Energie : « Notre but c’est de faire baisser les prix », réaffirme Laurence Boone

Energie : « Notre but c’est de faire baisser les prix », réaffirme Laurence Boone

La secrétaire d’Etat chargée de l’Europe était auditionnée ce mardi 11 octobre par la commission des affaires européennes en vue du conseil européen les 20 et 21 octobre. 
Public Sénat

Par Sandrine Tran

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Pour son premier rendez-vous face aux sénateurs, Laurence Boone avait des dossiers brûlants sur la table. Guerre en Ukraine, souveraineté énergétique, ou encore communauté politique européenne… La secrétaire d’Etat chargée de l’Europe a répondu aux questions de la commission des affaires européennes au palais du Luxembourg, en amont de ses réunions au conseil européen les 20 et 21 octobre prochains.

Sans grande surprise, l’énergie a été au cœur des préoccupations des sénateurs. La ministre l’a rappelé, le gouvernement d’Elisabeth Borne œuvre pour réduire les prix de l’énergie. Si à l’échelle nationale des mesures de protection du pouvoir d’achat ont été prises avec un nouveau chèque énergie d’ici la fin de l’année pour les foyers les plus modestes, et la reconduite du bouclier tarifaire en 2023, l’enjeu des négociations et de la protection se font à l’échelle européenne.

Le mécanisme ibérique exclu

Ainsi, l’économiste de formation a rappelé les trois leviers sur lesquels l’Europe peut agir. En premier lieu, les plafonds sur les gaz importés de Russie, « nous l’avons déjà fait sur le pétrole » rappelle la ministre. Mais ce n’est pas tout : « On peut également mettre des plafonds sur les prix de gros dans l’Union européenne à nouveau pour faire baisser les prix du gaz. Cela va demander des subventions. »

Enfin, Laurence Boone écarte l’option dite du « mécanisme ibérique », à savoir baisser les prix du gaz grâce à une subvention de l’Etat pour que l’électricité qui est fabriquée à partir de ce gaz baisse de manière naturelle : « Ça n’aurait pas beaucoup d’intérêt en France de le faire concrètement, puisque nous produisons très peu d’électricité à partir de gaz. C’est pour cela que nous portons une solution en Européens, qui aurait pour avantage de faire baisser les prix pour tous les Européens et donc éventuellement aussi les prix de l’électricité que nous importons. » L’Espagne et le Portugal ont quant à eux eu l’autorisation de déroger aux règles européennes.

Vers une réforme profonde du marché de l’énergie

Quid des sanctions imposées à la Russie dans ce cas ? Sont-elles efficaces ? « Je rappelle que les résultats se font sur la durée », expose timidement Laurence Boone avant de souligner que la Russie « fait le yo-yo avec l’approvisionnement de l’énergie, de façon à faire augmenter les prix et déstabiliser nos sociétés ».

Car la ministre veut être claire : même s’il faut continuer à dialoguer avec Vladimir Poutine, la Russie « n’est plus un partenaire et un fournisseur fiable ». « Nos relations énergétiques vont être pour toujours bouleversées par les agissements du Kremlin, a-t-elle rappelé. Nous allons soutenir, sans ambiguïté aucune, les propositions de la Commission pour nous préparer non seulement au mieux à l’hiver prochain mais également au-delà. Cela veut dire que la France va continuer à soutenir une réforme structurelle des marchés de l’énergie pour parvenir à un marché plus cohérent et moins volatil. »

Des propositions sont attendues d’ici la fin de l’année de Bruxelles mais parmi les premières pistes prévues et annoncées début septembre, on retrouve une réduction de la consommation d’électricité lors des pics de demande, un plafonnement du prix d’achat du gaz importé de Russie, ou encore une contribution des entreprises des énergies fossiles qui réalisent des « superprofits ».

Communauté politique européenne

Outre le brûlant sujet de l’énergie, les sénateurs se sont largement interrogés sur la pertinence de la nouvelle Communauté politique européenne (CPE). Nouvelle instance impulsée par Emmanuel Macron lors de la présidence française de l’UE en mai dernier, la CPE s’est réunie pour la première fois à Prague le 6 octobre dernier, avec ses 44 membres.

Quid des instances européennes officielles, de leur fonctionnement et de leur financement, se sont notamment demandé Jean-Yves Leconte, sénateur représentant les Français établis hors de France et Pierre Louault, sénateur d’Indre-et-Loire (Centre-Val de Loire). Pas d’inquiétude pour l’heure, la secrétaire d’Etat s’est voulue rassurante.

« L’idée n’est pas de prendre des décisions à 44 tout le temps, mais de favoriser le dialogue entre les pays, a exposé la ministre. Cet espace est important car il doit permettre le dialogue entre la Turquie et la Grèce, entre la Turquie et Chypre de la même façon qu’il y a eu un accord entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui a conduit à la signature d’un accord qui permet l’envoi d’une mission européenne pour observer et rapporter au comité des frontières ce qui est en train de se passer entre les deux pays. »

Et de rappeler que si les financements de cette instance ne sont pas encore « arrêtés », des pistes de contributions de la part d’organisations internationales « comme c’est le cas pour le G7 ou le G20 » sont à envisager, ainsi que l’appui « sur des programmes existants comme le Partenariat oriental ».

Parmi les principaux projets sur lesquels la CPE doit se pencher : la protection des infrastructures essentielles comme les gazoducs ou encore les câbles et satellites pour les télécommunications, la lutte contre la cybercriminalité et la désinformation, la gestion européenne des politiques migratoires et la mise en place d’un fonds pour la reconstruction de l’Ukraine.

Alors si le fonctionnement concret est encore à définir pour l’heure, la ministre a tenu à souligner « l’enthousiasme » des Etats membres de l’instance, parlant même de « réveil géopolitique » européen, tout en précisant que les pays qui en font partie n’ont pas « vocation à être candidat » à l’entrée dans l’Union européenne. La prochaine réunion de la CPE doit se tenir au printemps 2023 en Moldavie puis en Espagne et enfin au Royaume-Uni.

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