Épiceries indépendantes : « Les centrales préfèrent livrer les grandes enseignes »
Tous les commerces alimentaires connaissent actuellement des difficultés d’approvisionnement, souvent limitées à quelques produits. Mais pour certaines épiceries, c’est toute la livraison qui est à l’arrêt. Face aux grandes enseignes, les indépendants ont parfois du mal à remplir leurs rayons.

Épiceries indépendantes : « Les centrales préfèrent livrer les grandes enseignes »

Tous les commerces alimentaires connaissent actuellement des difficultés d’approvisionnement, souvent limitées à quelques produits. Mais pour certaines épiceries, c’est toute la livraison qui est à l’arrêt. Face aux grandes enseignes, les indépendants ont parfois du mal à remplir leurs rayons.
Public Sénat

Par Samia Dechir

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3 min

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À Sainte-Suzanne-et-Chammes, petit village de Mayenne, le seul commerce alimentaire est l’épicerie de Stéphane Foullounoux. « Mais là, je n’ai plus grand chose, je n’ai quasiment rien reçu des dernières commandes, mon fournisseur a des problèmes d’approvisionnement » s’inquiète l’épicier indépendant, qui manque souvent de boîtes de conserve, d’œufs et de farine. Chez Djilali Aroug  ce sont plutôt les pâtes et le riz qui font défaut. Alors tous les jours, cet épicier de l’Essonne court entre le marché de Rungis et le grossiste Metro. Mais impossible de tout ramener pour honorer ses livraisons aux personnes âgées de la commune de Limours.

Les épiceries de centre-ville à flux tendu

Voilà 15 jours qu’il attend une livraison de sa centrale d’achat. « J’ai renvoyé une commande pour mercredi, on me dit que ce n’est pas possible, mais quand je passe ailleurs je vois que d’autres sont livrés. Moi je ne suis pas franchisé, je n’ai pas de contrat avec eux, je suis indépendant. Ils préfèrent commencer par tout ce qui est G20, coccimarket » explique Djilali Aroug.Un problème courant dans les zones rurales et périurbaines, assure le sénateur (LR) de l’Essonne Jean-Raymond Hugonet. « Les plateformes préfèrent adresser directement la marchandise à la grande distribution, et traitent dans un second temps les petites épiceries de centre-ville, qui sont perpétuellement à flux plus que tendu » dénonce l’élu. 

« Même nos enseignes sont mal servies »

« On essaie d’oublier personne » assure pourtant Anthony Meiller, directeur de Codifrance. La centrale d’achat fournit 1 300 magasins indépendants et 300 affiliés sur tout le territoire.  « C’est vrai que la première semaine, on a d’abord livré nos enseignes, parce qu’on a des contrats avec eux. Mais maintenant, on essaie de servir tout le monde à tour de rôle. Le problème, c’est que les commandes ont été multipliées par 4, donc c’est compliqué de répondre à tous ces volumes. Même nos enseignes sont mal servies, on est obligés de contingenter les pâtes » explique Anthony Meiller, qui jure ne faire aucune différence entre ses clients. Codifrance ne livre que des petites surfaces. 

Mais d’autres centrales comptent parmi leurs clients des moyennes et des petites surfaces, pas toutes franchisées. « C’est vrai qu’on va privilégier nos enseignes » nous confie sous couvert d’anonymat le salarié d’un grossiste débordé par les commandes. « Nos enseignes sont livrées une fois par semaine au lieu de deux. Et avec ce qu’il reste, on livre les indépendants ». Une logique d’entreprise, que certains aimeraient pouvoir réguler.

« La grande distribution, ce n’est pas un monde de bisounours » s’exclame Jean-Raymond Hugonet. « IIs font ce dont ils ont besoin. Et en termes de solidarité, ils ne sont pas là » dénonce le sénateur, qui en appelle à une intervention de l’État pour assurer une livraison de toutes les enseignes pendant le confinement. Dans les villages, ces indépendants sont parfois les seuls commerces alimentaires accessibles aux personnes non véhiculées.

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