Etudiants en situation de handicap : « Il reste encore beaucoup de chantiers à mettre en œuvre »

Etudiants en situation de handicap : « Il reste encore beaucoup de chantiers à mettre en œuvre »

La mission d’information sénatoriale sur les conditions de la vie étudiante a organisé ce mardi une audition, pour mesurer les conditions d’études et d’accès à l’emploi des jeunes en situation de handicap.
Public Sénat

Par Jules Fresard

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Le rapporteur de la mission d’information, le sénateur centriste du Val-de-Marne Laurent Lafon, l’a rappelé dans son propos introductif. La question des étudiants en situation de handicap est « peu traitée » dans le débat public.

Les chiffres disponibles sur le sujet viennent témoigner d’une situation toujours préoccupante. D’un point de vue des diplômes d’abord, avec seulement 20 % de jeunes handicapés possédant un niveau équivalent au baccalauréat, contre près de 70 % pour l’ensemble de la même classe d’âge. Les chiffres du chômage pointent dans la même direction. Le taux de jeunes en situation de handicap sans emploi est deux fois supérieur à celui de l’ensemble des jeunes français, avec près de 30 % d’entre eux sans activité.

Dans ce contexte, la mission d’information sur les conditions de vie étudiante, présidée par le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, a tenu à auditionner une dizaine d’acteurs concernés directement par ce sujet, pour évoquer les conditions d’études mais également d’accès à l’emploi de cette catégorie de la population.

Des mesures pour améliorer les conditions d’études

Avec un point positif d’abord. Selon Nicolas Oppenchaim, vice-président en charge du handicap à l’université de Tours, « le nombre d’étudiants en situation de handicap a considérablement augmenté dans les établissements, avec une multiplication par plus de huit en 10 ans ». Mais pour accueillir ces jeunes toujours plus nombreux, il faut mettre en place un certain nombre de mesures. Or, « les financements ne suivent pas toujours » conclut-il.

Emilie Arnault, directrice du service de santé étudiant au sein de la même université, rappelle ainsi que de nombreux projets « sont encore à mettre en œuvre ». « Il faut améliorer l’accès aux enseignements, les rendre tous accessibles sous forme numérique, avec des cours en sous-titrage par exemple pour les étudiants malentendants », suggère-t-elle.

« A l’échelle nationale, on voit une disparité des aides proposés par les établissements. Les aides classiques, comme le tiers-temps, se retrouvent partout, mais la partie aménagement de cursus, avec du matériel spécialisé, est induite par des financements locaux, qui ne sont pas toujours disponibles », regrette Thomas Fauvel, premier vice-président de la FEDEEH, une fédération étudiante se donnant pour mission d’améliorer les conditions de formation et d’insertion professionnelle des jeunes handicapés.

Des difficultés d’accès dans les filières sélectives

Et quand on resserre la focale, un autre problème émerge. Toutes les filières n’accueillent pas la même proportion d’étudiants en situation de handicap. « A l’université, on voit une surreprésentation dans les sciences humaines, où ils représentent 3,5 % des effectifs, contre 1 % en médecine », détaille Nicolas Oppenchaim.

Pour Thomas Fauvel, ces différences s’expliquent en partie au travers de la sélectivité desdites filières. « Les jeunes handicapés sont plus orientés vers les sciences humaines et sociales, car il y a une plus grande facilité d’accès. D’autres étudiants, souhaitant de base s’orienter vers des classes prépas, se réorientent finalement vers des IUT pour les mêmes raisons ».

En dehors de cette question de la sélectivité académique, c’est également l’accès physique aux bâtiments qui pose problème. Les classes prépas sont moins accessibles aux jeunes handicapés, notamment pour les personnes à mobilité réduite. « On voit des étudiants qui n’ont tout simplement pas accès aux écoles auxquelles ils prétendent », regrette Fabien Gaulué, délégué général de la FEDEEH.

Une crise sanitaire compliquant un peu plus l’accès aux stages

Pour Nicolas Openchaim, les véritables conséquences de la crise sont à observer du côté de l’accès aux stages, notamment ceux de fin d’études. « La question du stage, c’est terrible, on a repoussé les dates de réalisation au maximum dans les cursus », explique-t-il. Avec des premiers effets qui commencent à se faire sentir. Selon les chiffres partiels dont il dispose, les taux de réussite dans les années diplômantes ont déjà commencé à chuter.

Christian Grapin, président de Tremplin Handicap, une association mettant en relation des employeurs avec des jeunes en situation de handicap, regrette « les trop grandes exigences des entreprises ». « Tremplin, c’est 140 employeurs. Parmi eux, beaucoup sont à la recherche de jeunes en situation de handicap, à condition qu’ils aient un niveau bac + 5. Or on sait très bien qu’il y a peu de jeunes en situation de handicap qui accèdent à ce niveau ». Une observation qui révèle un problème plus ancien à l’émergence de la pandémie.

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