Enfants prisonniers en Syrie : « La France doit prendre ses responsabilités », presse Pierre Laurent

Enfants prisonniers en Syrie : « La France doit prendre ses responsabilités », presse Pierre Laurent

Alors que près de 200 enfants français et leurs mères sont prisonniers dans des camps en Syrie, Pierre Laurent (PCF) et Pierre Morel-À-L’Huissier (UDI) pressent le gouvernement de les rapatrier. Ils craignent que les échéances électorales à venir empêchent toute action.
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Par Héléna Berkaoui

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« En 2019, plus de 300 enfants sont décédés dans le seul camp d’Al-Hol, de malnutrition, de froid ou de maladie », rappelle le sénateur communiste, Pierre Laurent. Avec le député UDI, Pierre Morel-À-L’Huissier, ils signent un appel pour le rapatriement des enfants français et de leurs mères emprisonnés en Syrie avec l’espoir de voir enfin le gouvernement « prendre ses responsabilités ».

Le sujet est brûlant. Sous contrôle des forces kurdes, les camps de détention de Al Hol et de Roj au nord-est de la Syrie comptent plus de 64 000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants. Les étrangers présents sont des familles de djihadistes du groupe État islamique d’où les réticences de certains à les voir revenir sur le sol français et ce malgré les appels des humanitaires, d’avocats et des institutions européennes en ce sens. Pour Pierre Laurent, le gouvernement ne peut plus attendre pour rapatrier ses ressortissants. Interview.

Depuis au moins 2019, les appels se multiplient pour le rapatriement des enfants français et de leurs mères. Pourquoi relancer cet appel maintenant ?

Depuis des mois, nous accompagnons les démarches des familles et des avocats en espérant faire valoir leur cause. Tous les arguments plaident en faveur du rapatriement des enfants et des mères. Nous espérions que le gouvernement reviendrait sur sa décision de surseoir au rapatriement mais force est de constater qu’il y a un blocage politique. En deux ans, seuls 35 enfants ont été rapatriés et la situation sur place ne cesse de se détériorer.

Si on n’ouvre pas le débat publiquement, il ne se passera rien. Notre objectif est qu’au mois de mars on soit plusieurs dizaines de parlementaires à exiger le rapatriement de ces enfants.

Plusieurs pays ont rapatrié ou commencé à rapatrier leurs ressortissants, de nombreux acteurs comme la CNCDH et le Défenseur des droits plaident pour que le gouvernement emboîte le pas. Selon vous, qu’est-ce qui bloque ?

C’est assez incompréhensible. J’ai été reçu il y a quelques mois à l’Elysée et on m’a dit que le débat existait à l’Elysée. On ne comprend pas pourquoi ça bloque. Récemment, le garde des Sceaux a dit qu’il serait beaucoup trop dangereux pour les militaires français de se rendre sur place pour aller chercher ces enfants et leurs mères mais d’autres pays rapatrient, des délégations de pays étrangers se rendent régulièrement au Rojava. Les Etats-Unis ont réitéré leur proposition de soutien logistique à toute opération de rapatriement, et les Kurdes, encore une fois, nous exhortent à prendre en charge nos ressortissants.

Craignez-vous que les prochaines échéances électorales freinent encore toutes actions de la France ?

Oui, et c’est aussi pour cela qu’on pense qu’il faut faire monter la pression maintenant parce que sinon ça risque d’être enterré. Le pouvoir exécutif est en train de sacrifier des enfants à l’aune d’un calendrier électoral, persuadé qu’une décision de rapatrier nos ressortissants nuirait à son image. Il ne s’agit pas ici d’un enjeu électoral, mais d’un enjeu humanitaire et sécuritaire.

Les enfants qui se trouvent en Syrie ont majoritairement moins de 6 ans. Ils sont innocents ! Les mères seront, elles, judiciarisées dès leur arrivée en France. Si on ne fait rien, on risque de livrer ces enfants à des réseaux djihadistes. La France doit prendre ses responsabilités.

 

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