avait nouée dès 1992 avec la fédération de Russie, six petits mois seulement après la chute de Mikhaïl Gorbatchev. Morceaux choisis.

Édith Cresson : « Tous ces messieurs étaient enragés à l’idée qu’ils ne seraient pas Premier ministre »

Seule femme à ce jour à avoir été premier Ministre, Édith Cresson a accepté, au micro de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard ; de revenir sur cette courte et douloureuse expérience. Un entretien direct où elle revient sur la misogynie du monde politique, son attachement à la ville de Châtellerault où elle a été longtemps élue, et la relation qu’elle avait nouée dès 1992 avec la fédération de Russie, six petits mois seulement après la chute de Mikhaïl Gorbatchev. Morceaux choisis.
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Pendant 11 mois, entre mai 1991 et avril 1992 ; Édith Cresson a été premier ministre. Une expérience difficile, où elle a dû affronter les chausse-trappes de ses « amis » socialistes. Une expérience à laquelle on la ramène souvent mais qui reste, pour Édith Cresson, une petite partie de son parcours politique, elle qui fut avant tout une élue locale de la Vienne.
 

Une femme premier Ministre pendant seulement 11 mois

« Il y avait beaucoup de concurrents. Tous ces messieurs voulaient être premier ministre. Surtout c’était la deuxième partie du deuxième mandat de François Mitterrand : c’est-à-dire la pire période ! Puisqu’on s’acheminait vers la fin et tous ces messieurs étaient enragés à l’idée qu’ils ne seraient pas premier ministre. C’était la pire période pour être premier ministre ! »

« A la différence de la classe politique -nationale- à Châtellerault ça n’a jamais posé de problème que je sois une femme ». E.Cresson

« Il y a eu une femme premier ministre au Portugal longtemps avant moi, et ça n’a pas posé de question, pareil quand Madame Thatcher était premier ministre au Royaume-Uni. J’avais été élue maire députée, conseillère générale, cinq fois ministre et la seule chose dont on parle encore maintenant c’est ça ! C’est spécifiquement français c’est un phénomène ! Ce que l’on appelle, le pouvoir, doit appartenir aux hommes et quand il y a une exception à cette règle ça prend des proportions extraordinaires ! J’aimerais bien qu’un jour les choses se normalisent et que la France soit comparable à ce qui se passe dans d’autre pays […] A la différence de la classe politique -nationale- à Châtellerault ça n’a jamais posé de problème que je sois une femme ».

Son attachement à la ville de Châtellerault

Quand je suis arrivée à Châtellerault j’ai été séduite par cette ville : c’est une ville ouvrière, c’est la région qui pendant la guerre a été la plus résistante dans l’ouest de la France, il y a une manufacture d’armes. J’ai eu un sentiment d’affection vis-à-vis de cette ville et de sa population. Je ne connaissais pas du tout Châtellerault, je savais à peine où c’était, et j’ai eu comme une révélation. J’ai été touchée par le courage de ces gens, cette population ouvrière qui était très impliquée, qui s’intéressait à la politique plutôt de gauche et des gens très courageux, à Poitiers on dit « à Châtellerault c’est une ville ouvrière avec un peu de distance, moi je disais je suis très fière d’être le maire d’une ville ouvrière ».

La Russie, un allié de la France

« Je pense que nous devons avoir des liens avec la Russie, quel que soit ce que nous pouvons reprocher au gouvernement Russe je pense que surtout depuis la chute du mur de Berlin depuis la fin de l’union soviétique, la Russie est traditionnellement une alliée de la France. Je pense que c’est une erreur de sous-estimer l’importance de la Russie dans la configuration mondiale. Il y a États-Unis, la chine, l’Europe avec toutes les difficultés qu’on a s’entendre à plusieurs et nous devons tendre la main à la Russie ».

« Les Russes c’est un très grand peuple […] il y a des scientifiques remarquables, des artistes magnifiques » E.Cresson

Il faut parler avec Poutine

« Même avec Poutine, nous -le-devons à mon avis. La Russie, les Russes c’est un très grand peuple qui a évolué en dehors du système mondial à cause du système communiste. Mais quand on va en Russie et moi j’y suis allée souvent, on est surpris par le niveau de ces gens : il y a des scientifiques remarquables, des artistes magnifiques, il y a une vie culturelle intéressante »

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