Politique
Devant 2 500 adhérents réunis en Congrès à Port-Marly dans les Yvelines, le patron de LR, Bruno Retailleau, a fixé le cap de sa famille politique à la veille de la probable chute du gouvernement Bayrou.
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Par Public Sénat
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En septembre dernier à la Sorbonne, le chef de l’État avait présenté « six clefs pour « refonder » l’Europe (voir notre article). 6 mois plus tard, le volontarisme d’Emmanuel Macron recueille moins d’écho qu’il ne l’avait prévu sur la scène européenne. En Italie et en Hongrie, les élections ont vu arriver au pouvoir des formations eurosceptiques. En Allemagne, après des mois de tractation, la nouvelle coalition SPD-CDU (sociaux-démocrates et conservateurs) prend à peine ses marques. À l’extérieur des frontières, la menace d’un conflit commercial entre l’UE et les États-Unis de Donald Trump gronde, pendant que le conflit syrien divise les États européens sur la position à adopter vis-à-vis de la Russie.
Axe central de son discours, le chef de l’État a plaidé pour la construction « d’une nouvelle souveraineté européenne par laquelle nous apporterons la réponse claire et ferme à nos concitoyens que nous pouvons les protéger, apporter une réponse à ces désordres du monde » a-t-il commencé.
« L’autorité de la démocratie » seul rempart selon lui aux « démocraties autoritaires » (….) « Il faut entendre la colère des peuples d'Europe. Ce n'est pas de démagogie dont ils ont besoin mais d'un projet nouveau » a affirmé le chef de l’État.
Les prochaines élections européennes en ligne de mire, le président français a demandé aux eurodéputés « des résultats tangibles » sur l’immigration en débloquant le débat empoisonné sur le règlement de Dublin et les relocalisations, mais aussi de « dépasser ce débat, en construisant la solidarité interne et externe dont l'Europe a besoin ». Avant de proposer « de créer un programme européen qui soutienne directement et financièrement les collectivités locales qui accueillent et intègrent les réfugiés ».
Deuxième proposition pour cette dernière année de législature, Emmanuel Macron a indiqué soutenir le projet de taxation des GAFA de la commission européenne porté notamment par Pierre Moscovici. « Créer une taxe à court terme pour mettre fin aux excès les plus choquants ». Une taxe « essentielle » qui permettra des « ressources propres pour le budget à venir » a-t-il mis en avant.
Autre ressource possible pour l’UE, le chef de l’État propose de « rouvrir le débat sur le marché du carbone » afin de « pousser l'idée d'un prix minimal du carbone » et « d'une taxe carbone aux frontières ».
La France « est prête à augmenter sa contribution » au budget européen dans le cadre du prochain budget pluriannuel de l'UE pour la période qui s'ouvrira en 2021, a-t-il également annoncé. « Mais pour cela c'est une refondation du budget lui-même qu'il faut envisager », a-t-il ajouté.
Plus globalement, Emmanuel Macron a aussi évoqué plusieurs souverainetés européennes à défendre : la défense, économique, commerciale, climatique, santé, numérique ou encore sociale.
« Je ne veux pas appartenir à une génération de somnambules. Je ne veux pas appartenir à une génération qui aura oublié son propre passé ou qui refusera de voir les tourments de son propre présent (…) Je veux appartenir à une génération qui défendra cette souveraineté européenne parce que nous nous sommes battus pour l’avoir, parce qu’elle a un sens » a-t-il conclu.
Trois heures d’échanges avec les eurodéputés ont ensuite suivi l’intervention d’Emmanuel Macron
Mais c’est d’abord le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker qui a pris la parole: « La vraie France est de retour. Je salue le retour de la France parmi nous ». Mais, a-t-il ajouté, « n'oublions pas que l'Europe n'est pas seulement franco-allemande ».
Manfred Weber, le patron des députés du Parti populaire européen (PPE, droite), la principale force politique au Parlement, a quant à lui plaidé pour « une démocratie parlementaire forte » .
Sur un ton plus virulent, l'eurodéputé belge Philippe Lamberts (Verts) a vivement critiqué « l'action en France » d'Emmanuel Macron, qui « met à mal la devise Liberté, Égalité, Fraternité, critiquant les ventes d'armes, le nucléaire, l'expulsion de Notre-Dame-des-Landes ou des camps de migrants. En guise de cadeau, l'eurodéputé a même offert au chef de l'État une corde, symbole des premiers de cordée.
Quant à l'eurodéputé français Florian Philippot, il a, sans surprise, accusé Emmanuel Macron, « le chouchou de la Commission », « de saper de manière fallacieuse la souveraineté nationale » avec son concept de souveraineté européenne. Ce à quoi Emmanuel Macron a répondu : « Je suis étonné d’entendre ce que vous avez dit sur l’assemblée dans laquelle vous êtes. Vous y avez été élu par le peuple français. Vous avez un drôle de respect pour le peuple français de traiter comme cela la fonction qu’il vous a confié. Si cette assemblée ne vous plaisait pas, il ne fallait pas y venir. C’est tout ».
Depuis le Sénat, le sénateur centriste du Haut-Rhin et ancien ministre, Jean-Marie Bockel s’est félicité du « sillon européen » tracé par Emmanuel Macron. « En tant que centriste, je me retrouve pleinement dans cette démarche. Enfin, un chef d’Etat qui n’est pas défensif sur l’Europe ».
En fin de journée, l'ambiance devrait être moins formelle au centre des congrès d'Épinal, où Emmanuel Macron débattra de l'avenir de l'UE avec 200 à 300 personnes se sont inscrites en ligne.
Le président avait expliqué en février que l'objectif de ces « consultations citoyennes », menées dans les 27 pays de l'UE (hors Royaume-Uni), était de « libérer la parole sur l'Europe, redonner confiance et éclairer le débat » dans la perspective des élections européennes.
Mathieu Sapin, le dessin de l'Intérieur