Européennes: Loiseau et Bardella, adversaires les yeux dans les yeux mercredi

Européennes: Loiseau et Bardella, adversaires les yeux dans les yeux mercredi

Vision de l'Europe, âge, parcours, profil sociologique: tout oppose les têtes de liste Nathalie Loiseau (majorité) et Jordan...
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Par Jérémy MAROT, Anne RENAUT

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Vision de l'Europe, âge, parcours, profil sociologique: tout oppose les têtes de liste Nathalie Loiseau (majorité) et Jordan Bardella (Rassemblement national) qui débattront mercredi sur BFMTV dans un face-à-face très attendu entre favoris, à dix jours des élections européennes.

+ QUI SONT-ILS ?

Jordan Bardella: Agé de 23 ans, il est conseiller régional d'Ile-de-France depuis 2015. D'origine modeste - il a grandi dans une cité HLM de Seine-saint-Denis - il est titulaire d'une licence de géographie.

Nathalie Loiseau: Diplomate âgée de 54 ans, elle est née à Neuilly-sur-Seine, a étudié à Sciences-Po et aux Langues O. En poste en Indonésie, au Sénégal, au Maroc et à Washington, elle a également dirigé l'ENA de 2012 à 2017.

+ QUELS SONT LEURS POINTS FORTS ?

Jordan Bardella: Militant fidèle depuis sept ans au Rassemblement national, il ne dévie pas de la ligne et n'embarrasse jamais Marine Le Pen. De plus, "il a énormément d'assurance, il est loin d'être ridicule", souligne auprès de l'AFP le politologue Jean-Yves Camus. "Il a des capacités pour quelqu'un de son âge qui sont assez remarquables, tout en se tenant à une ligne très identitaire".

Nathalie Loiseau: Ministre des Affaires européennes durant deux ans, après plus de vingt ans passés au Quai d'Orsay, elle a une connaissance des dossiers et de l'écosystème européens qui lui confère sa crédibilité. Edouard Philippe, qui partage avec Mme Loiseau sa filiation juppéiste, a récemment loué son "honnêteté", sa "solidité", sa "patience". "Elle a beau être juppéiste, sur le fond elle est beaucoup plus disruptive que beaucoup", s'enthousiasme un cadre du groupe parlementaire LREM. "Elle a plus de personnalité et d'esprit que l'image qu'on avait", complète un ministre.

+ QUELS SONT LEURS POINTS FAIBLES ?

Jordan Bardella: Peu expérimenté, il pourrait être pris en défaut sur le "débat de fond", selon M. Camus. "Sa stratégie c'est de se tenir aux principes généraux et de ne pas entrer dans la technique", ajoute-t-il. A cet égard, le candidat avait dû se préparer au débat du 4 avril sur France 2 avec l'eurodéputé Nicolas Bay, après s'être emmêlé les pinceaux sur RTL sur les votes de son parti à Strasbourg.

Nathalie Loiseau: Peu rompue aux joutes oratoires du combat politique, Mme Loiseau est régulièrement mise en difficulté sur la forme, à l'image de sa déclaration de candidature lunaire, en direct à la télévision face à Marine Le Pen. Mme Loiseau a aussi commis plusieurs impairs, entre les révélations concernant sa présence sur une liste d'extrême droite lors d'élections étudiantes, et des maladresses verbales.

+ CE QUE LES UNS DISENT DE L'AUTRE:

Jordan Bardella: Le candidat RN a plusieurs fois étrillé Mme Loiseau, se gaussant comme Marine Le Pen que "tout le gouvernement (soit) entré en campagne pour essayer de sauver le soldat Loiseau", qui a semblé "très mal démarrer sa campagne". "Après le mandat de ministre de Nathalie Loiseau, jamais la France n'a été aussi absente et muette en Europe", a-t-il aussi estimé.

Nathalie Loiseau: La cheffe de file de la majorité porte davantage ses coups sur Marine Le Pen que sur M. Bardella. Mais dans le camp LREM - MoDem, on ne sous-estime pas M. Bardella, "une tête de liste très forte" selon un ministre. "Dans son style, avec ses arguments… Il est assez redoutable. Il faut se méfier car le RN a plein de jeunes qui sont très bons. C'est inquiétant pour l'avenir", poursuit la même source.

+ DES POINTS COMMUNS ?

Sur le papier, "ils n'ont rien en commun", note le sociologue Sylvain Crépon: "ils ne sont pas de la même génération, n'ont pas la même formation, la même origine sociale, le même profil psychologique, ni la même vision de l'Europe".

Les deux sont toutefois des têtes de liste très peu connues, servant en quelque sorte de prête-nom à Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Ce débat leur permet "d'acter une nouvelle bipartition du paysage politique et de rejouer la présidentielle", confirme Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.

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Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. 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