Européennes: Philippe bat la campagne avec la droite “Macron-compatible”

Européennes: Philippe bat la campagne avec la droite “Macron-compatible”

Angers, Toulon, et Vesoul lundi avant Valenciennes mardi et Orléans jeudi: la campagne de soutien d'Edouard Philippe à la liste...
Public Sénat

Par Marc PRÉEL

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Angers, Toulon, et Vesoul lundi avant Valenciennes mardi et Orléans jeudi: la campagne de soutien d'Edouard Philippe à la liste de la majorité aux européennes, coïncide délibérément avec des mairies de centre droit "Macron-compatibles", précieuses en vue des municipales de mars 2020.

Si le Rassemblement national est le rival désigné de la liste de Nathalie Loiseau pour le scrutin du 26 mai, le Premier ministre mène une bataille remarquée pour disputer l'électorat de droite à son ex-parti des Républicains et sa "droite du Trocadéro".

Lundi soir, le chef du gouvernement a tenu meeting commun à Vesoul avec le maire Alain Chrétien. Ex-LR et membre d'Agir, l'élu de Haute-Saône avait signé mi-mars une tribune de soutien à Emmanuel Macron pour les européennes avec huit autres maires de centre-droit. Dont Christophe Béchu (Angers), Olivier Carré (Orléans) ou encore Laurent Degallaix (Valenciennes), autres hôtes ces jours-ci des meetings du Premier ministre.

Une carte des déplacements "délibérée", selon Matignon, pour un Premier ministre qui assume de "parler à la droite" et notamment à "une autre droite" que celle du patron des Républicains Laurent Wauquiez et sa tête de liste, le philosophe conservateur François-Xavier Bellamy.

Un électorat qu'il peut encore se targuer de ramener vers la majorité: selon un sondage Ifop publié dimanche par le JDD, l'ancien maire du Havre affiche 38% (+5 points) de satisfaits au sein des sympathisants de son ex-parti Les Républicains, contre 27% pour Emmanuel Macron.

Chargé depuis le début du quinquennat de "faire travailler la poutre" dans son ancien camp, Edouard Philippe a toutefois connu quelques déceptions ces derniers temps. Avec la crise des "gilets jaunes" et la popularité nettement entamée de l'exécutif, la mèche de la perceuse a singulièrement cessé de creuser.

Après avoir flirté un temps avec la Macronie, trois barons des Républicains, le maire de Nice Christian Estrosi, celui de Toulouse Jean-Luc Moudenc, et l'édile de Reims Arnaud Robinet, ont annoncé début mai leur soutien à François-Xavier Bellamy. Quant au dauphin d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, le LR Nicolas Florian, il n'a pas pris position en faveur de Nathalie Loiseau, malgré le ralliement des juppéistes d'Agir à la liste Renaissance.

- Recomposition achevée ? -

"A droite, cette élection européenne va entraîner la fin de la recomposition", juge un cadre de la campagne LREM, persuadé "que le partage des eaux entre les droites aura du mal à bouger" en dépit de l'ambition affichée à Matignon de "refaire travailler la poutre".

S'il n'affiche pas d'étape dans un bastion nouvellement conquis, le tour de France d'Edouard Philippe pour les européennes permet toutefois de souligner que ce partage des droites existe effectivement.

Et indirectement, de dessiner les pertes possibles si d'aventure l'actuel locataire de Matignon devait faire les frais d'un remaniement post-européennes.

"Avec Edouard comme Premier ministre, vous pouvez prendre une carte de France des maires de centre-droit et vous êtes sûrs qu'ils seront de votre côté, à quelques exceptions près comme (Arnaud) Robinet. Ce serait idiot de changer avant les municipales", plaide un ténor macroniste.

Lundi soir à Vesoul, Edouard Philippe et Alain Chrétien ont affiché leur amitié, le Premier ministre remerciant le maire, qui avec d'autres édiles de centre-droit déjeune régulièrement à Matignon, pour ses "conseils".

"J'aime beaucoup les conseils qu'il me donne - voilà ce que j'entends, voilà ce que je vois (...) - quand on est dans une espèce de lessiveuse de l'action quotidienne"

Mais la stratégie d'alliance avec les "potes de droite" d'Edouard Philippe en vue des municipales a aussi fait grincer des dents ces derniers mois chez ceux qui veulent un maximum de candidats marcheurs et peu de soutiens aux sortants, vus comme des négociations d'appareil de "l'ancien monde".

Ainsi à Toulon, les responsables locaux de LREM poussent pour la candidature de la députée Cécile Muschotti face au maire sortant Hubert Falco, ex-juppéiste comme le Premier ministre.

De l'autre côté du spectre, les alliances avec des maires sortants de gauche peinent elles à se dessiner. Par volonté de LREM d'affronter les socialistes sortants, comme à Paris, mais aussi parce que les stratégies de rapprochement ont fait long feu.

"La poutre a moins travaillé de ce côté là. Mais ce n'était pas à Edouard Philippe qu'on avait demandé ça, mais à des ministres venus de la gauche, comme Le Drian, Castaner, ou Dussopt", défend un ami du Premier ministre.

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