Européennes: loin de la « tambouille » à gauche, Jadot trace sa route

Européennes: loin de la « tambouille » à gauche, Jadot trace sa route

Il n'entend pas être le "gilet de sauvetage" des autres formations de gauche: pressé de sortir de son isolement, Yannick Jadot a...
Public Sénat

Par Stéphanie LEROUGE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Il n'entend pas être le "gilet de sauvetage" des autres formations de gauche: pressé de sortir de son isolement, Yannick Jadot a de nouveau défendu mercredi l'autonomie d'EELV pour les européennes, et déroulé à Grande-Synthe (Nord) les premiers éléments d'un programme.

Face à l'émiettement de la gauche, qui semble promise à la Bérézina le 26 mai, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a mis en garde ses pairs vendredi. "Ensemble, nous pouvons être des challengers de la République en marche. Divisés, nous ne serons plus rien", a-t-il prévenu.

Mais le chef de file d'EELV pour les européennes reste sourd à cet avertissement. "Il y a pour nous un enjeu de clarté, de sincérité et de cohérence", explique-t-il dans le TGV qui l'emmène à Grande-Synthe, pour des voeux à la presse "sur le terrain".

"Quarante ans de tambouille politique et de confusion entre ce qui est dit à Paris et ce qui est fait à Bruxelles, ça suffit ! L'écologie ne va pas être le gilet de sauvetage de gens qui se sont perdus entre Paris et Bruxelles", argue-t-il, en rappelant les votes divergents du PS et d'EELV, encore récemment, sur le nucléaire, les accords de libre-échange ou la pêche.

"Le seul mouvement qui a tenu sur la fiscalité écolo, c'est nous !" se vante-t-il également. Au plus fort de la crise des "gilets jaunes", seuls EELV et Génération écologie ont en effet appelé à maintenir le cap initialement fixé par le gouvernement.

M. Jadot, qui avait refusé sèchement fin décembre la proposition de l'ancienne ministre de l'Ecologie Ségolène Royal de prendre la place de numéro 2 derrière lui, ne l'a à nouveau pas épargnée, dans son discours de voeux.

"Les écologistes, c'est et l'environnement, et le social. Tous les autres finissent par lâcher, ils lâchent face aux lobbies (...) Quand elle est venue à Bruxelles en tant que ministre, elle a négocié le doublement des normes de pollution diesel. Ce n'est pas possible, on ne peut plus être dans ces incohérences-là ", a-t-il taclé.

- "Victime expiatoire" -

Défendant une "Europe des terroirs", M. Jadot a tracé à grands traits le programme d'EELV pour les européennes: mise en place d'un traité environnemental surplombant les règles économiques et fiscales, lancement d'un plan d'investissement de 100 milliards d'euros en faveur de la transition écologique, lutte contre l'évasion fiscale, sortie des pesticides à l'horizon de 15 ans...

Depuis plusieurs mois, les sondages ne sont guère favorables à la gauche et aux écologistes, crédités par exemple de 6,5% des voix dans une enquête Ifop Fiducial pour Valeurs actuelles et Sud Radio diffusé la semaine dernière (derrière la France insoumise, 9,5%, et devant le PS, 4%).

Mais M. Jadot en est convaincu : "à la fin EELV va faire un carton !". "L'électorat écolo se cristallise tardivement", avance-t-il, en se félicitant aussi que l'écologie ne soit pas "la victime expiatoire des +gilets jaunes+". Un sondage Elabe, publié mercredi, montre d'ailleurs un frémissement en faveur d'EELV (9% sans liste "gilets jaunes", 8,5 avec).

Le secrétaire national d'EELV, David Cormand, est sur la même longueur d'onde que M. Jadot, récusant que l'union fasse nécessairement la force, dans un scrutin à la proportionnelle. "Un plus un qui fait plus que deux, je ne connais pas un exemple dans l'histoire", soutient-il.

Pour EELV, il ne s'agit pas simplement d'une considération "tactique". A l'heure où la social-démocratie ne "répond plus aux enjeux du temps", le "pari" de M. Cormand est "que l'écologie politique soit une force suffisamment puissante pour décrocher des gens qui n'arrivent plus à croire en un horizon". "Si les écologistes sont la force qui émerge à l'issue des européennes, en Allemagne et en France, cela changera la donne", veut-il croire.

Dans la même thématique

Rally For Palestinian Prisoners SWITZERLAND.
4min

Politique

Hungry for Palestine : le collectif en grève de la faim depuis 23 jours reçu au Sénat

Vingt-trois jours de jeûne, seize villes françaises traversées : le collectif Hungry for Palestine était au Sénat le 22 avril 2025. Tous les membres du mouvement, présents au palais du Luxembourg, sont en grève de la faim depuis le 31 mars pour dénoncer l'inaction des pouvoirs publics et le non-respect du droit international dans la bande de Gaza. Le mouvement est né de l'impulsion de soignants, tous de retour de mission à Gaza.

Le

Tondelier 2
8min

Politique

Malgré des critiques, Marine Tondelier en passe d’être réélue à la tête des Ecologistes

Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.

Le

SIPA_01208671_000002
5min

Politique

Prisons attaquées : vers une nouvelle loi pour permettre l’accès aux messageries cryptées par les services de renseignement

Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.

Le

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le