Européennes: à J-5, Macron veut mobiliser sur le risque de « dislocation » de l’UE
"Risque existentiel" de dislocation de l'Europe: Emmanuel Macron alerte sur l'avenir de l'Union mardi pour justifier sa présence...

Européennes: à J-5, Macron veut mobiliser sur le risque de « dislocation » de l’UE

"Risque existentiel" de dislocation de l'Europe: Emmanuel Macron alerte sur l'avenir de l'Union mardi pour justifier sa présence...
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Par Laurence BENHAMOU, Gaëlle GEOFFROY

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"Risque existentiel" de dislocation de l'Europe: Emmanuel Macron alerte sur l'avenir de l'Union mardi pour justifier sa présence en première ligne de la campagne des européennes, essuyant une nouvelle salve de critiques qui l'accusent d'abuser de sa position.

A cinq jours du scrutin de dimanche avec les sondages donnant la liste qu'il défend au coude-à-coude, voire derrière celle du RN, M. Macron affirme, dans un entretien à la presse régionale, que l'élection européenne "est la plus importante depuis 1979 parce que l'Union est face à un risque existentiel. Si, en tant que chef de l'État, je laisse se disloquer l'Europe qui a construit la paix, qui a apporté de la prospérité, j'aurai une responsabilité devant l'histoire", dit-il.

Une douzaine d'écrivains et intellectuels européens partageant cet avis ont déjeuné avec le chef de l'Etat. A leur sortie, Bernard-Henri Levy a lui aussi décrit une Europe "en grand péril", "gangrénée de l'intérieur par des petits caïds populistes instrumentalisés par Monsieur (Steve) Bannon", ex-stratège du président américain Donald Trump qui a enchaîné les interviews avec les médias français pour encenser Marine Le Pen.

M. Bannon est devenu depuis samedi la cible favorite de la majorité présidentielle, qui l'accuse de vouloir détruire l'Europe à travers un soutien affiché aux partis nationalistes.

Emmanuel Macron l'a également nommément visé, le qualifiant de "lobbyiste proche du pouvoir américain". Il affirme, dans son entretien publié par une quarantaine de journaux, voir "pour la première fois une connivence entre les nationalistes et des intérêts étrangers" pour démanteler l'Europe.

Le président s'en prend également aux "Russes et quelques autres" qui "n'ont jamais été à ce point intrusifs pour financer, aider les partis extrêmes".

Un message relayé par une question au Parlement du député LREM Pieyre-Alexandre Anglade, au point de provoquer la sortie des élus communistes qui ont dénoncé une "mise en scène" de la majorité "en situation de campagne électorale au sein de l'hémicycle".

Steve Bannon n'a "aucun rôle dans la campagne" du RN, a assuré de son côté Mme Le Pen.

Au plan économique, le ministre Bruno Le Maire a lui aussi tiré la sonnette d'alarme mardi, jugeant que l'euro "n'a jamais été aussi menacé" à cause du risque de crise lié aux guerres commerciales et de dirigeants européens qui souhaitent la fin de la monnaie unique.

- "Exercice plébiscitaire" -

Reste qu'arriver derrière le RN réduirait la marge de manoeuvre d'Emmanuel Macron déjà affaibli par la crise des "gilets jaunes". Si Emmanuel Macron se refuse à un "tel cas de figure", d'autres, comme Bruno Le Maire, plaide que ce serait tout de même "un exploit exceptionnel" de "parvenir à un résultat proche ou équivalent à celui du premier tour de l'élection présidentielle".

En attendant, l'opposition, à l'image du patron des députés LR Christian Jacob, fustige l'"omniprésence médiatique" d'un président "chef de clan" et un CSA "aux abonnés absents". Avec un président qui "vole le débat" et le réduit à un duel Macron/Le Pen, a regretté la tête de liste LR François-Xavier Bellamy, en déplacement à Grenoble.

A gauche, la tête de liste PS/Place Publique Raphaël Glucksmann et les patrons du PS, du PRG et de Nouvelle Donne avaient dénoncé dès lundi soir une "tribune unilatérale", sollicitant "un droit de réponse".

Marine Le Pen a vu dans cet entretien "un nouveau +Venez me chercher+", en référence à l'expression utilisée par le chef de l'Etat devant des députés LREM dans l'affaire Benalla. "On va le faire le 26 mai, dans les urnes", a-t-elle promis dans un tweet.

"On nous rejoue depuis 20 ans le 2e tour de la présidentielle de 2002" entre Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac, déplore aussi la tête de liste EELV Yannick Jadot, fustigeant la "faute politique" d'un président appelant à un vote "par résignation" plutôt que pour un projet.

Face à cette alternative "moi ou le chaos" proposée selon elle par M. Macron, Manon Aubry (LFI) juge qu'"en réalité on a lui et le chaos" avec les "politiques libérales" européennes qu'il soutient. Ian Brossat (PCF) ironise lui sur l'implication du chef de l'Etat qu'il attribue au fait que la tête de liste LREM, Nathalie Loiseau, ne serait "pas totalement au top de sa forme".

Dans cette dernière ligne droite de la campagne, après un débat tendu et souvent confus des principales têtes de liste lundi soir, un autre mettra aux prises chefs de partis et têtes de listes mercredi sur France 2. Elles se retrouveront pour une ultime confrontation jeudi sur BFMTV.

leb-sl-ggy-ll-ib/cs/sp

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