Européennes: les cinq fronts du plan de bataille de la majorité

Européennes: les cinq fronts du plan de bataille de la majorité

En quête de dynamique à deux semaines des élections européennes, la majorité va creuser cinq sillons pour espérer terminer en...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

En quête de dynamique à deux semaines des élections européennes, la majorité va creuser cinq sillons pour espérer terminer en tête le 26 mai, en s'attachant notamment à consolider son électorat de centre-droit et écologiste.

+ MOBILISER L’ELECTORAT MACRON 2017

Le premier axe de bataille de la liste La République en marche - MoDem a été identifié depuis longtemps: dans un contexte de faible participation, la clé du succès sera la mobilisation des 8,6 millions d'électeurs d'Emmanuel Macron du premier tour de la présidentielle de 2017. A titre de comparaison, aux élections européennes de 2014 marquées par une participation de 42,4%, le Front national avait terminé en tête avec 4,7 millions de voix (24,86%). L'étiage devrait être similaire pour l'emporter le 26 mai.

Cependant, si l'électorat LREM est "déjà le plus mobilisé", la tendance "s'est un peu érodée ces derniers jours", souligne auprès de l'AFP le directeur général délégué d'Ipsos Brice Teinturier. "Ça traduit un malaise."

+ GARDER LE MATCH CONTRE LE RN

La majorité a désigné le Rassemblement national comme son adversaire. Jeudi, depuis Sibiu en Roumanie, Emmanuel Macron a ainsi déclaré qu'il mettrait "toute (son) énergie" pour faire en sorte que le RN "ne soit pas en tête" le 26 mai. "La liste du Rassemblement national, c'est une liste de déconstruction de l'Europe", a-t-il insisté.

Or, la majorité se défend depuis une dizaine de jours contre une offensive des Républicains qui l'a amenée à "un peu tomber dans le piège" de la dispersion, selon un cadre de la campagne. "Dans une campagne électorale, il faut avoir un adversaire principal et ne pas se tromper dessus", souligne Brice Teinturier.

Ce dernier note toutefois deux écueils à cette stratégie de mano a mano. D'abord, en dramatisant l'opposition face au RN, un éventuel échec "sera d'autant plus impossible à relativiser". Ensuite, cette tactique est "beaucoup plus difficile" à imposer "que sur des régionales ou une présidentielle" car il y a "moins d'enjeu de pouvoir": "le RN est déjà arrivé en tête en 2014 et les électeurs peuvent se dire qu'il n'y a pas eu un effondrement ni de l'Europe ni de la France".

+ DES VOIX A PRENDRE EELV

Désireux de consolider son électorat de centre-gauche, la majorité considère qu'"il y a encore des points à aller chercher" du côté du vote écologiste. La tête de liste Yannick "Jadot est très bas par rapport à l'étiage qu'il devrait avoir sur ce type d'élection, vu le contexte politique, alors qu'il y a des vrais enjeux climat, des manifestations de jeunes", argumente un cadre de la campagne.

EELV a "perdu le pragmatisme d'Europe Écologie et a gardé le dogmatisme des Verts", insiste M. Anglade en énumérant les prises de la majorité, dont le N.2 de la liste Pascal Canfin, le N.18 Pascal Durand sans compter Daniel Cohn-Bendit, artisan du succès d'EELV aux élections de 2009.

L'écologie a donc été érigée en priorité de la campagne et Emmanuel Macron a martelé le message par une intervention impromptue sur la biodiversité lundi soir.

+ RECONQUÉRIR LES RETRAITÉS

Les stratèges de la campagne ont identifié une bataille sur le vote des retraités, tendance centre-droit qui, déçus de la politique gouvernementale (hausse de la CSG, désindexation des pensions...) pourraient choisir LR.

"Il y a la nécessité de marteler les annonces du président sur la réindexation des retraites, la retraite à 1.000 euros", souffle un cadre de la campagne quand M. Anglade note que "cette catégorie de la population a conscience de ce qu'a coûté la construction européenne car beaucoup ce se sont battus pour cela". Le timing pourrait être favorable à la majorité: la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav) doit rembourser jeudi à 3,7 millions de retraités la CSG trop-perçue de janvier à avril, soit près de 200 millions d'euros.

+ PARLER D'ÉCONOMIE

Après l'écologie et la protection des frontières de l'Europe, la majorité devrait axer son discours sur l'économie, un marqueur de la crédibilité d'Emmanuel Macron en 2017. "C'est central dans notre projet et nous allons le porter avec plus de force", assure M. Anglade.

Selon M. Teinturier, ce point sera clé pour "reconquérir l'électorat de centre-droit" qui n'est "pas obnubilé" par les questions "d'identité, de souveraineté, d'art de vivre à la française", pourtant un temps développées par M. Macron pour séduire à droite.

Pour "ce segment de centre-droit", "il faut un peu d'enjeu sur les questions de déficit, de coopération industrielle... Si on ne rappelle pas que la bataille pour l'emploi n'est pas gagnée, que l'Europe garantit la prospérité, M. Macron aura du mal à consolider cet électorat".

Dans la même thématique

Européennes: les cinq fronts du plan de bataille de la majorité
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Européennes: les cinq fronts du plan de bataille de la majorité
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le