Européennes: pour LR, première moisson après le déluge

Européennes: pour LR, première moisson après le déluge

Traumatisés par la défaite de François Fillon en 2017, amputés d'une partie de leurs membres recrutés par Emmanuel Macron, Les...
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Par Baptiste PACE

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Traumatisés par la défaite de François Fillon en 2017, amputés d'une partie de leurs membres recrutés par Emmanuel Macron, Les Républicains (LR) espèrent poser la première pierre de la "nouvelle droite" chère à Laurent Wauquiez lors du scrutin européen du 26 mai.

Non, "la droite et le centre ne sont pas morts". Le pronostic est signé de Valérie Pécresse, la présidente de l'Ile-de-France, présente mercredi à Paris pour un meeting de la tête de liste LR François-Xavier Bellamy.

L'entourage du patron de LR Laurent Wauquiez s'est félicité de cette démonstration "d'unité et de rassemblement", de Mme Pécresse à Gérard Larcher en passant par Hervé Morin, le président des Centristes, allié pour ces européennes.

Dans cette campagne, les salles sont pleines. Visage juvénile et discours posé, M. Bellamy, jeune professeur de philosophie, suscite un certain enthousiasme militant, loin du scepticisme ayant entouré sa désignation par M. Wauquiez.

Mais à une semaine du scrutin, LR plafonne à 13-15% dans les sondages, loin du Rassemblement national et de La République en marche, et la photo de famille s'est rétrécie depuis l'accident industriel de la présidentielle.

La plupart des soutiens d'Alain Juppé ont quitté le parti, à commencer par Édouard Philippe, nommé à Matignon. Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu ont également intégré le gouvernement et adhéré à LREM. Ministre de la Culture, Franck Riester a fondé le parti Agir dont des membres figurent sur la liste LREM/MoDem.

Nouveau membre du Conseil constitutionnel et astreint à un devoir de réserve, Alain Juppé n'avait pas ménagé ses critiques envers le parti qu'il a co-fondé, mais dont il ne payait plus la cotisation depuis sa défaite à la primaire en 2016.

"Le noyau dur des militants LR s'est radicalisé", jugeait dès mars 2017 l'ex-maire de Bordeaux, qui après la victoire de M. Macron avait évoqué l'hypothèse d'un "grand mouvement central" autour du chef de l'Etat pour ces européennes.

Un autre ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a assuré le spectacle lors d'un récent meeting de la majorité, expliquant malgré son ralliement habiter "toujours la même adresse: rue Juppé".

-"L'attractivité de Macron s'est érodée"-

Autre défection de poids: Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, qui a quitté LR dès le lendemain de la confortable élection à sa présidence de Laurent Wauquiez fin 2017.

Depuis, ce dernier s'emploie à bâtir une "nouvelle droite", mais aussi une machine à son service pour la présidentielle de 2022. Peu aidé par les accusations récurrentes sur son "insincérité" renforcées par l'épisode de ses déclarations tonitruantes, enregistrées à son insu, devant des étudiants lyonnais en 2018.

Mais Laurent Wauquiez "est un fin stratège", juge le secrétaire général délégué de LR Geoffroy Didier. "Il a été le premier à sentir les faiblesses d'Emmanuel Macron: hausse de la CSG pour les retraités, France des territoires, fiscalité sur les carburants", au coeur de la crise des "gilets jaunes".

Pour les LR, l'équation semblait insoluble pendant la première année du quinquennat: de la réforme de l'ISF à celle du droit du travail en passant par celle de la SNCF, une grande partie de son électorat approuvait la politique de M. Macron, ce "président de droite que l'on n'attendait pas" dixit Jean-François Copé.

Depuis, avec l'affaire Benalla et les "gilets jaunes", "l'attractivité de Macron sur la droite s'est érodée", se félicite un dirigeant LR.

En interne, M. Wauquiez a maqué des points avec la désignation de M. Bellamy. La perspective d'un score proche ou inférieur à 10%, entrevue dans quelques sondages hivernaux, semble s'éloigner. Et le soutien apporté par des maires "Macron-compatibles" comme Christian Estrosi et Arnaud Robinet est de bon augure pour les municipales de 2020.

Reste à trancher la question de la désignation du candidat LR à la prochaine présidentielle. Une primaire ouverte aux non-adhérents figure dans les statuts du parti.

Fondatrice de son propre mouvement, Libres!, Valérie Pécresse en a défendu le principe. Mais échaudés par l'expérience Fillon, les militants, consultés à l'été 2017, n'en veulent plus. "Laurent Wauquiez s'emploiera à la supprimer", anticipe un dirigeant.

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