Eric Dupond-Moretti à la rescousse de LREM dans les Hauts-de-France : « Pitoyable », attaque Marc-Philippe Daubresse

Eric Dupond-Moretti à la rescousse de LREM dans les Hauts-de-France : « Pitoyable », attaque Marc-Philippe Daubresse

Le ministre de la Justice pourrait rejoindre la liste du secrétaire d’Etat Laurent Pietraszewski pour les régionales, voire carrément le remplacer. Laurent Pietraszewski « souhaite l’intégrer au dispositif de campagne », selon l’entourage du secrétaire d’Etat. Mais rien n’est encore confirmé. La droite dénonce des « petites manœuvres » pour affaiblir Xavier Bertrand.
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Rebondissement dans la bataille du Nord. Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, pourrait se lancer dans la campagne des régionales dans les Hauts-de-France. LREM a pourtant déjà un candidat attitré : le secrétaire d’Etat en charge des retraites, Laurent Pietraszewski. Mais le garde des Sceaux pourrait venir lui prêter main-forte, si ce n’est plus.

« Des conseillers de la majorité travaillent en toute discrétion depuis plusieurs jours sur l’hypothèse du remplacement du secrétaire d’Etat en charge des retraites, Laurent Pietraszewski, comme tête de liste », affirme Politico. Une piste évoquée aussi par RTL. « Ce serait le bon candidat pour faire un meilleur score que Pietraszewski et forcer Xavier Bertrand en vue de la triangulaire (voire quadrangulaire) du second tour », affirme une source gouvernementale à l’AFP.

« Le garde des Sceaux a toujours dit son attachement aux Hauts-de-France »

Pour l’heure, un changement de tête de liste ne semble en réalité pas (encore ?) acté. Contacté par publicsenat.fr, l’entourage d’Eric Dupond Moretti reste prudent et plutôt évasif. On ne peut « rien confirmer car il n’y a rien d’arrêté. Le garde des Sceaux a toujours dit son attachement aux Hauts-de-France et son envie d’aider la majorité présidentielle durant les régionales. Rien n’a changé », explique-t-on.

Du côté du secrétaire d’Etat, on est à peine moins évasif. « Laurent Pietraszewski travaille en proximité avec Eric Dupond-Moretti sur la région depuis plusieurs semaines. Il le consulte souvent », confie un proche du secrétaire d’Etat, qui ajoute que Laurent Pietraszewski « souhaite l’intégrer au dispositif de campagne. Ils y réfléchissent ensemble ». Mais intégrer jusqu’où ? C’est flou. Et quand c’est flou… « c’est qu’il y a un loup », comme l’avait dit une autre locale de l’étape, la maire de Lille, Martine Aubry. L’ancien avocat avait d’ailleurs soutenu la socialiste lors des municipales de 2014.

« Comment on fait pour être le plus opérationnel possible pour faire face au RN »

Même déclaration à l’état de nébuleuse du côté de l’équipe de campagne de Laurent Pietraszewski. Le ministre de la Justice sera-t-il au moins présent sur la liste ? « On n’en sait rien. Je ne confirme rien du tout », dit le sénateur LREM Frédéric Marchand, directeur de campagne du candidat, selon qui « la question ne se pose pas au aujourd’hui ».

Frédéric Marchand souligne néanmoins que « l’objectif est de faire le meilleur score possible et de faire obstacle au RN ». « Depuis le début, il a pris ses responsabilités en tant que tête de liste », « le sujet c’est comment on fait pour être le plus opérationnel possible pour faire face au RN », soutient son directeur de campagne, qui pense que « quand il y a un sondage avec Bertrand à 33 % et Chenu (le candidat du RN) à 31 %, il est peut-être temps de se poser des questions. Et Bertrand n’imprime pas »… Et malheureusement pour lui, Laurent Pietraszewski non plus. Selon le dernier sondage Ipsos/SopraSteria pour France Bleu et France 3, 81 % des personnes disent ne pas le connaître. Il n’est crédité que de 10 % des voix, soit le seuil limite pour pouvoir se maintenir au second tour, contre 12 % dans un précédent sondage il y a deux jours.

