Emmanuel Macron moins « wesh wesh » que Sarkozy

Emmanuel Macron moins « wesh wesh » que Sarkozy

Il emploie facilement le « je », se qualifie lui-même de maître des horloges, et ne renie pas la comparaison avec Jupiter : six mois après son élection, quelle est la stratégie de communication déployée par Emmanuel Macron ? Lui qui voulait en finir avec la «  présidence normale » de François Hollande, n’aurait-il pas cherché son modèle chez l’un de ses prédécesseurs ? Franck Louvrier, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, Hélène Vecchiali, psychanalyste et Guillaume Bigot, spécialiste en management, répondent en tout bien tout honneur à ces questions…
Public Sénat

Par Caroline Lebrun

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Deux styles proches pour incarner l'autorité

Contrôle, maîtrise…le style du futur président Macron était déjà perceptible pendant la campagne présidentielle. À peine élu, il a cherché à se démarquer de la présidence « normale» de son prédécesseur François Hollande. Un président jupitérien qui n’a eu de cesse de se mettre en avant. Emmanuel Macron utilise à l’excès l’expression du « je » et du « moi ». Une erreur en communication pour Guillaume Bigot qui estime qu’un vrai chef se doit d’employer le « nous ».

Pour Hélène Vecchiali, psychanalyste ce suremploi du « je » est avant tout une manière d’affirmer l’« autorité de l’état  » comme le 13 juillet dernier où le chef de l’État et des armées prononce un retentissant « Je suis votre chef » lors d’un discours de « recadrage » face à l’armée. Pour la psychanalyste le narcissisme dont il fait preuve est un « bon narcissisme ». Et s’il s’efforce de paraître froid, distant, glacial c’est pour ne laisser aucune ambiguïté sur le fait que c’est lui le chef.

Emmanuel Macron, discours façe à l'armée
AFP

 

Mais tout jupitérien  qu’il est Emmanuel Macron n’hésite pas descendre dans l’arène, au milieu des « vraies gens ». Face aux sinistrés de Saint-Martin, ou encore devant les salariés de Whirlpool à Amiens le 4 octobre dernier. Un style qui n’est pas sans rappeler celui de Nicolas Sarkozy. Si tous les deux veulent incarner l’autorité, la comparaison s’arrête là.

Si l’ex-président aimait la confrontation directe, comme avec des pécheurs de Guilvinec en 2008, lorsqu'il avait lancé : « toi, si tu as quelque chose à a dire, tu n’as qu’à descendre me le dire en face ! », le style d’Emmanuel Macron, est pour Guillaume Bigot « plus enveloppant » moins « Wesh, wesh », d’un côté une confrontation « virile », de l’autre une attitude moins clivante mais tout aussi franche.

 

sarkozy_face_aux_pecheurs.jpg

 

 

Du père au père Noël : l’avis de la psychanalyste

Récemment, c’est la formule « je ne suis pas le père noël » qui a fait polémique. En déplacement en Guyane pour tenter de calmer la gronde des habitants, Emmanuel Macron à fait comprendre qu’il ne pourrait pas régler tous les problèmes, notamment d’infrastructures, auxquels la région est confrontée.

Hélène Vecchiali explique que le Président se comporte à la fois en Père Noël, et à la fois en père en « confrontant le principe de plaisir et de réalité (…), comme un père il explique qu’il ne peut pas exaucer tous les désirs des populations ».

Pour Franck Louvrier l’emploi de la formule du « Père Noël» permet d’atténuer la dureté de l’annonce. Plus simple et moins brutale que la formule employée par Lionel Jospin en 1999 où sur le plateau de France 2 il avait affirmé « qu’on ne peut pas tout demander à l’état », comme un aveu d’impuissance.

Pour Guillaume Bigot, le chef de l’État jongle entre deux attitudes qui s’apparentent au comportement d’un manager c’est-à-dire « expliquer pourquoi on va décevoir les gens tout en essayant de se faire aimer. Car d’un côté, il a envie d’être aimé »

 

Retrouvez Déshabillons-les : Macron, Je présidentiel samedi 25 novembre à 15h sur Public Sénat.

 

Dans la même thématique

France Israel Palestinians Campus Protests
6min

Politique

Sciences Po bloqué : la droite sénatoriale dénonce « la pensée totalitaire d’une minorité d’extrême gauche »

La mobilisation de plusieurs dizaines d’étudiants en soutien aux Palestiniens se poursuit à Sciences Po. Après avoir été délogés par les forces de l’ordre dans la nuit de mercredi à jeudi, les étudiants occupaient toujours les lieux ce vendredi. Une action en miroir de celles qui ont lieu sur les campus américains. La droite sénatoriale dénonce l’importation « du wokisme » d’outre Atlantique.

Le

Emmanuel Macron moins « wesh wesh » que Sarkozy
5min

Politique

Européennes 2024 : après le discours d’Emmanuel Macron, Olivier Faure veut saisir l’Arcom au nom de « l’équité » entre les candidats

Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».

Le