Europe Hebdo : Attaque à Strasbourg, vers plus de coopération européenne ?

Europe Hebdo : Attaque à Strasbourg, vers plus de coopération européenne ?

Mardi soir à Strasbourg, près du marché de Noël une attaque terroriste a causé la mort de trois personnes. Dans cette douleur commune de voir encore des attaques de ce type se produire, la question de la coopération européenne en matière de lutte contre le terrorisme se pose. Europe Hebdo a interrogé Arnaud Danjean, eurodéputé français.
Public Sénat

Par Juliette Beck

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Triste coïncidence d’emploi du temps, le jour de la fusillade meurtrière de Strasbourg les eurodéputés étudiaient le rapport de la commission spéciale sur le terrorisme. Au lendemain, le 12 décembre, ils ont voté en majorité ce rapport (474 voix pour, 112 contre et 75 abstentions). Ce texte aborde de nombreux thèmes liés à la lutte antiterroriste en Europe et notamment la question de la collaboration étatique.

Aller plus loin

À la suite de cette attaque, de nombreux eurodéputés souhaitent aller plus loin dans la coopération, mais pour l’eurodéputé Arnaud Danjean, même s'il y a encore du travail à fournir en matière de coopération, les pays européens travaillent déjà main dans la main : «  Vu de l’intérieur, les professionnels coopèrent. Que ce soit en matière de renseignement, de justice ou de police, il y a une coopération intensive, il y a des personnes de nos services français qui font ça vingt-quatre heures sur vingt-quatre, coopérer avec leur homologue étranger et en particulier européen. Donc la coopération est sans doute beaucoup plus intense que ce qu’on admet publiquement, mais c’est vrai qu’on peut renforcer certains instruments. »

La détection du passage à l'acte

Europe Hebdo : « Vu de l’intérieur, les professionnels coopèrent » selon Arnaud Danjean
01:28

Au niveau européen, plusieurs pistes sont avancées pour améliorer la sécurité en Europe : une amélioration des moyens de communication des données, une plus grande attention au programme de déradicalisation, ou encore une coopération plus grande avec les pays hors de l'Union européenne. Même si toutes ces mesures peuvent permettre de réduire encore le champ d’action des terroristes, Arnaud Danjean met en garde sur nos limites : « Sur un cas comme celui auquel on est confronté aujourd’hui le problème ce n'est pas celui de la coopération internationale, le problème c’est celui de la détection du passage à l’acte. Et la détection du passage à l’acte vous pouvez avoir la meilleure coopération que vous voulez avec les Allemands, les Italiens ou qui sais-je encore, ce type de Strasbourg qui a décidé un matin de passer à l’acte, je crains que ce ne soit ni la NSA, ni les services italiens, ni néerlandais, qui soient en mesure de vous l’indiquer. Donc il faut comprendre que la difficulté qu’on rencontre aujourd’hui, c’est ce moment où des personnes généralement repérées à un degré ou à un autre passent à l’acte. Et cela veut dire que c’est de l’entrave quasiment physique qu’il faut faire et une surveillance là aussi quasiment physique donc c’est quelque chose d’extrêmement lourd à mettre en place. » Le problème des effectifs est pour lui la limite à laquelle la France se heurte, 20 000 noms sont aujourd’hui présent sur les listes des fichés S, « Aujourd’hui, on va très rapidement ce heurté à des limites physiques » déplore l’eurodéputé.

Même si la collaboration européenne va continuer et se renforcer, sur la lutte antiterroriste Arnaud Danjean reconnaît que « le 100 % d'invulnérabilité n'existe pas et il n'existera jamais ».

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Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. 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