« Eric Dupond-Moretti aura peut-être le César du meilleur second rôle »

Dans le camp Bertrand, on assure que l’hypothèse Dupond Moretti ne menace pas le candidat de la droite. Elle n’en est pas moins fortement critiquée. La tension monte d’un cran aujourd’hui. « Tous les sondages donnent LREM scotché autour de 10 % et comme il faut sauver le soldat Pietraszewski, on va chercher à la rescousse le garde des Sceaux qui a été avocat bien connu au barreau de Lille, pour embêter Xavier Bertrand », pointe le sénateur LR du Nord, Marc-Philippe Daubresse. « Eric Dupond-Moretti ferait mieux de s’occuper de la loi contre le terrorisme au lieu d’enquiquiner Xavier Bertrand », lâche ce proche du président de région, qui ajoute :

Je trouve tout ça assez pitoyable et celui qui manipule tout ça, c’est le Président lui-même, et franchement, faire ces petites manœuvres de tambouille politicienne pour enquiquiner celui qui pourrait être son adversaire à la présidentielle, ce n’est pas de très haut vol.

En verve, Marc-Philippe Daubresse continue de lâcher ses coups : « Eric Dupond Moretti est habitué à jouer des grandes scènes de théâtre. Il veut en jouer une dans le Nord. Il aura peut-être le César du meilleur second rôle mais le premier, ce sera Xavier Bertrand car il va gagner ! »

L’ancien ministre redit au passage que Xavier Bertrand refusera toute fusion de listes. « A un moment donné, il y a peut-être un principe de réalité qui va s’imposer à Xavier Bertrand et il va redescendre », croit le sénateur LREM Frédéric Marchand. Le candidat de droite pourrait en effet bénéficier des voix LREM pour l’emporter. « Le principe de réalité, c’est que Bertrand l’emportera. Et si LREM se maintient, elle en portera les conséquences », réplique Marc-Philippe Daubresse.

Kanner dénonce un « calcul politique »

A gauche, l’arrivée possible du ministre de la Justice est vue avec un peu plus de distance. Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat, qui était le chef de file des socialistes pour les régionales, avant l’union derrière l’écolo Karima Delli, n’en est pas moins dur. « On est dans le calcul politique. Emmanuel Macron ne souhaite pas beaucoup de bien à Xavier Bertrand, qui sera peut-être le futur candidat contre lui… » constate sur Public Sénat le sénateur du Nord (voir la vidéo). « C’est un calcul d’appareil. LREM nous avait dit « on fera de la politique autrement ». Manifestement, ce n’est pas le cas », insiste le socialiste.

Dénonçant une « pratique du coucou, permanente », Patrick Kanner ajoute qu’« Eric Dupond-Moretti n’est que le porte-voix de Monsieur Macron ». Autre sénateur du Nord, le communiste Eric Bocquet a lui « vraiment l’impression d’assister à une partie d’échecs national. Les régionales et les départementales sont instrumentalisées par le gouvernement. Mais on ne parle pas des gens ». 

Dans la même thématique

Eric Dupond-Moretti à la rescousse de LREM dans les Hauts-de-France : « Pitoyable », attaque Marc-Philippe Daubresse
3min

Politique

Convocation de Mathilde Panot pour apologie du terrorisme : « Il y a une volonté de faire taire, de la part du pouvoir en place », s’insurge Manuel Bompard

Invité de la matinale de Public Sénat, le coordinateur de la France Insoumise est largement revenu sur les accusations qui touchent son parti. La cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot doit être auditionnée, demain, pour apologie du terrorisme tandis que Jean-Luc Mélenchon est visé par une plainte du gouvernement pour injures publiques. 

Le

Paris: Marie Toussaint Les Ecologistes elections europeennes 2024
7min

Politique

Parole d’eurodéputé : « Le travail parlementaire au niveau européen n’a rien à voir avec ce qu’on fait en France », explique David Cormand

[SERIE] Le Parlement européen raconté par ses eurodéputés. Pour mieux comprendre le travail à Bruxelles et Strasbourg, la parole à ceux qui font vivre l’institution : les eurodéputés. L’écologiste David Cormand se souvient du « moment d’émotion » du Brexit, puis la « fierté », lors du vote du Pacte vert, où l’eurodéputé a eu le sentiment de « peser sur le réel ». « Si les Verts n’avaient pas été là, l’obsolescence prématurée n’aurait pas été interdite », illustre David Cormand.

Le

France Israel Palestinians Campus Protests
6min

Politique

Sciences Po bloqué : la droite sénatoriale dénonce « la pensée totalitaire d’une minorité d’extrême gauche »

La mobilisation de plusieurs dizaines d’étudiants en soutien aux Palestiniens se poursuit à Sciences Po. Après avoir été délogés par les forces de l’ordre dans la nuit de mercredi à jeudi, les étudiants occupaient toujours les lieux ce vendredi. Une action en miroir de celles qui ont lieu sur les campus américains. La droite sénatoriale dénonce l’importation « du wokisme » d’outre Atlantique.

Le