En pole position à gauche, EELV continue de choisir l’autonomie

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EELV sur une ligne de crête: grand gagnant à gauche aux européennes, le parti écologiste entend être le moteur de la construction...
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Par Stéphanie LEROUGE

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Publié le

EELV sur une ligne de crête: grand gagnant à gauche aux européennes, le parti écologiste entend être le moteur de la construction d'une "alternative à Emmanuel Macron et à Marine Le Pen", sans pour autant reconduire le modèle de la "gauche plurielle".

Au soir du 26 mai, les mains se sont immédiatement tendues vers les héros du jour, Yannick Jadot et ses co-listiers, troisièmes de l'élection avec 13,5% des voix, loin devant la France insoumise (6,3%) et la liste PS-Place publique (6,2%).

"La social-démocratie doit maintenant se marier avec l'écologie politique", pour "constituer" un "bloc de gauche" aujourd'hui "atomisé", a estimé le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

"Il faut le rassemblement. Les Verts ont joué un rôle important dans cette élection, il faut qu'ils en prennent leur part", a de son côté expliqué le coordinateur national de Générations, Guillaume Balas.

Pour le député européen Raphaël Glucksmann (Place publique), EELV a "légitimité à prendre la tête d'un rassemblement écolo de gauche".

Mais EELV n'entend pas dévier d'une stratégie qui a porté ses fruits pendant la campagne, axée sur son autonomie vis-à-vis des autres forces de gauche, et sur un positionnement "au-delà" du clivage droite/gauche.

"Ce que nous n'avons cessé de répéter depuis un an, c'est que pour sortir de la nasse entre le statu quo libéral et l'alternative d'extrême droite, il faut un nouvel imaginaire politique suffisamment puissant pour offrir une alternative gagnante. Ca ne peut pas être la gauche du XXe siècle reconstituée dans une démarche défensive", explique à l'AFP le secrétaire national, David Cormand.

"Notre enjeu n'est pas de reconstruire une espèce de gauche plurielle à l'envers. Chaque période doit inventer ses modèles", assène-t-il.

- Vers un rapprochement EELV/Générations ? -

Exit "l'union de la gauche", donc. Mais EELV n'entend pas non plus rester replié sur lui-même et ses quelques 5.000 militants, à l'heure où le parti veut "construire une alternative crédible pour conquérir le pouvoir et l'exercer", selon les mots de M. Jadot.

"La première étape, c'est de réunir ceux qui ont porté le même récit que le nôtre" dans un "nouvel outil politique qui dépasse ce qu'est EELV aujourd'hui", dit M. Cormand. Le député européen pense notamment à Génération écologie, à l'Alliance écologiste indépendante (AEI), au Parti animaliste, et à toute la "société civile écolo".

"Ensuite, il y aura une deuxième étape pour réfléchir avec ceux qui ont commencé le chemin de la sociale-démocratie vers l'écologie", dit-il, visant Générations, dont le fondateur Benoît Hamon a pris du recul après son échec aux européennes. La semaine dernière, M. Balas avait assuré que Générations était "disponible" pour bâtir avec EELV une "maison commune" de l'écologie.

Cette force écologiste peut-elle espérer devenir majoritaire à elle seule ?

Contrairement aux craintes exprimées par certains, M. Cormand ne prétend pas qu'EELV puisse remplir tout l'espace politique à gauche: "Il restera une force sociale-démocrate (...) une force communiste (...) une force autour de la France insoumise", "très bien et tant mieux si (elles) sont écolocompatibles", analyse-t-il.

Pour construire l'alternative, le secrétaire national d'EELV imagine un "arc à vocation majoritaire", "et cet arc majoritaire ne sera vraisemblablement pas composé uniquement des écologistes", explique-t-il, sans préciser qui pourrait en faire partie.

Premier point d'étape pour les écologistes, leurs journées d'été à Toulouse du 22 au 24 août. L'occasion sans doute pour eux de montrer leurs muscles face à un PS qui réunira ses troupes à La Rochelle le même week-end.

Cela n'empêchera pas les deux partis de se retrouver aux municipales, alors qu'ils gouvernent ensemble dans de nombreux exécutifs locaux. Si le "national" ne décidera pas des stratégies locales, M. Cormand pose un cadre qui privilégie a priori les alliances à gauche: "on dira clairement qu'on n'a pas vocation à travailler avec aucune des droites, qu'elles soient d'extrême droite, conservatrice ou libérale", dit-il en excluant des alliances avec La République en Marche.

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