Malgré sa défense de l'accord de Paris sur le climat, la France "sabote" à Bruxelles les efforts européens de développement des énergies renouvelables, a affirmé vendredi l'eurodéputé Yannick Jadot, des accusations rejetées par le ministère de la Transition écologique.
Dans un document de travail consulté par l'AFP, diffusé en septembre auprès des autres Etats membres de l'UE, la France précise sa position dans des discussions en cours sur les moyens d'atteindre l'objectif européen de 27% d'énergies renouvelables dans la consommation en 2030.
Le texte français propose notamment la mise en place d'un point d'étape qui fixerait d'atteindre "50% de l'objectif national dans les 6/7 premières années par exemple".
"On fait 50% en 7 ans et dans les trois dernières années on fera la différence, donc on repousse les efforts", a dénoncé M. Jadot, estimant également que le document ne faisait plus des 27% d'énergies renouvelables un objectif "contraignant".
"Il y a une entreprise délibérée de sabotage de la poursuite de cette ambition européenne sur les énergies renouvelables", a-t-il ajouté, accusant la France de vouloir ainsi défendre le secteur nucléaire.
"Ce qui est triste, c'est que malgré le discours d'Emmanuel Macron sur plus d'Europe, malgré son discours à l'ONU sur plus d'action climatique, ce qu'il dit au niveau européen c'est non, non, l'énergie, le climat, ça relève des souverainetés nationales et donc nous voulons réduire à peau de chagrin toute la coordination européenne là-dessus", a encore estimé le député européen.
La France "semble manquer d'ambition", a renchéri Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), qui regroupe les entreprises de la filière renouvelable en France.
"Il faudrait attendre 2027 pour faire un point sur le développement des énergies renouvelables. Avec le temps que cela nécessite pour collecter les données, cela fait arriver presque en 2029. Si on n'est qu’à 50% de l’objectif à ce moment là, ça sera un peu tard", a-t-il ajouté.
Le ministère de la Transition écologique s'est défendu de vouloir freiner les efforts.
"Pour nous ce qui est important, c'est le principe d'avoir des étapes contraignantes et de ne pas attendre 2030 pour constater qu'on n'a pas atteint le résultat", a indiqué le ministère à l'AFP, assurant être "ouvert" à l'idée de plusieurs étapes et être prêt à "discuter du niveau" de ces étapes.
Ce texte ne remet pas en cause "le niveau d'engagement", a-t-on ajouté au ministère, rappelant l'objectif français de 32% d'énergies renouvelables d'ici 2030.
Mais "la France n'est déjà pas partie sur la bonne trajectoire et n'atteindra déjà pas ses objectifs pour 2020", soit 23%, a regretté M. Bal, appelant à accélérer le processus.