Elections régionales : malgré l’abstention record, les politiques n’y voient pas une « sanction »

Elections régionales : malgré l’abstention record, les politiques n’y voient pas une « sanction »

Après le premier tour des élections régionales et départementales du 20 juin 2021, où l’abstention a battu tous les records avec un taux de 66 %, les élus des différents partis font le bilan : Yaël Braun-Pivet (LREM), Julien Aubert (LR), Rémi Féraud (PS) et Philippe Ballard (RN) étaient les invités d’Audition publique ce lundi 21 juin.
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Dimanche 20 juin, les élections départementales et régionales n’ont pas connu un large succès, au contraire : l’abstention a été historique, désignée « première gagnante » du premier tour de ces élections locales. Du côté de la majorité présidentielle, on récuse l’idée d’un « vote sanction » infligé à la majorité. « Les électeurs ont voté pour les personnes qui étaient en charge. Et c’est une réussite de ces régions », considère Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des Lois de l’Assemblée Nationale et députée LREM des Yvelines.

Alors que plusieurs ministres candidats ont été ou risquent d’être battus, l’élu LREM n’estime pas qu’ils doivent démissionner pour autant. « Un ministre qui va demander le suffrage de ses concitoyens c’est normal » estime-t-elle. Et sur l’idée d’un front républicain pour faire barrage à l’extrême droite au 2nd tour ? « C’est une bêtise de dire que le front républicain est mort. La priorité c’est la clarté, et la clarté c’est le barrage à tout prix aux élus du Rassemblement national. »

Quant à la demande d’une commission d’enquête pour déterminer les raisons de la non-distribution de tracts et de propagande dans certaines zones, idée proposée par Jean-Luc Mélenchon, Yaël Braun Pivet ne ferme pas la porte. « Il faut qu’on fasse toute la lumière sur ce sujet. »

« La pire des choses serait de s’endormir sur nos lauriers » pour les LR

Du côté des Républicains, qui ne sortent pas si affaiblis de ces élections, on voit des perspectives intéressantes. « Psychologiquement, cette vague donne du baume au cœur. Néanmoins attention, 2015 vague bleue, 2017 défaite. […] La pire des choses serait de s’endormir sur nos lauriers » estime Julien Aubert, député LR du Vaucluse.

La stratégie d’alliance avec LREM de Renaud Muselier, qui a fait couler beaucoup d’encre durant cette campagne, était-elle la bonne ? « La droite, ce n’est pas La République en marche », maintient Julien Aubert. « Mais je ne suis pas certain qu’on puisse éliminer une stratégie plus qu’une autre. » A propos du second tour en région PACA, il ne fera pas « d’appel à voter, même pour Renaud Muselier ». « Le front républicain, je crois que c’est assez mauvais en termes démocratiques » déclare-t-il. « L’une des raisons pour lesquelles les gens ne votent pas ou plus : c’est parce qu’ils accusent les politiques de faire de la tambouille ».

Pour le RN, « il ne faut pas culpabiliser les électeurs, mais les responsabiliser »

Le Rassemblement national, pressenti grand gagnant de ces élections et qui a subi de plein fouet l’abstention, relativise les résultats de ces élections. « Les régionales, c’est une parenthèse dans laquelle les gens ont voté sur des enjeux régionaux » estime Philippe Ballard (RN), tête de liste RN à Paris auprès de Jordan Bardella. « Mais le match mondialistes contre nationaux, c’est celui qu’on va retrouver dans dix mois » affirme-t-il, assurant que le RN n’a pas dit son dernier mot.

Pourtant, à la suite des résultats du premier tour, Marine Le Pen a exhorté ses électeurs à se rendre aux urnes dimanche prochain. Une première pour ce parti qui d’habitude ne subit pas autant d’abstention de la part de son électorat. « Il ne faut pas les culpabiliser, il faut les responsabiliser », considère Philippe Ballard, qui n’estime pas que les thèmes de campagne du parti ont été mal ciblés, malgré le fait que la sécurité ne soit pas une compétence des régions. « La sécurité c’est le thème numéro 1. Notamment dans les transports » affirme-t-il.

Le scrutin d’hier « n’est pas un mauvais signe pour le PS »

Côté socialiste, on ne baisse pas non plus les bras. « L’avenir de la gauche, ça reste le Parti socialiste. […] Interpréter le scrutin d’hier comme un mauvais signe pour le PS, ce serait vraiment voir midi à 14 heures », assure Rémi Féraud, sénateur PS. Mais l’heure de choisir les alliances pour le second tour a sonné, et les choix risquent d’être délicats.

« Il y a une possibilité de l’emporter face à Valérie Pécresse », la candidate LR, considère Rémi Féraud. En effet, sur son compte Twitter, le candidat écologiste Julien Bayou a annoncé que les trois listes de gauche qualifiées, la sienne et celles de Clémentine Autain et Audrey Pulvar, fusionnaient pour le second tour.

En Bretagne, l’alliance avec la liste LREM n’est cependant pas vue d’un bon œil. « Je regretterais qu’il y ait cette fusion. Il faut la volonté d’affirmer une identité politique claire, de tourner aussi une page », répond Rémi Féraud. Quant à la situation en PACA, où le maintien de la liste de gauche de Jean Laurent Felizia pourrait donner le RN vainqueur, l’élu socialiste s’est dit inquiet. « Ce serait un tel séisme que par le maintien de la liste, l’extrême-droite l’emporte » conclut Rémi Féraud. Mais depuis, Jean-Laurent Felizia a renoncé à maintenir sa candidature et annoncé qu’il voterait pour Renaud Muselier (LR).

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