Elections européennes: Un coup de jeune et un test pour Macron

Elections européennes: Un coup de jeune et un test pour Macron

Premier scrutin intermédiaire du quinquennat, les élections européennes du 26 mai font figure de test pour Emmanuel Macron et son...
Public Sénat

Par Dominique CHABROL

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Premier scrutin intermédiaire du quinquennat, les élections européennes du 26 mai font figure de test pour Emmanuel Macron et son gouvernement en pleine crise sociale.

Le chef de l'Etat a sonné la charge début mars avec sa tribune "Pour une renaissance européenne" diffusée dans les 28 pays de l'UE. Mais la campagne est juste lancée, entre enjeux nationaux et incertitudes sur l'avenir de l'Europe.

-Pour ou contre Macron ?-

Ce premier scrutin de l'ère Macron survient alors que la crise des "gilets jaunes" est loin d'être bouclée. Après le grand débat, les Français auront pour la première fois la possibilité de s'exprimer dans les urnes, ce qui peut booster la participation d'ordinaire très basse pour ce type d'élection (44% en 2014). Les européennes sont régulièrement l'occasion de manifester leur mécontentement contre l'exécutif et le scrutin peut se transformer en référendum pour ou contre Emmanuel Macron. Ce qui n'empêche pas La République en marche d'être en tête des intentions de vote. Explication: "ceux qui voudront exprimer leur satisfaction ou leur soutien à Emmanuel Macron voteront pour LREM et ceux qui voudront exprimer une forme de mécontentement vont se disperser entre le Rassemblement national, Les Républicains et la gauche", analyse Bruno Jeanbart, directeur général adjoint de l'institut OpinionWay.

-Télescopage-

Avec la sortie du grand débat et les premières décisions du gouvernement attendues mi-avril, la campagne des européennes risque d'être parasitée par les enjeux nationaux au détriment des dossiers européens. Le débat national a permis à Emmanuel Macron de voir sa popularité repartir à la hausse. Mais avec les premières annonces, le sentiment qu'auront les Français d'avoir été entendus ou pas par le chef de l'Etat pèsera, selon les spécialistes, sur leur choix. "Le moment de vérité va arriver et la question sera de savoir si le gouvernement est capable de répondre aux attentes qui se sont exprimées", note Bruno Jeanbart. Quant à l'hypothèse d'une liste estampillée "gilets jaunes", elle semble loin de se concrétiser.

-Coup de jeune-

Têtes de liste plus jeunes, candidats novices en politique : ces européennes sont l'occasion d'un renouvellement du personnel politique. Jordan Bardella, 23 ans, pour tirer la liste RN, Manon Aubry, 29 ans, pour La France Insoumise, François-Xavier Bellamy, 33 ans, désigné par Les Républicains, Ian Brossat, 38 ans, pour le PCF, Raphaël Glucksmann, 39 ans, pour le PS, donnent un coup de jeune à un scrutin qui a longtemps servi à recycler les perdants des élections nationales. Les partis semblent avoir tiré au moins partiellement les leçons du "dégagisme" des présidentielle et législatives de 2017. "On est sorti de l'ancien monde. Cette fois les têtes de listes siègeront bien au parlement européen", souligne Emmanuel Rivière, directeur général de Kantar Public, avec un bémol, "ce ne sont pas des gros calibres qu'on envoie".

-Quels thèmes ?-

La crise sociale a ramené le pouvoir d'achat, la fiscalité, au centre des préoccupations des Français et le sujet de l'immigration, du contrôle des flux, monte partout en Europe. Ce sont, selon les sondeurs, des "tendances lourdes de l'opinion" depuis plusieurs mois. Avec la mobilisation des jeunes pour le climat, l'enjeu écologique monte également en puissance. "De ce point de vue, la sortie de crise pourrait offrir un espace à ceux qui incarnent l'écologie dans le débat européen", estime Emmanuel Rivière. Le ras-le-bol d'une Europe jugée coupée des préoccupations des citoyens est également revenu en boucle dans le grand débat et les incertitudes sur le Brexit risquent de ne pas être levées à l'approche du scrutin.

-Campagne éclair-

A deux mois de l'élection, l'ensemble des sondages donnent LREM et le Rassemblement national en tête des intentions de vote. Avec 22% à 24% pour les macronistes, deux à trois points devant le RN, vainqueur en 2014 et crédité de 19% à 22%. Les Républicains se redressent depuis quelques semaines à 13%, devant EELV à La France Insoumise autour de 8%, Debout la France et le PS à quelque 5%. Mais les spécialistes s'attendent à voir les écarts se réduire. La gauche éparpillée pâtit en effet de sa dispersion. Mais ses électeurs se reportent habituellement sur la formation susceptible de faire le meilleur score à gauche. Surtout, la campagne des européennes se concentre généralement sur les trois semaines qui précèdent l'élection et les débats télévisés font bouger les lignes. Ce qui, selon les politologues, rend le scrutin d'autant plus imprévisible. Le moindre incident courant mai peut orienter les thématiques et changer le rapport de forces.

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