Européennes: Civic Tech, un outil numérique pour réconcilier avec la politique
Participer à l'élaboration des programmes, impliquer les adhérents, faire remonter les revendications et débattre... À trois mois...

Européennes: Civic Tech, un outil numérique pour réconcilier avec la politique

Participer à l'élaboration des programmes, impliquer les adhérents, faire remonter les revendications et débattre... À trois mois...
Public Sénat

Par Robin TUTENGES

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Participer à l'élaboration des programmes, impliquer les adhérents, faire remonter les revendications et débattre... À trois mois des élections européennes, plusieurs partis lancent leurs "Civic Tech", ces outils numériques qui tentent de les rapprocher des citoyens.

Les "Civic Tech", un concept importé des Etats-Unis, regroupent "l'ensemble des outils numériques qui peuvent contribuer à la participation du citoyen dans la vie politique", explique la chercheuse Tatiana de Feraudy, doctorante à Paris 1 : outils de pétition en ligne, applications de signalement, ou encore plateformes participatives comme celle du grand débat national, qui frise désormais les 900.000 contributions.

Trois plateformes de partis sont nées depuis début 2019 : "L'atelier des idées" de La République en marche, l'"Agoradem" du MoDem et la "Place aux idées" de Place Publique, sans compter "Le vrai débat" lancé en janvier par un groupe de "gilets jaunes" pour contrer le grand débat national. Le PS avait posté dès l'été dernier sa "Ruche socialiste" ouverte à tous.

Sur ces différentes plateformes tout le monde peut soumettre une idée, enrichir celles des autres ou donner son avis sur une proposition finie. Les contributions sont ensuite synthétisées puis viennent enrichir les propositions du mouvement.

Actuellement le Rassemblement national et Les Républicains ne proposent pas ce type de plateforme ouverte au public sur leur site internet. Aucune trace non plus chez La France insoumise qui utilise cependant régulièrement son site internet pour élaborer avec "les signataires" du mouvement leur programme, notamment lors de la dernière élection présidentielle.

- "Prendre le pouls" -

Pour Sarah El Hairy, porte-parole du MoDem, les Civic Tech répondent avant tout au problème de proximité auquel sont confrontés les partis politiques : "Agoradem fait participer des gens qui ne viennent pas aux réunions de section, et fait débattre ensemble des personnes qui ne sont pas sur la même partie du territoire".

Au total, ajoute-t-elle, "le débat est finalement plus complet et le parti se nourrit de ces idées pour ne jamais arrêter de réfléchir".

Pour Aurore Bergé, porte-parole de LREM, les plateformes permettent de "prendre le pouls des adhérents" et d'être "en avance sur un certain nombre de sujets et d'idées". Selon elle, les Civic Tech sont aujourd'hui incontournables, "dans une logique de délibération permanente et d'horizontalité qui correspond à notre époque".

Corinne Narassiguin, numéro deux du PS, estime que "les citoyens ont besoin de s'engager différemment" et que "La Ruche socialiste" agit comme un "outil numérique de participation démocratique qui permet de faire mieux vivre le débat".

- Les Civic Tech sous les projecteurs -

"Avec le grand débat, on arrive en pleine lumière", se félicite Cyril Lage, cofondateur de la start-up Cap collectif, leader des Civic Tech en France et qui a développé, entre autres, la plateforme du grand débat en ligne. Les ventes de Cap Collectif augmentent de 80% par an depuis 2014.

Alors que de nouvelles Civic Tech émergent chaque mois, à l'instar de Cogito, un "réseau social politique" lancé le 13 février, d'autres prennent plus d'importance, comme Acropolis. Ce site décrypte l'actualité politique et organisé le "grand débathon" le 19 février, où dix ministres se sont succédé pour débattre en direct sur la plateforme Twitch.

Les Civic Tech séduisent aussi les collectivités locales. Certaines en sont déjà dotées, comme la Mairie de Paris, la région Ile-de-France et la région Bourgogne Franche-Comté, mais aussi les villes de Lille, Biarritz ou encore Nantes métropole.

"À l'avenir, il devrait y avoir plus de Civic Tech, c'est inéluctable. On va dans le sens de l'histoire", estime le cofondateur du Cap Collectif. En attendant, il devrait proposer bientôt une plateforme "candidat et citoyen" spécifiquement dédiée aux candidats aux municipales de 2020 souhaitant un site participatif.

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Européennes: Civic Tech, un outil numérique pour réconcilier avec la politique
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le